
XLVITÏ.
$. Gcnés, 8f autres
martyrs à Ro-
inc.
J.aSl. mort. c. 17.
¿ ü a j i n c . p . iBj.
471 Histoire Ecclesiastique.
nent ! je fuis chrétien. Calvifiendit: facnfie fi tu veux
être délivré. Euplius dit : Je me facrifie maintenant à
J. C. mon Dieujje ne puis faire davantage ; vos efforts
font vains ; je fuis chrétien. Calvifien commanda qu’on
recommençât à le tourmenter plus rudement. Euplius
dit pendant qu’on le tourmentoit : Je vous rends grâces
, J. C. Secourez-moi, J. C. C’eft pour vous,J. C.
que je fouffre ces tourmens. il le répéta plufieurs fois.
Comme les forces lui manquoient, ildifoit encore ces
paroles, ou d’autres femblables, des lèvres feulement
fans voix.
Calvifien entra derrière le rideau & diéla fa fentence,
puis il fortit avec une tabletre,& lut : J’ordonne qu’on
punifle par le glaive Euplius chrétkn, pour avoir mé-
prifé les édits des princes , ôc blafphemé contre les
dieux , fans avoir voulu s’en repentir;menez le. Alors
on lui pendit au col l’évangile dont on l’avoit trouvé
faifi , & un crieur difoit .• Euplius chrétien , ennemi
des dieux & des empereurs. Euplius joi'eux difoit toujours
: Je rends grâces à J. C. mon Dieu. Quand il fut
arrivé au lieu du fupplice,il pria long-temps à genoux,
ôc rendant encore grâces, il prefenta fon cou , que le
bourreau lui coupa. Leschrétiensenleverent foncorps,
[’embaumèrent & l’enfevelirent. Dans la même perfe-
eution àSyracufe fouffrit Luce ou Lucie vierge ôc martyre
illuftre.
L’empereur Diocletien étoit en Italie* ôc y pafla une
grande partie de cette année 3 04. Il étoît venu a Rome
dès l’année précédente celebrer la vingtième année du
rcgne de Maximicn Herculius , qui c-o-mmencoit le
vingtième de Novembre, ôc en même temps il triompha
des Perfes. On peut rapporter à ces réjoüiifinces le
martyre de S. Gênés. Il étoit comedien & jouant fur le
theatre devant lxmpereur ôç tout le. peuple, il fie coucha
cha comme s’il eut été malade,- Ôc dit.- Ah , mes amis,
je me fens bienpefant, je voudrois être foulagé. Les autres
répondirent.-Comment te foulagerons-nousj’Veux-
tu que nous te faffions raboter, pour te rendre plus léger
t Infenfez, dit-il .• Je veux mourir chrétien. Pourquoi
t dirent-ils .• Afin qu’en ce grand jour Dieu me
reçoive comme un fugitif. On fit venir un prêtre Ôc
un exorcifte -, c’eft-à-dire des comédiens qui en faifoient
leperfonnage-, s’étant affis près de fon lit, ils lui dirent.-
Mon enfant, pourquoi nous as-tu envoïez quérir? Gênés
fut changé tout d’un coup,parinfpiration divine, ôc
leur répondit férieufement: Parce que je veux recevoir
la grâce de J. C. & renaître pour être délivré de mes
pechez. Ils accomplirent les cérémonies du baptême -,
ôc quand on l’eut revêtu d’habits blancs, dés foldats le
ie prirent en continuant le jeu, & le préfenterent à l’empereur
, pour êtrejnterrogé comme les martyrs.
Alors il parla ainfi du lieu élevé où il étoit : Ecoutez
empereur ôc toute la cour, les fages ôc le peuple de
cette ville. Toutes les fois que j’ai feulement oiii nommer
un chrétien, j’en ai eu horreur, ôc j’ai infulté à
ceux qui perfeveroient dans la confeifion de ce nom.
J’ai detefté mes parens même ôc mes alliez , à caufe
du nom chrétien ; ôc j’ai méprifé cette religion jufi
ques à m’informer exactement de fes myfteres, pour
vous en divertir. Mais quand l’eau m’a touché à nud ,
&i quand j’ai été interrogé, j'ai répondu que je croîois ;
j’ai vû. une main qui venoit du ciel, ôc des anges lumineux
au-deffus de moi; ils.ont lû dans un livre tous
les pechez que j’ai commis depuis mon enfance ; les ont
lavez dans la même eau, dont j’ai été arrofé en votre
prefence ; ôc m’ont enfuite montré le livre plus blanc
que la neige. Vous donc-maintenant, grand empereur,
Tome I I , O 0 o