
6 i o H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e . ’
es troupes de Licinius, tantôt par des prières, tantôt
par des promeffes ; perfonne nel’écoutoit. On le
charge, il fuit vers les liens, qui fe laiffoient tuer fans
Tendance ; & ce grand nombre de légions tombe comme
une moilfon fous k s mains d’un petit nombre.
Ils fembloient tous avoir oublié leur n om , leur courage,
leurs anciennes recompenfes ; & n’être pas venus
pour combattre, mais pour fe faire égorger, comme
des viètimes devoüées à la mort par l’ordre de
Dieu. Il en etoit déjà tombé une grande multitude :
Quand Maximin voiant tourner la chofe autrement
qu d ne penfoit, quitta la pourpre , prie un habit d’ef.
clave & repaffa le Détroit. Après lui petfonne n’eut
honre de s enfuir. Il demeura fur la place la moitié de
fon armee : le refte fe rendit ou prit la fuite. Il arriva
a Nicomedie la nuit d’après le premier jour de May :
aiant fait foixante milles en un jour & en deux nuits :
ImlÉsISiÉÉ HIG ^emrne j ^es clrfans, & quelque peu
d officiers de fon palais, & marcha vers l’Orient : mais
il s arrêta en Cappadoce , aïant raffiemblé quelques
fuïards & quelques troupes d’Orient : & ce fut là qu’il
îeprit la pourpre. Licinius aïant reçû'une partie de
1 armee de Maximin qui fe rendit à lu i , ’& qu’il dif-
tribua dans fes troupes, fit paifer fon armée en .Bi-
tnynie peu de jours après la bataille. Il entra à Nico-
medie , & rendit grâces à Dieu qui lui avoit donné
la vièloire : puis le treizième de Ju in , fous le troifié-
me confulat de Conffantin avec lui , c’efl-à-dire l’an
313. il fit publier 1 edit donné en faveur des chrétiens
a Milan quelques mois auparavant ; & les exhorta de
rétablir les églifes en leur premier état.
Ain fi finit la perfecution, au bout de dix ans &c environ
quatre mois. Car elle avoit commencé à Nicome-
L i v r e n e u v i è m e . ' € l%
d ie , lorfque leglife y fut abattue le vingt-troifiéme
de Février , l’an 303.
Licinius avec fon armée vidtorieufe fuivit Maximin,
qui s’enfuit & fe retira dans les détroits du mont Tau-
rus , dont il ferma les paifages par quelques retranche-
mens; & comme les vainqueurs perçoient tout du côté
d ro it, il fe retira enfin à Tarfe. Là fe trouvant en
péril par mer & par terre, & ne voïant plus de refug
e , la crainte &: le chagrin le firent recourir à la morr,
comme au remede le plus affûté. Il fe" remplit de vin
& de viandes, comme ceux qui en prennent pour la
derniere fois, puis il avala du poifon ; mais comme il
avoit l’eftomac p lein, l’effet prefent n’en fut pas grand,
& il produifit une langueur, qui le tourmenta plus
long-temps Il fentoit brûler fes entrailles avec des
douleurs fi excefïives qu’il en vint jufqu’à la fureur;
& que pendant quatre jours il prenoit de la terre à
pleines mains pour la manger, comme preffé dune
faim extrême ; puis il fe battoit la tête contre les murailles
, de forte que fes yeux enflerent, & qu’il en perdit
la vûë. Alors il crut voir Dieu qui le jugeoit environné
d’officiers vêtus de blanc. Il crioit comme ceux
qui font à la torture , & difoit : Ce n’eft pas moi qui
l ’ai f a i t , ce font les autres. Enfuite il avouoit, comme
vaincu par les tourmens; & de temps en temps il prioic
J . C . en pleurant d’avoir pitié de lui. Il rendit l’efprit
avec les gemiflemens d’un homme qui fe fent brûler;
& telle fut la fin de Maximin D a ïa , le plus cruel de
tous les perfecuteurs.
Toute leur race périt auffi. Licinius fît mourir V a -
lere 5e Candidien : on ne fçairqui étoic Valere. Can-
didien étoit fils deGalerius & d’une concubine ; mais
fa femme Valérie l’avoit adopté , parce qu’elle étoic
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x l 1 x.
Mort de Maxi-
mi u- Daïa.