
L I V R E N E U V I E M E .
A Tarfe métropole de Cilicie le gouverneur Nu.
a * cS de s. Tha- 1 \ merien Maxime étant aflisfur fon tribunal,De.
s sUAndtonk.us nierrius centurion lui prefenca Tharaque, Probus &
4J7f Andronic,en difant : Vousvoïez,fcigneur,devant votre
tribunal ceux qui ont éréprefentez a votre grandeur
a Pompeïople, par les fpiculateurs Eutolmius & Palla-
dius , comme étant de la religion impie des chrétiens,
défobéiflans aux ordres des empereurs. Le gouverneur
Maxime dit à Tharaque: Comment t’appelles-tu / car
tu dois répondre le premier,puifque tu es le premier en
rang & le plus avancé en âge.Tharaque dit : Je fuis chrétien.
Maxime dit : Laide ce mot impie: Quel'eft ton
nom, dis. Tharaque dit: Je fuis chrétien. Maxime dit,
frappez-le fur la bouche,fle lui dites : Ne répons pas l’un
pour l’autre. Tharaque dit : Je dis mon vrai nom ¡h vous
demandez mon nom d’ufage, mes parens m’ont nom.
mé Tharaque, & quand je portois les armes on me nom-
moit Viéftor. Maxime dit : De quelle condition es-tu /
Tharaque répondit : Ma condition eft militaire,ma famille
Romainejje fuis né à Glaudiopolis en Ifaurie ; &£
parce que je fuis chrétien j’ai maintenant quitté le fer-
vice. Maxime dit : C ’eft qu’il ne t’étoît pas permis de
fervir à caufe de ton impieté. Qui c’a donc donné ton
congé / Tharaque dit: J ’ai prié Fulvion chef de file , &
il m’a congédié. Maxime dit ; Et moi aufli en confide-
ration dettes cheveuiç blancs je veux te favorifer, te
procurer de l'honneur & l’amitié des empereurs, pourvu
que tu m’obéiife ;approche donc &ç facrifie aux dieux,
comme les empereurs font eux-mêmes, par toute la
terre
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terre.Tharaque dit : Ils fe trompent eux-mêmes,entraînez
par la grande erreur de fatan. Maxime dit : Caifez-
lui les mâchoires, pour avoir dit que les empereurs fe
trompent. Tharaque dit : Je l’ai dit,& je le dis toujours,
qu’ils fe trompent comme hommes. Maxime dit:Sacri-
fie, te dis-je, aux dieux de nos peres,& quitte tafantai-
fie. Tharaque dit: Je fers le dieu de mes peres, non par
des facrifices fangians, mais-par la pureté de coeur , car
Dieün’apasbefoin de tels facrifices. Maxime die : J ’ai
encore pitié de ca vieilleiTe,& je teconfeille de quitter
cette folie, d’honorer les empereurs, d’avoir du refpedt
pour nous, & d ’obferverles loix de nosperes.Tharaque
dit : Je né m’éloigne point de la loi de mes peres. Ma xime
dit : Approche donc & facrifie. Tharaque dit: Je
ne puis faire une impieté ; j’ai dit que j’honore la loi de
mes peres. Maxime dit : Quelle autre loi y a t’il donc
miferable / Tharaque die : Oui il yen a une, & vous la
violez en adorant des pierres, du bois, des inventions
humaines. Maxime dit : Frappez-le fur le cou , en lui
difant : Quitte ta folie. Tharaque dit : Je ne quitte
point cette folie qui me fauve. Maxime dit: Je te la ferai
bien quitter,& je te rendrai fage.Tharaque dit:Faitc s
ce que vous voudrez,mon corps eft en votre puiffance.
Maxime dit:Otez-luifa tunique & le battez de verges.
Tharaque dit : C ’eft maintenant que vous m’avez rendu
vraiment fage , en me fortifiant par les coups,pour
me donner plus de confiance au nom de Dieu & de fon
Chrift. Maxime dit : Im p i em a u d i t , commentnie-
tules dieux,toi qui confeiîe que tu fers deux dieux.Tharaque
dit : Je confeffe le Dieu qui eft réellement. Maxime
dit :T u as encore nommé Dieu un certain Chrift.
Fharaqueditîlleftainfi ; car ce Chrift eft leFüs duDieu
vivant; c’eft l’efperance des chrétiens ; c’eft lui qui nous
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