
XLI.
Tyranie de Maximin
L y fiant, 57.
¿08 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e ;
parloit , & confciToit hautement que les chrétiens
étoient les feuls qui connuflent la véritable pieté.
L ’empereur Maximin n’en étoit ni moins avare, ni
moins débauché, pour tous ces malheurs. Lesimpofi-
tions extraordinaires qu’il faifoit,enlevoient tout ce que
Diodes & Maximien avoient laide. On fermoir les greniers
des particuliers, on fcelloit leurs magazins,on exi-
geoit par avance les tributs des années fuivantes. On
enlevoit des troupeaux de bétail, pour les facrificesordinaires
& pour la fubfiftance des troupes qui prodi-
guoient les vivres. Tout cela ne contribua pas peu à la
cherté & à la famine. Sa paiïïon pour les femmes étoie
encore plus infupportable : il y avoit des eunuques Si
d’autres miniftres in fâmes, qui cherchoient par tout.
Si-tôt que l’on trouvoit un beau vifage, c'étoit aux maris
Si aux peres à fe retirer. On dépoüilloit les femmes
& les filles de qualité pour les vifiter , & fi quelqu'une
en faifoit difficulté, on la faifoit mourir comme criminelle
deleze majefté. I lÿ e u t des maris qui fe tuerent
eux-mêmes, ne pouvant fe confoler qu’il eût abufé de
leurs femmes, qu’ils aimoiençpour leur fidélité : fou--
vent il les leur renvoïoit après en avoir abufé ;S ic ’étoit
les premiers du fenat qu’il traitort ainfi.
Sophronie femme du prefet de Rome , étant âbapT
donnée par fon mari à l’empereur Maximin, demanda
un peu de temps pour fe parer; mais quand elle fut feule
dans fa chambre, elle fe perça d’une épée, Si ne laiffa
que fon corps mort à ceux qui l'attendaient pour l'emmener.
Maximin avoit établi que perfonne ne fe mariât
fans fa permiffion ; & il faifoit époufer.à fes efclar
ves des filles nées libres dont il avoit abufé. Ses officiers
fuivoient fon exemple : ils enlevoient à leur gré les fil-
lç$ de médiocre condition ; Si ils demandaient à l'empereur
L i v r f , n e u v i e ’m e . 609
pereur les plus confiderables que perfonne 11’ofoit leur
refufer, quand ils avoient une requête répondue de lui.
Ses gardes &Ta plupart de fa fuite étoient des barbares,
principalement des Gots , qui chaffez par les leurs s’é-
toient donnez à Galerius.
Maximin n’épargna pas même l’imperatrice qu’il ve-
noit d’appeller fa mere , Valérie fille de Diodes, veuve
de Gale rius. Elle avoit paffé dans fes terres croiant y
erre plus en sûreté, vû principalement qu’il étoit marie
: mais elle n’avoit pas encore achevé fon deuil, qu’il
lui envoïa faire des propofitions de mariage : étant
prêt à répudier fa femme , fi Valérie confentoit à l’é-
poufer. Valérie répondit quelle ne pouvoir penfer à
des noces dans l’état de deiiii où elle étoit ; que s’il ré-
pudioit une femme dont il étoit content, il pourroit
lui en faire autant à elle-même ; enfin qu’il étoit fans
exemple , qu’une femme de fon rang fe fût remariée.
Aiant reçu cette réponfe; il entre en furie, la proferir,
lui ôte fon bien , fes officiers, fait mourir fes eunuques
dans les tourmens , l’envoie en exil avec fa mere , les
faifant Couvent changer de place comme pour s’en joiier.
Il condamne fes amies fous de faux prétextes d’adultere.
L ’imperatrice Valérie étant ainfi releguée dans les de-
fèrts de Syrie , trouva moien d’en donner avis fecrete-
rnent à Diodes fon pere. Il envoïa prier Maximin de
la lui envoïer ; Si après plufieurs ambaffades réitérées
il ne put l’obtenir.
Maxence avoit déclaré la guerre à Conftantin fous xlii.
pretexte devangerlamortdefon pereHerculius. Con xcncTco'm
ifantin de fa part avoit fait abattre les images de Maxi- ConilanJ1-
mien Herculius, & en même temps celles de Diocle- ' V
•tien'; car dans }a plûpart des peintures ils étoient joints
çnfemble. Cela n’étoit jamais arrivé à un empereur,
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