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pape , ne font pas les viandes que l.es captifs peuvent
avoir mangees, telles qu’elles leur ont été offertes pat
leurs maîtres : yû principalement que l’on convient tout
d’une v o ix , que les barbares qui ont couru nos quartiers
n’onc point facrifié aux idoles. L’Apôtre dit : la
». vi. ij. viande eft pourl’eftomac > &c le refte : «Se le Seigneur, qui
b.xv. 11. purifie toutes les viandes, dit : Ce n’eft pas ce qui entre
qui foüille l’homme, mais ce qui fort. Nous ne fomrnes
pas non plus fi touchez des violences qu’on fouffert les
femmes captives. Car fi dès-devant il y en avoit dont la
vie fût notée, l’habitude criminelle forme contr’elles
un grand foupçon pour le temps de la captivité ; ¿¿elles
ne doivent pas être facilement admifesà la communion
des prières. Maiss’il y en a quelqu’une qui ait vécu dans
une parfaite continence, qui le foit confervée pure ,
même de tout foupçon, &c qui maintenant foit tombée
par violence dans un malheur inévitable : nous avons
un exemple dans le Deuteronome, touchant la jeune
fille, qu’un homme auroit forcée en pleine campagne,
ut 1. 1 Vous ne lui ferez rien, dit la lo i, elle n’eft point digne
de mort. Car c’eft comme fi un homme s’élève contre
ion prochain & le tuë : la fille a crié, ôc il ne s’eft trouvé
perfonne pour la fecourir.
CM.z- Tous les ufurpateurs du bien d’autrui doivent être
bannis de l’églife. Mais dans le temps d’une incurfion
d’ennemis , s’imaginer que la ruine commune foit une
occafion de profit : il n’y a que des impies & de?ennemis
de Dieu qui en foient capables. Ileftdoncréfolude
les excommunier totis, de peur que la colere de Dieu ne
tombe fur tout le peuple -, Sc premièrement fur les prélats
qui n’en feroient pas juftice. Que fi quelques-uns de
ceux qui etoient déjà en penitence, à caufe des pechez
que I avarice leur avoit fait commettre, du temps de la
L i v r e s e p t i e ’me . 3 J 5
paix, font retournez aux mêmes crimes, dans le temps
J e h co lc re de Dieu : profitant du fangfie de laruïne des
Vumtifs, des. captifs, ou des morts : que doit-on atten- Cm '-
dre, finon qu’ils accumulent la vengeance pour eux &c
pour tout le peuple ? Il propofe l’exemple d’Achan dans
le livre de Jo fué ; puis il ajoute : ^ M- vu us.
Que perfonne ne fe trompe foi-même, fous prétexte
d’avoir trouvé : il n’eft pas même permis de profiter de Cm-*-
ce que l’on trouve. Le Deuteronome dit : Si tu trouves d««.««i.i.
le veau ou la brebis de ton frere égarée dans le chemin,
tu ne les négligeras pas: & dans l’E xode , il en eft dit au-
tant des belles de l ennemi : il eft ordonne de les lui
ramener. Que fi dans la p a ix , il n’eft pas permis de .profiter
aux dépens d’un frere ou d’un ennemi, qui néglige
fon bien par pareffe : combien moins aux dépens d un
malheureux, qui l’abandonne par la neceifite de fuir les
ennemis ? D ’autres fe trompenten retenant le bien d’au- c»n.s.
trui qu’ils ont trouvé au lieu du leur, qu’ils ont perdu :
ainfi parce que les Borades ôc lesGoths ont exerce con- ,
tr’eux des hoftilitez , ils font eux-mêmes Borades &c
Goths pour les autres. Nous avons donc envoie notre
frere le prêtre Euphrofine vers vous pour ce fu je t, afin
que luivant la forme que nous fuivons ic i, il nous marque
ceux dont il faut recevoir les accufations , ¿¿ ceux
qu’il faut exclure des prières.
On nous a rapporté une chofe incroiable , &£ qui ne
peut convenir qu’à des infidèles : que l’on dit toutefois
être arrivée dans votre pais. Sçavoir que quelques-uns
font allez jufques à cet excès d’inhumanité, que de retenir
en captivité ceux qui fuioient. Envoiez dans le
pais: de peur que la foudre ne tombe fur les coupables.
Quant à ceux qui fefont enrôliez a v e c les barbares dont
ils étoient captifs, qui fe font mêlez a leurs courfes,fans
Y y ij
Can. 6,