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deles & épouvanter les chrétiens. Afin qu’il ne puf-
fent saiTembler , il fit découvrir l’églife & en ôter les
tuilleSjCe qui fut exécuté promptement. Cependant il
chargea fes foldats des écritures & les fit brûler : la flamme
s eleva fi haut, qu’elle épouvantales afliftans. On le
vint dire à Philippe dans le marché, où il étoitaflis entoure
de plu fieurs perfonnes ; il prit occaiion de ce,feu,
pour parler aux afliftans, de la vengeance divine, dont
les impies font menaccz;& leurreprefenta leurs temples,
leurs idoles & leurs dieux mêmes brûlez en diverfes oc-
cafions, commençant parla mort d’Hercule proteéàeur
d Heraclee,& dont elleavoitprisle nom.Toutcela ten-
doit apparemment à montrer que la religion n’étoit
point întereffee a ce brûlement des écritures.
Cependant Cataphronius facrificateur parut dans la
place avec fes miniftres, qui portoient l’appareil du facri-
fice & du feftin profane. Alors Hermes dit r Ce repas
que vous voïez eft une invocation du démon, & on l’apporte
pour nous en infeèter, Incontinent après le gouverneur
Baflus entra dans la place , fuivi d’une grande
multitude de tout (exe & de tout âge, dont les unsiui-
vant la legerete du peuple, étoient affligez du fupplice
des chrétiens, les autres n’en étoient.que plus irritez,
principalement les Juifs. Baflus prefla Philippe de facrifier,
premièrement aux dieux, puis aux empereurs,puis
a la fortune de la ville ; Ôc lui dit enfin : Sois au moins
touché de laprefence d’Herculc,dont tu vois la ftatuë
fi grande & fi belle. A quoi Philippe répondit, en dé-
teftant le culte des idoles, & en démontrant l’abiurdité.
Baflus vint enfuite à Hermes,& lui dit: Sacrifie au moins
toi- J e ne faerifie point , dit Hermes ; je fuis chrétien.
Baflus dit : De quelle condition es-tu? Hermes répondit
: Je fuis décurion , &c j’obéis en tout à mon maître:
parlant de l’évêque. Baflus dit : Si l’on perfuade à Philippe
de facrifier, fuivras-tu fon autorité ? Hermes répondit
:. Je nele fuivrois pas ; mais on ne lui perfuadera
pas. Après l’avoir encore inutilement menacé & prefle
de facrifier, du moins aux empereurs, il les fit tous
mettre en prifon.
Comme ils y alloient, quelques infolens poufloient
le faint vieillard Philippe & le faifoient fou vent tomber;
mais il fe relevoit avec un vifage g a i , fans témoigner
ni indignation, ni douleur. Tous admiroient fa patience.
Ils entrèrent avec joie dans la pr ifon, difant un
pfeaume , pour remercier Dieu de la force qu’il leur
avoit donnée. Peu de jours après on leur permit de demeurer
dans la maifon d’un nommé Pancrace, voifine
de la prifon. Là plufieurs chrétiens venoient de divers
endroits, & ils les inftruifoient des myfteres de la religion.
Ils furent remis dans la p rifon, qui étoit contiguë
au theatre ; enforte qu’il y avoit une entrée fecrette de
la prifon dans.le theatre, fermé de tous côtez. Ils y
recevoient le peuple, qui venoit les voir en foule, avec
tant d’empreffement, qu’ils les vifitoient même la nuit,
& fe profternoient à terre pour baifer les pieds de faint
Philmpe.
Cependant le temps du gouvernement de Baflus finit
& Juftin lui fucceda. Les chrétiens en furent affligez ;
car il étoit beaucoup plus rude que Baflus,qui fouvent
fe rendoit à la raifon, parce que fa femme fer voit Dieu
depuis quelque temps. Alors Zoïle magiftratde la ville,
entouré de peuple & de foldats, fit amener faint Philippe
au tribunal du gouverneur Juftin , qui lui demanda
s’il étoic l’évêque des^chrétiens ? Je le fuis, répondit
Philippe : je ne le puis nier. Juftin lui déclara l’ordre
des empereurs, 6c le preffa de facrifier. Philippe
P p p hj