
ï8<r H I S T O I R E Ec C L E S I A S T I QU 2'.
Prions donc du fond du coeur ; frappons, & on nous
ouvrira ; pourvu que notre priere foie unanime. Car
vous devez fç avo ir, & c’eft ce qui m’a prefle de vous
écrire cette lettre , que le Seigneur a bien voulu faire
paroîtreune vifion dans laquelle il a été dit : Demandez
&c vous obtiendrez. Enfuite il a été commandé au
peuple qui étoit préfent, de prier pour certaines per-
fonnes marquées ; mais dans leurs prières les vo ix ont
été difeordantes & les volontez divifées. Ce qui a fort
déplu a celui qui avoit dit : Demandez & vous obtiendrez.
Et enfuite: Sçachez, mes chers freres,qu'il nous
a déjà été reproché autrefois en vi(îon,que nous fom-
mes endormis dans nos prières. Il les excite à la v ig ilance
par l’exemple des Apôtres & de J . C. même qui
paiToit les nuits en prières , & il ajoute : Enfin Dieu a
bien voulu faire avertir ainfi le moindre de fes fervi-
teurs chargé de p eche z, & indigne de l’honneur qu’il
lui fait : Dites - lu i , qu’il foit alluré que la paix v ien dra
-, ce qui la retarde un peu , c’eft qu’il en refte quelques
uns à éprouver Dieu daigne bien auffi nous avertir
d’être fobres dans le boire & dans le manger, de peur
que lescoeurs déjà élevez par la grâce celefte, nes’affoi-
bliiTent, Scquel’efprit accablé de viandes nefoit moins
vigilan t pour la priere. J e n’ai pas dû vous cacher tout
c e c i, ni me contenter de le fçavoir. Ne cachez pas non
plus cette le ttre , mais faitesla lire aux freres.
Dans une autre lettre aux prêtres 8c aux diacres, il
dit : On doit avoir un foin particulier des corps de tous
ceux qui meurent en prifon, quoiqu’ils n’ayent pas été
tourmentez II faut les compter entre les bienheureux
martyrs, puifqu’ils ont fouffert autant qu’ il étoit en eux,
tout ce qu’ils ont été prêts de fouffrir. Marquez le jour
de leur mort, afin que nouspüiffions célébrer leur me»
L i v r e s i x i i ’ m e , i 87
moire avec celle des martyrs. Ileft vrai que notre frere
T e r tu llu s , fuivant fon zele ordinaire, m’écrit les jours
aulquelsnos freres prifonnierspaifent à l’immortalité;
Si nous célébrons ici pour leur mémoire des facrifices
que nous offrirons bien tôt avec vou s , s’il plaît à Dieu.
N e manquez pas auffi, comme je vous l ’ai fou vent
é c rit, d’avoir foin des pauvres; j ’entends de ceux qui
font demeurez fermes dans la fo i, & non fuccooebez ,
ni à la pauvreté , ni à la perfecution.
Entre les confeifeurs prifonniersàCarthageéroit un xxxix.
nommé Lucien , qui vers ce tems-là reçut de Rome lerilTdcLul
une lettre d’un de fes anciens am is , nommé Celerin , ciel'•
qui avoit confefféen préfence de l’empereur , au commencement
de la perficution, &c depuis étoit forti de
prifon. Apres des témoignages d’une tendre Si fainte ¿t-.cPyP'zs-
am itié , Celerin lui marquoit Ion extrême douleur pour
la mort fprrituelle de quelques foeurs qui avoient facri-
fié aux idoles. C ’eit pourquoi, ajoûtoit-il, j ’ai pafle dans
les larmes la joie de la Pâque, pleurant jour & nuit ,
couvert d’un ci lice & de cendre, jufqu’à ce que N S J .C .
par fa grâce , 8t par votre interceffion, ou par celle que
vous demanderez à nos freres qui feront couronnez,
leur accorde le pardon de leur crime. Car je me fou-
viens de votre chaiité ; je ne doute point que vous ne
foyez touché de la faute de nos fceursNumerie &c Candide
, que vous connoiffez. Si vous intercédez pour elles
aupiès de J . C. vous qui êtes fes martyrs : je croi
qu il leur pardonnera, en confi Jeration de te pénitence
qu’elles ont taite, & des alhftances qu’elles ont rendues
à nos freres, qui étant bannis, font venus ici de
chez vous, Sc vous en rendront témoignage, je vous
prie donc de parler à vos con fé ré s de nos foeurs
Numerie ôeCandide, 8c de conjurer ceux qui feront