
y , Conc.Elib.e.
X X V .
Cruauté de cette
perfecution.
Greg. Nlß. vita.
Thaum»p» iooo#
15 8 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
Dieu. On trou voit des artifices pour tromper les {impies
; on proftituoit les membres de J . C. aux in fid è le s ,
en contractant des mariages avec eux. On juroit en
vain , & même on Te parjuroit ; on fe difoit des injures,
on écoit divifé par des haines opiniâtres, onméprifoit
infolemment les prélats. Plufieurs évêques , au lieu
d’exhorter les autres, & de leur montrer l’ex em p le ,
négligeant les affaires de Dieu, fechargeoient d’affaires
temporelles, quittoicnt leurs chaires, abandonnoient
leur peuple, & le promenoient dans d’autres provinces,
pour fréquenter les foires, & s’enrichir par le trafic. Ils
ne iecouroient point les freres qui mouroient de faim ;
ils vouloient avoir de l’argenr en abondance , ufurper
des terres par de mauvais artifices, tirer de grands profits
par des ufures. Ainfiparloit Cyprien. Et ailleurs il
dit : Nous nous appliquons à gagner &c à augmenter
notre patrimoine. Nous fommes pleins d’o rg u ë il, de
jaloufie, de divifion ; nous négligeons l'a fimplicité &
la foi ; nous avons renoncé au monde de parole, & non
d’effet ; nous nous plaifons à nous-mêmes, & nous dé-
plaiions à tout le monde.
Decius donc au commencement de fon regne étant
venu à R om e , publia un édit fanglant contre les Chrétiens
, & l’envoya à tous les gouverneurs des provinces.
La perfecution commença avec un effort terrible. Tous
les magiftrats n’étoient occupez qu’à chercher les Chrétiens
& les punir. Aux menaces ils joignoient un appareil
épouvantable de toutes fortes de fupplices -, des
épées, des feu x , des bêtes cruelles, des fofles, des chaifes
de fer ardentes, deschevalets pour étendre les.corps, &
les déchirer avec des ongles de fer. Chacun s’étudioit à
trouver quelque nouvelle invention. Les uns dénon-
ço ient, les autres cherchoient ceux qui étoient cachez
. L i v r e s i x i e ’ m r
d’autres pourfuivitent les fugitifs,d’autres s’emparoient
de leurs biens. Les fupplices étoient longs , pour ôter
l’efperance de la mort & tourmenter fans fin , jufques
à ce que le courage manquât.
Voici deux exemples du rafinement de la cruauté.
Un martyr ayant fouffert les chevalets & les lames ardentes,
le Ju g e le fit frotter de miel par tout le corps ,
puis expofer à un foleil très-ardent, couché à la renver-
ie , les mains liées derrière le dos , pour être piqué par
les mouches. Un autre, qui étoit jeune & dans la v i gueur
de l’â g e , fut mené par fon ordre dans un jardin
délicieux, entre les lis ôc les rofes, p rèsd’un ruifleauqui
couloit avec un doux murmure, &c d’arbres que le vent
agitoitlegerement. Là on l’étenditfur un lit de plumes,
où on l’attacha avec des liens de fo y e , &: on le laifla
feul. Puis on fit venir une courtifane très-b elle, qui
commença à l’embraffer & le folliciter avec toute l’impudence
imaginable. Le martyr nefachant plus comment
réfifter aux attaques de la volupté , fe coupa la
langue avec les dents, & la cracha au vifage de cette infâme.
L ’horreur de la perfecution fut telle , que l’on
croyoit voir l’accompliffement de cette parole terrible
de J . C. que les élus mêmes, s’il étoit poffible, feroient
induits en erreur.
A Alexandrie l’épouvante fut generale. Plufieurs des
plus confiderables fe prefenterent.d’abord, les officiers
etoiertt conduits à l ’idolâtrie par les fondions de leurs
charges, d’autres traînez par leurs v o ifin s , & appeliez
par leur nom, s’approchoient des facrifices profanes ; les
uns pâles & tremblans, comme s’ils dévoient être eux-
memes facrifiez aux idoles ; en forte que le peuple qui les
environnoit en foule , fe mocquoit d’eux. Car on vo yo it
qu’ils avoient peur de tout ; de facrifier & de mourir.
Cypr. ep. 1 1 .
Hier, fu vita«
Pauli m i}
X X V I .
Chute eie plu-
fieursChrétieias,
Puf. Y i ,c . 41«