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fauve par fes fouffrances. M aximedit : Quitte ces vains
difcours,approche &-facrifie. Tharaque dit : Je ne fuis
point un difcoureur, j’ai déformais foixante ans, j’ai
.été ainiï élevé,& je ne quitte point la vérité. Demetrius
centurion dit : Mon ami,épargne toi, croi moi, facr.ifie,.
Tharaque dit : Retire toi mimftre de f.tan , & prends
pour toi ces confeils. Maxime dit : Qu'on le muté aux
grands fers & qu’on le remene en prifon. Amenez celui
qui eft le fécond en âge.
Demetrius centurion dit : Le voilà, le igné ut. Maxi-
médit : Lailfe à part le langage inutile , dis comment
t’appelles-tu ? Probus dit : Premièrement & principalement
je m’appelle chrétien, enfuite parmi les hommes
on m’appelle Probus. Maxime dit : De quellcconcition
es tu î Probus dit : Mon pere étoitde Thrace,je fuis né
lagmv.u a Side en Pamphylie,je fuis du peuple '¿¿chrétien. Maxime
dit : Ce nom ne fert de rien , -croi-moi, Lcri fie
aux dieux,afin que tu fois honoré par les empereurs,&
que tu aies notre amitié. Probus dit : Je n’ai pas befoin
de l’h onneur des empereurs & ne me foucie pas de votre
amidé. J ’avois des biens confiderabies , que j’ai mépri-
fez pour fervrr au Dieu vivant par J . C. Maxime dit :
s. Otez lui fon manteau,ceignez-le, étendez-leèc le frappez
de nerfs de boeuf. Cette manieredeceindre les pa-
tiens,marquée même dans l’évangile, lervoit apparemment
à ne les pas expofer nuds ; on leur faiioit donc
comme une ceinture de leur tunique , ou de quelque
autre chofe. Tandis que l’on frappoit Probusà coups de
nerfs , le centurion Demetrius lui dit : Epargne- roi »
mon ami,tu vois ton fan g couler par terre. Probus dit :
Je vous abandonne mon corps ; vos tounnens me font
des parfums. Maxime dit : Ne quitteras.-tu pas enfin ta
folie ? Qu’attens-tumiferable ? Probus die: Je ne fuis
L i v r e n e u v i è m e . 4 9 9
point fou , je fuis plus fage que vous ; puifque je n’adore
point les démons. Maxime dit : Tournez-le,& le frappez
fur le ventre. Probus dit : Seigneur affiftez votre
ferviteur. Maxime dit : Dites-lui en le frappant,ou eft
celui qui t’affifte ? Probus dit : Il m’aflïfte 6e m'affilierai
car je méprife fi bien vos tourmens, que je ne vous o-
béis pas. Maxime dit : Regarde ton corps,tniferable,la
terre eft remplie de ton fang. Probus dit : Sqachez
qu’autant que mon corps fouffre pour J . C. autant mon
ame eft plus vigoureufe. Maxime dit : Mettez-le aux
£ers;étendez-le au quatrième trou,& ne fouffrez pas que
perfonne le panfe. Amenezl’autre au milieu du tribunal.
Demetrius centurion dit : Le voila,feigneur .Maxime
dit: Comment t’appelles-tu ? Andronicdit : Jefuis chrétien
i car c’eft ce que vous voulez fçavoirqe vous le dis
donc,je fuis chrétien. Maxime dit : Puifque ce nom na
fervi de rien à ceux qui ont palfé devant toi , dis-moi
en un mot ton nom,que je te demande. Andronic dit :
Si vous demandez mon nom. vulgaire parmi les hom^
mes , on m’appelle Andronic. Maxime dit : De quelle
nailfance es tu ? Andronic dit : Je fuis noble & fils des
premiers de la ville d’Ephefe. Maxime dit : Lailfe tous
ces difcours recherchez -, je te parle en pere , croi-moi,
ceux qui ont palfé devant toi ont voulu faire les infen-
fez, ils n’y ont rien gagné. Honore les empereurs , fa-
crifie aux dieux de nos peres & on te fera du bien. Andronic
dit: Vous les nommez bien les dieux de vos peres,
puifque vous avez pour pere fatan,& vous êtes devenus
des démons ; car vous faites fes oeuvres. Maxime dite
T a jeunelfe te rend infolent. Andronic dit .-Je vous parois
jeune par l’âge ; mais mon efprit eft avance & préparé
à tout. Maxime dit : LailTe tous ces difcours & f a -
çrifie pour éviter les tourmens. Andronicdit : Croiez-
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