
S9 1 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e :
que les évêques des grands lîeges étoient ordonnez ?
non par d’autres métropolitains des provinces vôifines
lr,v,t' ciliu mais par un évêque de la même province. Ainfi à R ome
même l’évêque d’Oftie étoit dès-lors en poffeffion
d ordonner le pape. Les évêques de la province d’A fr ique
s étant donc aflemblez à Carthage, choifirent par
le fuffrage de tout le peuple Cecilien. diacre de la même
eglife. F é l ix , évêque d’Aptunge lui impofa les
mains; & il fut ordonne éyêque. Comme il fut affis
dans la chaire epiicopale, on lui remit le mémoire des
yafes d’or & d’argent que Menfiirius fon prédeceffeur
avoit contez en partant aux anciens de Carthage. Le
mémoire fut préfenté à l ’évêque Cecilien en préfencedc
témoins ; on appella les anciens à qui le dépôt ay'ojt été
confie. Ils avoient compté d’en profiter ; & plutôt que
de le rendre , ils firent un parti contre Cecilien.
Botrus & Çeleufius irritez de n’avoir pas été é lû s ,
fe joignirent à eux. Lucilla s’y joignit auili. C ’étoitune
femme riche, puiifante & fa d ieu fe , qui depuis longtemps
ne pouvoir fupportcr la difciplinedel’églife, ôc
Aug.cp.4i.«i.i«i. que Cecilien étant diacre avoit choquée pour ce fujet,
Ces trois partis joints enfemble en firent un,qui fedécla?
ra contre Cec ilien, refufantde communiquer avec lui,
AHg.irsvh.die& voulant faire ça/Ter fon ordination. Le che f de ce
parti etoit un nommé Donatdes Cafes-noirçs, qui dè§
le temps que Cecilien étoit diacre, avoit déjà fait un
fchifme. Ils envoï'erent à Second évêque deT igifi & primat
de Mumidie, le priant de venir à Carthage. Ave c
lui vinrent Donatde Ma fcu le ,V id o r de Ruificade,Marin
de Tib ih , Donat dé Calame, Pur.punusde Limate,
Menale & plufieurs autres évêques, jufquesau nombre
de foixante & dix , irritez de n’avoir pas été appel-
».x i . Ie£ a 1 ordination de l éyêque de Carthage. Tous ceux
qui
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C.14, & epi/t. 43.
L i v r e n e u v i e ’m e . 525
qui-s’étoient avouez traditeurs dans le concile tenu à
Cirthe le quatrième de Mars de l’année 305. étoient
de ce nombre. Silvain évêque de Cirthe y étoit auflj : SHp.iib.viu.*. ¡,.
lui qui étant foudiacre fous l’évêque P au l, avoit livré
une lampe & un chandelier d’argent l’an 304. le dix-
neuviéme de Mai. Ces foixante & dix évêques furent
reçus & logez par le parti contraire à Cecilien , & pas
un d’eux n’alla à la bafihque , où prefque toute la ville
s’étoit aifemblée avec lu i , où étoit la chaire épifcopa-
le & l’autel fur lequel S. Cyp rien , S. Lucien & les autres
évêques avoient offert le facrifice ; mais ils érfoe-
rent autel contre au te l, & s’affemblerent féparément
en concile.
Ils citèrent Cecilien pour comparaître deyant eux ,
mais le peuple catholique ne l’y laiffa pas aller ; & lui-
même ne jugea pas raifonnable, de quitter l’églife pour
aller dans une maifon particulière s’expofer à la pafi-
fion de fes ennemis. Il leur manda pour réponfe : S’il
y a quelque chofe à prouver contre m o i, que l’accu-
fateur paroiffe & qu’il le prouve. Ils ne purent rien inventer
contre la perfonne de Cecilien ; mais ils nommèrent
quelques-uns de fes confrères, comme étant traditeurs
: ce qu’ils difoient être prouvé par des ades-pu-
blies, & toutefois ils ne firent point lire ces ades dans
leur concile. Celui qu’ils accufoient le plus aprement
étoit Félix d’Aptunge ordinateur de Cecilien ; & ils di-
foient qu’il étoit la eaufe de tout le mal. Cecilien l’aïant
appris leur manda pour réponfe : Si ceux qui m’oynt ordonné
font traditeurs , s’ils croient que Félix ne m’ait
rien donné par l’impofition de fes mains ; qu’ils m'ordonnent
eux-mêmes, comme fi je n’étois encore que
diacre. Ce qu’il d ifo it, non qu’il révoquât en doute fon
ordination, mais pour fe mocquer d’eux &c leur ôter
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