
481 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e ,
ci ifie, ou tu mourras par le glaive. Pullion dit : faites ce
qui vous eft ordonné ; peur moi je dois fuivre de toute
ma force les traces des évêques, des prêtres 8c de tous
les peresqui m’ont inftruit. Probus le condamna au feu.
Auifi-tôt les exécuteurs l’emmenerent à un mille de la
ville, où il accomplit fon martyre en loüanc Dieu , le
vingt-feptiéme d’Avril.
s. Philippe d'He- Philippe vieillard venerable , étoit évêque d’Hera-
lictce, &c. clee, métropole de Thrace. Il avoit été diacre, puis prê-
&ctajtnc.]>. 44 j. tre. & enfin fon mérité l’éleva à 1 epifeopat. 1 1 avoir deux
difciples e-ntr’autres, Severe prêtre & Hermes diacre |
qu il confirmoit dans la fainte doétrine , par de fre-
quens entretiens. La perfecution étant ouverte , plusieurs
lui confeilloientdefortir de la ville ; mais au contraire,
il ne bougeoir de l’églife , exhortant les freres à
la patience. Vers le faint jour de l’Epiphanie , comme
il leur parloir , Ariftomaque ilationnaire de la ville „
vint mettre le fcellé à l’éghfe, par ordre du gouverneur.
S. Philippe dit : Homme infenfé, crois-tu que Dieu habite
dans les murailles, plutôt que dans les coeurs des
hommes 2Le lendemain le ftationnaire fortit,après avoir
trouvé 8c fcellé tous les vafes facrez de 1 eglife. Les freres
qui fe trouvèrent prefens, étoient abattus de trif-
teife; mais faint Philippe appuie fur la porte de l’églife,
qui! ne quittoit p o in t , les encourageoit & leur don-
noit à chacun les inftruôtions convenables. Enfuite ,,
- comme ils setoient affemblez, le gouverneur Baflus
trouva Philippe avec les autres à la porte de l’églife. i l
les fit amener devant fon tribunal, & dit: Qui de vous
eft le doéteur des chrétiens ? Philippe dit : Je fuis celui
que vous cherchez. Bailus dit : Vous avez tous oiii
la loi de 1 empereur, qui défend aux Chrétiens de s’al-
fembler, & ordonne qu’ils facrifient, ou qu'ils periiTent.
L i v r e h u i t i e ’m e . 483
Apportez doncenmaprefeUce tout ce que vous avez de
vafes d’or ou d’argent, ou de quelque métail que ce
foit, & de quelque valeur, 8c les écritures dont vous
vous fervez pour lire 8c pour enfeigner ; de peur que
vous ne le faffiez après les tourmens. Philippe dit : Si
vous vous plaifez à nous tourmenter,nous fomtnes prêts
à fouffrir. Quant aux vafes que vous demandez, nous
allons vous les donner ; nous méprifons tout cela, ce
n’eft pas par les métaux prétieux que nous honorons
Dieu, mais par la crainte; & l’ornement du coeur lui
plaît davantage, que l’ornement de l’églife. Pour les
écritures , il ne convient ni à vous de les recevoir, ni a
moi de les donner. Alors le gouverneur fit amener les
bourreaux , 8c il en vint un nommé Mucapor très-inhumain.
Le gouverneur fit entrer le prêtre Severe, dont
il ne put rien tirer. Il fit long-temps tourmenter Philippe;
& le diacre Hermes qui étoit proche, dit : Quand
vous auriez pris toutes nos écritures, enforte qu’il ne
parût plusfurla terre de trace de la vraïe doéfrine ; nos
enfans feront de plus grands volumes par le foin qu’ils
auront de la mémoire de leurs peres 8c du falut de leurs
ames, & enfeigneront avec plus d’ardeur à craindre
Jefus-Chrift.
Après cela il entra dans le lieu où on avoit caché
toute l’argenterie 8c les écritures. Publius affeifeur du
gouverneur, homme intereffé, le fuivit , & voulut détourner
quelques vafés; comme Hermes s’efforçoit de
l’en empêcher , Publius le frappa fur le vifage jufques
au fang. Le gouverneur Baifus en fut irrité contre Publius,
8c commanda que l’on prît foin d’Hermes ; mais
il fit donner à fes officiers tous les vafes 8c les écritures
que l’on avoit trouvées ; 8c fit mener à la place Philippe
& les autres entourez de gardes, pour réjoiiir les infi