
2 J 4 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e ;
nous fçavons que ce qui eft pour vous un fupplice ; eft
pour nous une épreuve. Croyez-vous que nos fouffran-
ces foient égales, voyant que nous les portons d’une
maniéré fi différente ? Chez-vous on ne voit qü’une impatience
plaintive, chez nous une patience courageufè,
pieufè, toujours tranquille,reconnoifîànte envers.Dieu;
perfonne de nous ne cherche ici ni jo y e , ni profperité;
mais il demeure dou x , paifible & ferme contre les révolutions
du monde, attendant le tems des promelTes
divines. Nous avons la force de l’eiperance & la fermeté
de la fo i , l’efprit élevé au milieu des débris du monde,
qui tombe en ruine, une vertu immobile, une patience
toujours contente , une ame toûjours alïurée de ion
^ Dieu. Tels étoient alors les chrétiens.
Charité des Plufieurs villes de Numidie furent affligées d’une in-
vmî'c'aptS' curh ° n de barbares , apparemment de ceux qui habi- llflliiii ranr*es terrespJus avancées vers les déièrts, ne furentja-
mais ioumis aux Romains. Ils emmenerent en captivit
é pluiieurs Chrétiens de l’un & de l’autre fèxe. Huit
évêques des villes où ce malheur étoit arrivé, en écrivirent
à fàint Cyprien , lui demandant quelque fecours
pour racheter des captifs. Cyprien ne put lire ces let-
tresfans répandre des larmes, & il fut particulièrement
touché du péril des Vierges. Il fit part de ces lettres aux
fideles de Carthage, qui touchez de la même douleur,
contribuèrent tous à cette bonne oeuvre aifement &
abondamment. T o ut ce que donna le clergé & le peuple
de Carthage, montoit à cent mille fefterces, c’eft-à-
dire , environ fèpt mille cinq cens livres. D’autres
éveques qui iè trouvèrent préfèns, donnèrent auffi quelques
^petites iommes pour eux & pour leur peuple.
if. <z . ^aint Cyprien envoya tout cet argent aux évêques de
Numidie, avec une lettre où il diioit: Si pour éprouver
notre charité il arrivoit quelque pareil accident, ne
feignez point de nous l’écrire, & encore que toute notre
églifè demande par fès prières , qu’il n’arrive plus
rien de tel, lbyez affîirez que s’il a r r iv e e lle donnera du
fecours volontiers & abondamment. Et afin que vous
priez à l’intention de nos freres ôc de nos f a u r s , qui
ont contribué de bonne grâce à cette bonne oeuvre ;
j’ai mis ici les noms de chacun d’eux.
Dans ce même tems de la periècution, S. Cyprien re- „. .
i t-\* i r • r H n • • nt c y P n e a ’ eût ordre de Dieu , de faire obleryer 1 inititution de condamne ie*
j . C. dans l’oblation du calice au fàint faerifice. Car il y
avoit quelques évêques, qui par ignorance, ou par fim-
plicité, n’y employoient que de l’eau ; parce qu’ils of-
froient le fàint fàcrifice de grand matin, & craignoient
d’être reconnus pour chrétiens à l’odeur du vin. Au
refte, ils ne faiioient point de difficulté d’offrir du vin
le ioir à l’heure dufouper. Car il étoit encore en ufage Terta,ctm.c¡„
d’offrir le fàint fàcrifice del’euchariftiedeuxfoislejour,
le matin & le fo ir; mais le faerifice du foir étoit moins-
folemnel, parce que l’on ne pouvoit pas y aflembler le
peuple. Cet abus de confàcrer le matin avec de l’eau feule
avoit pafle en coûtume, & pour la combattre S. Cy prien
écrivit à Cècilius s’exeufant de ce qu’il entrepfe-
noit de corriger les autres, fur l’ordre exprès qu’il en a-
voit reçu de Dieu. La regle qu’il donne, eft que dans le*
fàint faerifice nous devons feulement faire ce que le Seigneur.
a fait le premier pour nous.
Il prouve par les figures de l’ancien teftament, la ne-
eeffité d’offrir du vin ¡principalement par l’exemple de
Melchifèdech, félon l’ordre duquel J . C. eft fàcrifica-
teur. Et cet ordre , d i t - i l , confifte en ce que Melchi-
fedech fut fàcrificateur du Dieu très-haut, en ce qu’il'
offrit du pain & du. yin, & qu’il bénit Abraham. Car qui