
7<> H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
J e vous conjure par la v ie de l’empereur de neme point
faire paroître nuë , commandez p lu tô t, que l’on ni e def-
cende peu à peu dans la chaudière avec mes h abits, 8c
vous connoîtrez.quelle patience m’a donné J . C. que
vous ne connoiffez pas. Le prefet le lui accorda, &c après
lui avoir prononcé fa fentence, la mit entre les mains de
B a filid e ,q u i étoit un de fes gardes, pour la mener au fu-
plice. Ce foldat la traita avec beaucoup de douceur 8c
d’honnêteté. Il repouiToit la populace , qui le long du
chemin s empreiïbit pour infulter à Potamiene 8c lui dire
des paroles infolentes. Elle lui dit d’avoir bon courage ,
8c lui promit, que il-tôt qu elle feroit fortie de cette v ie ,
elle demanderoit grâce pour lui à fon Seigneur, 8c qu’il
fenriroit bien-tot les effets de fa reconnoiifance. Après
qu elle eut ainii parle, on lui mit les pieds dans la poix
boüil lance , & on l’y enfonça peu à p eu , jufques au fom-
met de la tête ; ainfi elle accomplit fon martyre. Sa mere
jyiarccllefut brûlée en mêmetems.
Peu après las ioldats compagnons de Bafilide , voulant
1 obliger a jurer apparammenc par quelqu’un de
leurs faux dieux , il dit qu il ne lui étoit pas permis de
ju re r , parce qu’il étoit chré tien, 8c qu’ il le declaroit
publiquement. Ils crurent d’abord qu’il railloit ; mais
voyant qu’il continuoit avec fermeté , ils le menèrent
au prefet, qui ayant oüi la même confeifion, le fit mettre
en prifon. Les chrétiens vinrent le v ifite r 8c lui demandèrent
la caufe d’un changement fi fu b it , il répondit
: Potamiene m a apparu la n u it, trois jours après fon
m a rty re , & m a mis une couronne fur la tête , en difant: '
qu’elle avoit demandé grâce au Seigneur pour moi 8c
1 avoit obtenue, 8c que dans peu il me recevroit à fa
gloire. Les freres lui donnèrent enfuite le fceau du Seigneur,
c eft-a-direle baptême,8c le lendemain il fut dé-
L i v r e c i k q u i e ’ m e . 7 ï
colé avec la hache. Sainte Potamiene apparut en fonge
à plufieurs aucres, qui fe convertirent à la foi.
Origene témoigne dans fes écrits, qu’il avoit vûp lufieurs
exemples femblabies, de gens qui avoient été attirez
à la religion chrétienne -, comme malgré eux,& qui
s’étoient trouvez tout d’un coupchangez, après des viciions
qu’ils avoient eues, foit en dormant, foit en v e illant,
jufqu’à fouffrir volontiers la mort,pour cette doctrine
, qu’ils déteftoient auparavant.
Lui-même dans cette perfecution fignala fon zele 8c
fon affeétion pour les m artyrs. Il les vifitoit dans les priions,
8c lesaccompagnoit pour les encourager pendant
que le Juge les interrogeoit, & même lorfqu’on les me-
noit au fuplice, leur parlant hardiment & leur donnant
le baifer de paix, il ne craignoit point la fureur des gentils
, qui entouroienc les martyrs en foule, 8c qui l’au-
roient lapidé, s’il ne leur eût échapé comme par miracle.
Irritez du grand nombre de ceux qu’ il convertifloit par
fes inftruéfcions, ils lui dreiferent plufieurs fois des embûches,
jufqu’à préparer des foldatspour l’aiTaffiner fecre-
tement dans famaifon, ce qui l ’obligeoit à changer fou-
vent de logis : enforte qu’Alexandrie fembloit n’être
pas aifez grande pour le cacher. Souvent il fut pris 8c
traîné par la v ille ,il fut plufieurs fois appliqué à la quef-
tion. Un jour les infidèles leraferent comme les prêtres
des idoles,8c le menèrent fur les degrez du temple de Se-
rap is, lui donnant des branches de palmes, pour les dif-
tribueràceuxquimontoienc. Origene les prit 8c dit à
haute vo ix : Venez, recevez ces palmes, non comme celles
de vôtre idole; mais commecçlles de J .C . T e l étoit
le zele d’Origene; mais il l’empofta trop loin.
Gomme il étoit jeune, 8c obligé par fa fonôtiondeca-
techifte à converfer continuellement, non feulement
Contré ÇÎ%£ 1*1*
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Zele d’Origene*
Epiph.h&ref, 64, n. 1 ,