
j i S H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
3c voïant les martyrs étendus par terre, elle vint à Tharaque,
fe baifla ôe fe proiterna à fes pieds. Tharaque étendit
la main, 3c la prenant par les crins & par les oreilles,
l’attiroit à lui. Elle fe lailToit tirer comme un mouton,
fans réfiilèr ; puis cllefecouala main de Tharaque &c retourna
vers la porte, fans s’arrêter à Probus ni à Andro.
nie. Maxime défendit qu’on lui ouvrit ; 3c la lione prenant
lçs planches avec les dents s’efforçoit de les rompre
, enforte que le peuple épouvanté cria qu’on lui
ouvrît. Maxime indigné s’en prenoit à Terentien , &c
commanda que l’on fit entrer des gladiateurs pour égor»
ger les martyrs, ce qui fut exécuté.
Maxime fortant du fpeétacle laiifa dix foldats, avec
ordre de garder les corps des martyrs, que l’on avok jet-
tez pêle-mêle avec les corps des criminels. Il était déjà
nuit. Alors les chrétiens qui obfervoienc ceci defeendi-
rent de la montagne , fe mirent à genoux 3c prièrent
Dieu, qu’il leur fît la grâce de pouvoir retirer les reliques
des faints martyrs. Après leur priere s’étant approchez
, ils virent les gardes qui faifoient bonne chere ,
& un ,grand feu allumé auprès des corps. Ils fie retirèrent
un peu, fe mirent encore à genoux, 3c prièrent
tous d’une voix Dieu & ion Chrift par le S.Efprit, de leur
accorder fon feçours, pour délivrer ces faints corps
d’entre les corps profanes Sc immondes. Auflâ-tôt la
terre trembla, l’air fut agité de tonnerres 3c d’éclairs, il
vint une pluie épouvantable & la nuit étoit fort noire,
Un peu après le temps s’étant appaifé, ils prièrent encore
Ôc s’approchèrent des corps, ils trouvèrent que la pluïe
a,voit éteint le feu & que les gardes s’étolent retirez,
Voïant cela ils approchèrent plus hardiment-, mais.com-
me ils ne pouvoient difeerner les corps faints, ils étendirent
les mains au ciel, 3c prièrent Dieu de les leur
L i v r e n e u v i e ’m e . / i #
faire reconnoître. Auiïi-tôt il leur envoïa du ciel une
étoile biiüante , qui leur marqua les corps, en s’arrê-
t .ne fur chacun. Ils les emportèrent avec joie, 3c retournèrent
à la montagne voifine,en priant Dieu qui les fa-
vorifoit. Aïant paifé une grande pîrtie de la montagne,
ils.fe déchargèrent pour le repoferun peu; & prièrent
Dieu d’achever leur ouvrage &de leur faire con-
noître le lieu , où ils dévoient mettre les reliques de ces
faints. Il les exauça, 3c leur envoïa encore l’étoile pour
les conduire. Elle les quitta à un endroit où ils virent
une roche creufe & y cachèrent les corps avec grand
foin, puis revinrent à la ville, voir ce qui fe palfoit; car
ils fçavoienc bien que l'on rechercheroit ces corps.
En effet Maxime fit punir les gardes d’avoir laiifé
dérober les corps , 3c fe retira de la ville. Après quoi y
c’eft à-dire au bout de trois jours, crois de ces chrétiens,,
fçavoir Mareion, Félix & Barbas demeurèrent au lieu
où écoient les faintes reliques , pour le rendre plus sûr £
réfolus d’y paffer leur vie , 3c efperant d’être enterrez
auprès d’eux. Les fideles eurent foin de recueillir les
ailes des trois interrogatoires des martyrs,. 3c en obtinrent
une copied’iln desfpeculateursnomtriéSabaifey
moïennant «deux cens deniers, qui font près de quatre
vingt livres de notre monnoïe. Enfuite ils envoïerenc
ces ailes aux fideles d’Iconium par quelques uns de
ceux qui avoient éte fpcilateursde l’execution , 3c h s
chargèrent d’une lettre dont le titre cil t e l .« Pamphile-,.
Marcien,Ly fias, Agatocles,Parmenon, Diodore, Félix,
Gemellus, Athenion,Tharaque 3c Oiofc;à Aquilus Bal-
fus, Berulle,Timothée 3c tous les freresqui fontà Icône.
Enfuite ils le prient d’envoïer ces ailes aux frères
de la P.li lie 3c delà Pamphdie ; pour les édifier ôc les
fortifier dans la foi. Après les ailes 3c le récic de i’exe