
Martyr.. R. 14-
M û . M a r t y r , u .
Grtg. T u -
roit * -* hifttC.
xtvni.
S Eclix de Noie.
Ht7 a mari « fins.
330 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q j j e .
même temps que S. Saturnin. La tradition confiante efl
qu’il eut la tête tranchée avec un prêtre nommé Ruf li -
que & un diacre nommé Eleuthere, au lieu que nous
nommons encore Montmar t re, ou le Mont des Mar tyrs.
On montre le cachot où il fut gardé- à faine
Denis de la Charcre ; &c à faint Denis du Pas , ie lieu
ou il fut tourmenté. Les reliques des trois martyrs font
gardées à la fameufe abbaïe de faint Denis en France.
Les églifes voifines de Meaux & de Senlis reconnoif-
fent le même faint Denis pour leur fondateur. On rapporte
à ce même temps de Valerien le martyr faint
Ponce , dont les reliques^font à Nice en Provence : Saint
Privât evêque de Mende , qui fut tué parles Allemands
dans une irruption qu’ils f i rent , fous la ¿tanduire de
Chroc leur roi ; & plufieurs autres martyrs dans les
Gaulés.
On peut auifi rapporter avec vraifemblanee à cette
perfecution les dernieres fouffrances de faint Félix de
Noie . Son ipere étoit Syrien nommé Hermias , qui
vint s'établir en Italie à No ie , & laifla deux fils avec
de grands biens , Hermias & Félix. Hermias demeura
dans le monde : Félix fe donna à D ie u , & fut ordonné
leéfceur dans fes premières années ; puis exorcifte, & enfin
prêtre fous le vieillard Maxime évêque de No ie :
qui laimoic comme fon f i l s , & le dellinoit pour être
fon fuccefleur. La perfecution aïant commencé fous
Decius ou fous Gallus , l ’évêque Maxime s’enfuit dans;
les l ieux deferts. On chercha Félix comme le chef
du troupeau, on le p r i t , on le mit en prifon chargé
de chaînes : on lui paffa les pieds dans les entraves,
& on fema la place de pots caliez , afin qu’il ne put re-
pofer. Cependant l’évêque Maxime dans la montagne
deferte où il s’étoit retiré , étoit prêt à perir de faim &
de froid ; couché fur la terre, expofé à toutes les injures
de l'air , fans- aucune nourriture , accablé d’années, de
triftefle & d’inquietude pour le falut de fon troupeau.
Mais Dieu ne l’abandonna pas.
Au milieu de la nuit un ange vint dans la prifon de
Fél ix, l’éveilla par fes paroles. & par l’éclat de fa lumière.
Félix croïoit d’abord que c’étoit un fonge ; &
difoit que fes chaînes les portes & les gardes l’empê-
choient de fuivre. L ’ange lui commande de fe lever :
les fers tombent de fes mains & de fon cou , il tire fes
pieds des ent raves , les portes s’ouv rent , les gardes demeurent
endormis : il f o r t , & par des chemins inconnus
, il arrive jufques au lieu defert où étoit le faint
vieillard M a x im e , prêt à rendre le dernier foupir.
L ’aïant reconnu , il l ’embraife & le baife : mais il le
trouve froid , fans vo ix , fans pouls , fans mouvement :
il reftoit feulement un peu de refpiration. Le plus
preffé étoit de lui donner quelque nourriture. Il cherche
, il prie , & appetçoit enfin au-delfus de fa tête
une grappe de raiün pendue à des ronces ; il la prend ,
l’approche de la bouche du vieillard mo u r an t , qui
avoit déjà les dents ferrées , & ne fentoit plus rien. Il
écarte fes lèvres de fléchées, prefle la grappe , & en fait
entrer le fuc.
Le malade reprend un peu de vigueur ■, la parole
lui revient, il reconnoît Félix , & lui dit : Vous venez
bien tard , il y a long-temps que Dieu m’avoit promis
que vous viendriez à mon fecours. L ’état ou vous
me trouvez fait bien voir que je n’ai pas fui par la
crainte de la mort : mais je me fuis défié de la foiblefle
de mon corps: reportez-moi, je vous pr ie, a mon trou-;
peau. Félix le charge aufli-tôcfur fes épaules & le porte
T t ij