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feroit fuffifamment baptifé dans fon fang. Enfin Dieu
permit qu’il fût découvert. Il voulut encore s’échapper
en paffant le Rhône à la nage ; mais il fut pris de l’autre
côté , Sc eut la tête tranchée. On ne fçait point le
temps de fon martyre; toutefois il eft trop mémorable
pour l’omettre faute d’en fçavoir la placé,
xx. Quant à S. Vièfcor de Marfeill'c, il eft certain qu’il
|a!<for eMar" fouffrit le martyre par les ordres de l’empereur Maxi-
Aitafivc.5cp. mien prefent, & après la légion Thebéenne. C ’étoit un
foldat chrétien fi zélé qu’il alloit pendant la nuit vi-
fiter les fidel.es, & les encourager au martyre. Etant pris,
il fut d’abord prefenté aux préfets, qui l’exhorterent à
ne pas perdre fes fervices Sc la faveur du prince pour
le culte d’un homme mort ; car ils regardoient ainfi J.
■C. Il répondit avec une liberté qui attira lès cris & les
injures de tout le peuple infidèle qui l’environnoit.
Mais parce que c’étoit un perfonnage confiderable, les
préfets le renvoïerentà la perfonne de l’empereur. Il ne
témoigna pas moins de conftanceà ce tribunal. L ’empereur
irrité commanda qu’on le rrainât par toute la ville.
On lé lia par les bras 8c par les pieds, Sc on le
traîna de la forte expofé aux coups Sc aux injures
de la populace , dont chacun eut cru faire un crime
en ne lui infultant pas, Il fut ramené tout déchiré &
tout fanglant au tribunal des p réfets, qui le croï'anf
abbatu par cet affront, le prcilerent encore fpar les rai-
fons ordinaires des païens. Le martyre aü contraire, encouragé
par ce commencement de yiôtoire, leur répondit
, en témoignant également fa fidélité pour l'empereur
& fon-mépris pour les faux d ieu x, dont il releva
jes infamies,leur oppofmtla véritable grandeur de J . C.
Après qu’il eut parlé long-temps, les préfets lui dirent :
^iètPDm.e cçfferas-cpjpoint de philofopher ? Çhoifis-eiî
un
un mot, ou d’appaiicr les dieux , ou dépérir miferable-
ment. Puifque vous me le propofez, dit-il, il faut confirmer
mon difcours par mon exemple. Je méprife les
dieux, je confeffe J . C . faites-moi fouffrir tous les tour-
mens que vous pourrez. Les préfets irritez voulant le
tourmenter l’un plus que l’autre,fe diviferentjl’un d’eux
nommé Euticius fe retira ; la charge de faire tourmenter
le martyr demeura à Afterius. Il le fit attacher aufli-
tôt, & tourmenter long-temps Si cruellement. Le martyr
tenoit les yeux au ciel, demandant la patience à celui
dont elle eft le don. J . C . lui apparut tenant fa croix
entre les mains, 8c lui dit : La paix foitavec toi, V iè to r:
Je fuis Je fu s , qui fouffre dans mes farnts -, prens courag
e , je t’aflïfte dans le combat. Ces paroles.firent éva-
noüir la douleur Scies tourtriens. Le martyr commença
à louer Dieu d’un vifage gai ; les bourreaux déjà fa tiguez
, virent qu’ils n’avançoient r ien , 8c le préfet ordonna
de le détacher du chevalçt, 8c de le mettre dans
une prifon très-obfcure.
Au milieu de la nuit J . C . l ’envoïa vifiter par des
anges ; la prifon fut ouverte Sc remplie d’une lumière
plus claire que le jour ; le martyr chantoit avec les anges
les lofiangesde Dieu. Trois foldats qui le gardoient
voïant cette lumière fe jettent aux pieds du fa in t , le
prient de leur pardonner , demandent le baptême. Le
martyr les inftruifit foigneufement félon que le temps
lui perrnettoit ; Sc aïant fait venir des prêtres la même
nuit, il les mena à la mer, où ils furent baptifez de fa
main, Sc il les retira de l’eau, c’eft-à-dire, qu’il fut leur
parrain. Leurs noms étoient Alexandre, Longin 8c Fe-
hcie'n. Le lendemain matin leur converlîon étant divulguée,
l’empereur envoïa des appariteurs, qui les prirent
afe c V iè fo r , Çc les amçnerenr à la place publique,
Tome 11. E e e