
4 4 4 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
en un lieu , où depuis fut bâtie une églife en l'honneur
de S.'Theodote. Cette hiftoire a été écrite par Nil témoin
oculaire ; qui avoit paiTé fa vie avec le martyr,
avoir été en prifon avec lui , &C étoit parfaitement informé
de tout.
xxxvm. La perfecution fe faifoit auffi en Occident : après que
o'cyent!'°nen Maximien Herculius & Conftantius Chlorus eurent re-
Luttant- de mort. çu les lettres de leurs collègues d’Qrient. Conftantius
“inf. vit. confi. a v o i t , comme les autres empereurs, un grand nombre
/ 1 de chrétiens entre fes officiers , & dans fon palais. Il
leur propofa le choix ou de demeurer dans leurs charges,
s’ils facrifioient aux idoles, ou s’ils le refufoient,
d’être bannis de fa preience, & de perdre fes bonnes
grâces. Piufieurs préfererent l’intérêt temporel a la religion
, pluileurs demeurèrent fermes -, mais ils furent
tous bien étonnez , quand Conftantius déclara , qu’il
tenoit les apoftats pour, des lâches & des interellez ; &
que n’efperant pas qu'ils lui fuifent plus fideles qu’a Dieu,
il les éloignoit pour jamais de fon fervice ; au contraire
ceux qui s’étoient montrez vrais fferviteurs de Dieu , il
les jugea dignes de les retenir auprès de lui, de leur confier
la garde de fa perfonne & de fon état y£c de les compter
entre fes meilleurs amis. Le cefar Conftantius fe
contenta de cette feinte , pour executer l’édit de Dio-
Lattant. ihid. cletien. Ileft vrai qu’il fouffrit que l’on abattît les églifes,
confiderant qu’elles pouvaient être rebâties ; mais il ne
fit mourir perfonne ; & il n’y eut point alors de fang
répandu dans les Gaules. En Italie le vieux Maximien,
qui de lui-même étoit cruel, obéît volontiers aux ordres
de Diocletien. '
AZas-stiUni. Le quatorzième d’Avril de cette année 303-. comme
uIfilT't '17 P ^ é:r° f i à Rome à célébrer les jeux dans le grand cirque ;
*»■}»)■ à la fixiéme courfe il gagna fur la faction bleue , & la
*à - «v~~. ..■srarrrt.'a
L i v r e h ü î t î e ’m e . 44;
plus grande partie du peuple s’écria : Otez les chrétiens
6e affurez nos plaifirs. Ce qui fut du douze fois. Parla
vie de l’empereur ; point de chrétiens. Il y avoit quatre
fadtons de ceux qui conduifoient des chariots dans le
cirque, la blanche, la bleue, la verte &c la rouge, fuivant
la coüleur de leurs habits : le peuple faifoit divers cris,
pour demander ce qu’il iouhaitoit aux magiftrats qui
préfidoient aux fpeétacles : cesacclamations étaient foi-
gneufement marquées; & comme on en abufo.it fouvent, L. fteeur. Cod.
les mêmes empereurs Diocletien & Maximien avoient
ordonné, que l’on n’écoüteroit point les vaines acclama- ■
lions du peuple ; quand il demanderoitl’abfolutiond’un
coupable , ou la condamnation d’an innocent.
Le peuple cria encore dix fois en regardant Hermogenien
prefet de Rome : Augufte, autant que vous aimez
la viéfoire, demandez au prefec ce que nous difons.
Alors Hermogenien fit fçavoir à l’empereur ce que le
peuple avoit dit. L ’empereur Maximien ordonna que
1 on s affemblat au Capitole ; & une multitude innombrable
de peuple s’y trouva le dix-neuviéme d’Avril.
L’empereur leur parla en ces termes : Vous qui aimez la
religion, il nous femble jufte qu’elle s’augmente fous neutre
regne, par vos bons avis. C ’eft pourquoi je donnerai
pouvoir de faire arrêter les chrétiens par tout où on en
trouvera, par le prefet de R ome , ou par fes officiers,
& les faire facrifier. Alors le peuple fefeparacriant tout
d’une voix : Augufte, foïez viùforieux & floriffant avec
les dieux.
Enfuite un particulier vint trouver Hermogenien préfet
de Rome & loi dit : Il y a un évêque qui fait tous
les jours des affemblées avec les chrétiens, & leur explique
les livres, féduifantje peuple. Le prefet en donna
auffi-tôt avis à l’empereur Maximicil ,-qui en eut
K k k iij.