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S. Philippe
compagnons
jransferez à
¿finpple.
4 8<f H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
répondit : Je fuis chrétien, c’eft pourquoi je lie le puis
faire , vous avez ordre de punir , non pas de contraindre.
Juftin dit ;Tu ne fçais pas les tourmens qui t’environnent.
Philippe répondit : Vous pourrez me tourmenter
, non pas me vaincre, perfonne ne m’obligera de fa,
crifier. Juftin dit : T u feras traîné par les pieds au milieu
de la ville , fi tu vis encore on te mettra en prifon ,
pour fe touriftenter de nouveau. Philippe répondit :
Plut a Dieu que tu le voululîes faire. Juftin commanda
quon lui liât les pieds 8c qu’on le traînât. Il choqua
contre tant de pierres, qu’il fut déchiré par tout le
corps , & les freres le portèrent danslaprifon. Le peuple
s’etnpreifoit avec fureur , pour chercher le prêtre
Severe, qui s:'étoit caché. Mais enfin pouffé du S. Ef-
prit il fe prefenta lui-même 8c fut amené au gouverneur;
qui aïànt effaïé en vain de l’intimider’, le fit mettre en
prifon. Il traita de même Hermes; 8c tint les martyrs en
prifon dans le mauvais àir, pendant fept mois de fuite;
puis il les fit arhener à Adrianopolis, ou Andrinople.
Les chrétiens d’Heraclée furent fenfiblement affligez
de l’abfence de leur faint dodeur, *
^ es mar!7 rs étant arrivez à Andrinople, furent gardez
dans la maifon de campagne d’un nommé Sem-
por jufques à Parrivée du gouverneur. Le lendemain
tenant fa féance publique dans les thermes, il fit amener
Philippe ; 8c l’aïant trouvé toujours de même, commanda
qu’on le dépoiiillât. Il fut battu de vero-es jufques
à lui découvrir les entrailles. Son courage éton-
iioit les bourreaux & Juftin même , qui le fit mettre
en prifon. Alors il appella Herm'es ; à qui tous les officiers
étoient favorables, à caufe de là charge de dé*
çurion qu’il avoit exercée ; 8c qui lui avoit donné oc-
cafion de leur faire plaifir. Mais il alla auffi dans la prifo
n , où les faints martyrs rendirent avec grande joie
leurs adions de grâces à J . C. pour ce commencement
de vidoire. S. Philippe qui avoit toujours eu le corps
délicat, ne fentoit aucune incommodité.
Trois jours après Juftinles fit encore amener devant
fon tribunal ; &aïant inutilement preffé Philippe d’obéir
aux empereurs, il dit à Hermes : Sil’approche de la
mort dégoûte ce vieillard des biens de la vie, rends-toi
plus heureux en facrifiant. Hermes Jui répondit, en
montrant l’a veuglement 8c l’abfurdité de l’idolâtrie. En-
forte que Juftin s’écria en colere : Tume parles comme
fi tu pouvois me faire chrétien. Hernies répondit : Je
fouhaite que non feulement v ou s , mais tous les aflif-
tans, puiffent devenir chrétiens. Enfin Juftin prononça
leur fencenceen ces termes. Philippe 8c Hermes qui
méprifant l’ordre des empereurs, fe font rendus indignes
même ffu nom de Romains ; nous commandons
qu’ils foient brûlez v i f s , afin que les autres apprennent à
obéir à l’empereur. Ils alloient au feu avec joie. Le prêtre
Severe, qui étoit demeuré feul dans la prifon, aïanc
appris qu’on les menoit au martyre , fe réjoint de leur
gloire, & pria Dieu inftamment de ne le pas juger indigne
d’y participer, puifqu’il avoit été avec eux dans
la prifon & confeffé avec eux. Il fut exaucé 8c fouffrir
le martyr dès le lendemain.
Philippe avoit tellement mal aux pieds, qu’il ne pouvoir
marcher, 8c on le portoit au fupplice. Hermes le
fuivoit à grande peine, affligé du même mal -, 8c lui di-
foit : Mon maître, hâtons-nous d’aller au Seigneur;ne
foïons.point en peine de nos pieds, dont nous n’aurons
plus de befoin. Puis il dit à la multitude qui fuivoit
: Le Seigneur m’avoit fait connoître par révélation
ce que je devois fouffrir. Pendant que je dormois j’ai