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tou pas moins avide ; mais aïant dans fon partage des
provinces riches, comme l’Afrique & ' l ’Efpagne , il ne
fe mcttoic pas tant en peine de thef.mnfer. Il fit acculer
par calomnies plufieurs fcnaceurs d’avoir afpiré à l’empire
pour ufurper leur bien. Il étoit débauché , jufques
a violer des filles de la première qualité ; par tout où il
paiToïc ©n les enlevoit à leurs parens pour les lui pre-
fenter. Il fuivoit brutalement toutes fes pallions; étoit
cruel Si .imprudent, fans foi & fans parole , amateur
viifèr.iecaf. des nouveautcz. Larudelfe de fon humeur paroilToit à
fon vifage & à fon air négligé, aulïi n’avoit-il ni po-
liceife , ni éducation , comme étant né en Pannonie de
parens ruftiques.
Le cefar Confiance, étoit le meilleur des quat re,&
on ne lui reproche aucun vice ; mais Je cefar Ga-lerius
Maximien etoit le pire. C ’étoit une bête feroce, qui te-
noit plus du barbare que du Romain;aulïi fa mereétoit-
elle venue d au-dcla du Danube. Il étoit grand & gros à
faire peur, le regard, le gelïe , la voix, les difcours, tout
en etoit terrible ; fon beau pere Diocletien naturellement
timide , le craignoit horriblement. Tels étoient
ceux qui gouvernoient alors l’empire.
Us lailferent d’abord les chrétiens en liberté, ce qui
n empechapas qu’Herculius,fuivant fon humeur brutale
&i inégale , ne les perfecutat quelquefois, comme nous
avons vu dans les Gaules. Les autres leur furent même
favorables, jufques à leur confier des gouvernemens de
provinces, & leur donner descharges dans leurs palais ;
icmffrant qu a leur vue, ils paTlaffent librement de la
vraie religion & l’exerçaifent avec leurs femmes, leurs
enfans &c leurs domeftiques. Ils les diiïinguoient & les
cheriiToicnt plus que leurs autres ferviteurs. Tels étoient
à Nicomedie, auprès de Diocletien , Dorothée le plus
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cher & le plus fidele de fes officiers, à qui les gouverneurs
& les magiftrats rendoient de grands honneurs, &
Gorgonius auffi fort célébré. Les aifemblées ecclefiaf-
tiques étpient fi nombreuies dans toutes les villes, que
les anciens bâcimcns n’étant plus fuffifans, il fallut en
faire par tout des nouveaux dès les fondemens ; & per-
fonne n’empêchoit ces grands ouvrages.
Cette profperité caufa du relâchement. Les chrétiens
étoient envieux les uns des autres, & fe déchiroient
par des injures & des médifances. Les peuples étoient
féditieux, .& les chefs divifez contre les chers. L ’hypo-
cr'ifie & la diffimulation étoit grande, les pafteurs ou-
blioient la loi de Dieu, avoienc des jaloufies entr’eux ,
exerçoient des haines, ufoient de menaces, & pourfui-
Voient avec ambition les charges ecclefîaftiques, comme
des dominations temporelles. Ces pechez attirèrent la
perfccution, & voici quel en fut le commencement.
Diocletien étoit en Orient ; comme il étoit craintif & xxn.
curieux de l’avenir , il faifoit immoler des bêtes pour dfprfecuùon'“'
confulter leurs entrailles ; quelques-uns de fes ferviteurs Laam.t.dCmort.
chrétiens qui étoient prefens, firent fur le front le fio-ne *’ 10‘
delà croix , ce qui troubla les facrifices. Les arufpices
ne trouvoient plus dans les entrailles des viétimes les
marques accoutumées ; & quelque quantité qu’ils en f i f
fent immoler , elles ne leur montroient rien : enfin leur
chef,‘ foit par foupçon , foie qu’il l’eût vû , dit qu’il y
avoit là des hommes profanes, dont la prefence empê-
choit que les facrifices ne réiiifiifent. Alors l’empereur
en furie commanda que l’on fîtfacrifier, non feulement
ceux qui fervoient aux facrifices, mais tous ceux qui é-
toient dans le palais;& que s’ils refufoient, ils fulTent châtiez
à coups de foiier. Il écrivit auifi à ceux qui cornman-
doient les troupes, de contraindre les foidatsà facrifier,
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