
5<» H i s t o i r e E c c l e s i a s t î que.
tre l'erreur depuis qu’il y fut tombé lui-même. Quoi-;
qu’il en foie, ôc en quelque tems que ce liv re des pref-
criptions ait été compofé, c’eft un des plus utiles de
Tertullien, Le mot de Prejcription cft tiré des jurifcenful-
te s , &: fignifie en latin, ce qu’en termes d’affaires nous
appelions fins de non recevoir, par lefquelleson £e dér
charge d’une pourfuite, fans entrer dans le fonds de la
queftion, Il répond d’abord au fcandale que prenoient
quelques-uns de la multitude des herefies, ôc dit qu’il
ne.s’en faut non plus étonner, que de la fievre & d e s autres
maladies: il y auroitplus à fefcandalifer fi elles n’ar-
rivoient p oin t, après avoir été fi diftinétetnent prédites,
Il ne veut point que l’on s’émeuve non plus de la chur
te des perfonnes les plus çonfiderables dans l’églife ;
quand un évêque, un dia cre, une v eu v e , une v ie rg e , un
doèteur, un martyr même tomberoient dans l’erreur.
Eprouvons-nous, d i t - i l , la foi parles perfonnes, ou les
perfonnes par la foi ? Il femble .avoir prévenu le fpandalç
qu’il a lui-même donné.
Il définit l’herefie par le cho ix, fuivant l’étymologig
du nom. L ’heretique eft celui qui par fon choix invente
ouembraffeunedoétrine: pour nous, il ne nous eff perm
is , ni d’in venter, ni de çhoifir ce qu’un autre aura in venté.
Nous avons pour auteurs les apôtres du Seigneur,
qui eux-mêmes n’ont rien introduit par leur choix ; mais
ont fidellement configné aux nations la doébrine qu’ils
avoient reçue de J . C. Il dit que la philofophie humaine
a fourni la marieredes herefies. Vajentin avoir été
Platonicien , Marcion Stoïcien : les heretiques cher-
choient comme les philofopjhes l’o rigine du m al, l’o rig ine
de l’homme & de Dieu-même. Il blâme Ariftotequi
leur a preparé la d ia led iq u e , l ’art des difputes plus prq-
pte à ruiner qu’à établir la vérité j il foutint que c’eft
cette
L i v r e c i n q u i e *m£ ’ 57
éette philoiophte trompeule, dont S. Paul avertiffoit les
Colofiîens de fe garder. Qu’a de commun Athènes avec
Jerutalem, l’academie ôc l’églife ? Qu’eft-ce qu'un Chri-
ftianifme Stoïcien , Platonicien , Dialeéfcicien ? Nous
n’avons point befoin de curiofité après J ésus - C h r i s t
n i de recherche après l’évangile : quand nous croyons,
nous ne voulons plus rien croire au-delà. Les Hérétiques
infiftoient fur cette parole : Cherchez Se vous trouverez.
Il répond qu’elle s’adreffoit à ceux qui doutoient
encore s’ils devoient fuivrela doébrine d e j. C. Ce qu’il
faut chercher ,e ft ce que J . C. aenfeigné ; quand on l’a
trouvé , le croire. Celui qui eft une fois Chrétien n’a
donc plus rien à chercher ; car on ne cherche que ce que
l ’on n’a pas encore, ou ce que l’on a perdu. S’il y a quelque
chofe à chercher , cherchons chez nous, c’eft-à-di-
ïe dans l’églife ; pour réfoudre les queftions que nous
pouvons former , fans violer la réglé de la foi.
Venant plus particulièrement a fon deffein , il foû-
tiencquelesHéretiques ne font point recevables àdifpu-
ter fur l’écrituredl faut voir auparavant à qui appartient
4a poifelfion de l’écriture , pour n’y pas admettre celui
qui n'a aucun droit. Les Hérétiques ne reçoivent pas
quelques-unes de nos écritures, ou ils ne les reçoivent
pas entières, ou ils les expliquent autrement: ainfi on
ne gagne rien dans la difpuce , Ôc les auditeurs foibles
peuvent en être ébranlez, il en faut venir àfe a voirqui
font ceux à qui appartient la foi ? de qui, par "qui, quand
& à qui eft venue la doéfrine qui fait les Chrétiens.
Quoiqu’il en foit de J. C. ôc de fa doèb ine , il eft certain
qu’il l’a enfeignée à douze hommes , qu’il a envoyez
par tout le monde après fa rélurreéKon : qu’ils
•ont fondé des églifes; premièrement en Judée , enfuite
çhez les autres nations,' dans certaines y il les ; d’où les
J oint II. H
C0I0J?. H ,
C» 8a
Matti),mi» 7i
p. 11;
c» 1 2.«
XXIX.
Preuve de la
vraie foi par l’origine
& la fuc-
cefiion des egli«
fcs.
» c» 169
c. 19-
C‘ 10»