
¿ 0 4 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
a Drepane ville de Bythinie, que Coriftannn rétablis
depuis avec exemption de tributs en l’honneur de ce
.martyr : & lui donna le nom de fa mereen la nommant
l an.t 'X .Chryi' Helcnoplc. Dans le même temps Bafilifque évêque de
Comane fouffrit auffi le martyr à Nicomedie.
AnucfmmyrS. raPPorterai ici trois martyrs îlluftres, dont on ne
¿a«p„c. p. )6u g Ë ^ Pas précifement le temps : S. Gordius, S. Barlaam
ex BajiLhom. ]ÿ. & fainte Ju lite . Gordius étoit de Cefarée en Cappado-
c e , il porta les armes & fut centurion. Mais voïanc la
violence de la perfecution; il quitta le fervice , abandonna
fes biens, fes efclaves, fes parens, fes amis , &
fe retira dans les lieux deferts :oû il s’exerça long-temps
aux: jeûnes, aux veilles , aux prières, à la méditation
de 1 écriture fainte. Quand il crut être aifez préparé au
combat, il revint,. 8i prit le temps d’une fête , que les
païens celcbroient en l’honneur de Mars. Tout le peuple
étoit affemblé pour voir des courfes de chevaux r
les Ju ifs & plufieurs chrétiens foibles y aiïiftoient avec
les infidèles. Gordius fe prefenta hardiment au milieu
delà carrière , & s’écria : V oilà que ceux qui ne me cher-
si«». x. îo. choient point m’ont trouvé : je me fuis montré à ceux,
qui ne m’interrogeoient point. Ces p ro ie s attirèrent
fur lui les yeux de toute l’aiTemblée. Il étoit te l, qu’un
homme qui depuis long-temps habitoit les montagnes r
la barbe longue, les cheveux négligez , le corps fec, mal
vetu , portaht une beface, appuie fur un bâton. Tous
fe mirent à crier : les chrétiens de joie , les païens de
fureur :1e gouverneur qui préfidoit aux jeux fit faire fi-
lence, & on amena Gordius à fon tribunal. Il eifaïa en
vain les menaces des plus cruels tourmens, & les pro-
meffes les plus flatteufes : enfin , il fit venir un bourreau;
a v e c l’epéenue, & condamna le martyrà la mort. T o u t
Je peuple du fpedbacle environnoit le tribunal :ceux qui
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Afta (inc. p. f6$.
TLx S, BafiL hom»
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L i v r e n e ü v i e ’m e . 6oy
étoient demeurez dans la ville y accoururent auffi, juf-
ques aux vieillards les plus infirmes & aux filles les plus
retirées. Les parens 8c les amis de Gordius l’embraf-
foient en pleurant, pour lui perfuader de ne fe pas perdre
dans la fleur de fa jeuneffe, & du moins de diffimu-
ler fa foi. Mais il demeura ferme, & leur dit : Ne pleurez
point fur m o i, mais fur les ennemis dé Dieu qui
perfecutent les chrétiens, 8c qui fe préparent un feu
bien plus terrible que celui dont ils nous menacent.
Après leur avoir parlé long-temps, il fit fur lui le ligne
de la c roix , & s’en alla au fupplice avec un vifage ferme
& fans changer de couleur.
Barlaam étoit un homme ruftique, fimple Si ignorant,
mais d’un grand courage. Il fut mis en prifon Si
fouffnt tous les tourmens, jufques à laffer les bourreaux
qui l’a voient déchiré dé coups. Enfin il fut amené devant
l’autel des idoles : on lui mit dans la main des
charbons ardens avec de l’encens, afin qu’il femblâc
l ’offrir en fecoüant la main. Mais il tint fa main ferme
comme fi elle eût été de bronze, & aima mieux lalaiffer
brûler. En la même ville de Cefarée Ju lite , femme àü» fine. f. ,n
chrétienne, fit appeller en juftice un homme riche & ExBaJil- i
puiffant, qui vouloir ufurpertout fon bien fins fondement.
Ne pouvant fe défendre, il s’avifâ de dire qu’elle
netoit pas recevable à paroître en juftice, parce
qu’elle étoit chrétienne ; & en effet les derniers édits le
portoienf.' Le juge laiffant le principal de l’affaire c iv ile ,
fit apporter du feu 8c de l’encens ; & comme elle refufa
de facrifier : il. la condamna au feu. Elle après avoirdit
beaucoup de chofes fur la confeffion du nom de Dieu,
fe jetta gayement fur le bûcher & y mourut. Son corps
demeura entier, & fut enfuite enterré dans le veftihule
de la principale églife. A fa mort il fortit une fontainq
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