
374 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
force qu’il le lailfa étendu par terre, fans pouvoir par.
1e r , & fentant des douleurs excelfives. Le lendemain
fon ami vint à l’ordinaire lui apporter du pain, aïant ouvert
la porte & le voïant étendu comme mort, il le porta
à l’églife du bourg, où il le mit à terre ; & plufieurs
de fes parens & de fes voifins le croïant m o rt, vinrent
s’affeoir auprès de lui. Sur le minuit Antoine s’éveilla
& les vit tous endormis, hors ion ami feul. Il lui fit figue
d’approcher, & le pria de le reporter dans lefepul-
cre , fans éveiller perfonne ,c eq u ’i l f i t ; &c Antoine aïant
refermé la porte continua d’y demeurer feul. Ne-pouvant
le foutenir à caufe des coups qu’il avoit reçus, il
prioit couché & défioit le démon. Alors il oiiit un fi
grand bruit, que tout le bâtiment en fut ébranlé : les
dénions comme aïant ouvert les quatre murailles de la
chambre , parurent y entrer en foule foüs diverfes formes
de bêtes afireufes ; de lions , d’ours, de léopards,
de taureaux, de loups, de fcorpions, d’afpics, &c d’autres
ferpens, chacun jettant fon cri ; & s’élançant fur
lui avec furie. Antoine , bien que percé de coups, demeura
ferme & continua de les méprifer. Enfin levant
les yeux il vit le toit comme s’ouvrir , 8f un ra'ïon de lu mière
qui venoit à lui : les démons diiparurent, fes douleurs
ceiTerent, le bâtiment fut rétabli. Antoine dit : Où
é tie z -vou s, Seigneur, & pourquoi n’êtes-vous pas venu
dès le commencement : Il oüit une voix qui répondit :
J ’étois ici , mais je voulois être fpeCtateur de ton courage
: puifque tu as réfifté , je t’aififterai toujours, &
te rendrai célébré par toute la terre. Antoine fe leva
pour prier , & fentant en lui plus de force, qu’il n’en
avoit auparavant, partit dès le lendemain pour aller
dans le defert. Il avoit environ trente-cinq ans ; & ainfi
fe palferent les quinze premières années de fa retraite,
L i v r e h-u i t i e ’m e , 37;
L ’empereur Claude 11. mourut la troifiéme année de
fon regne, vers le mois de Novembre , fous le confulat
d’Antiochien & d’Orficus, c’eft à direl’an z y o .d e J .C .
Les foldats élurent empereur fon frere Quintillus : mais
il leur devint odieux pour fa feverite, ôc fe voiant abandonné,
il fe coupa les veines & mourut après avoir régné
feulement vingt jours, laiifant l’empire à Aurelien, qui
commandoit fous Claude toute la cavalerie, & qui étoit
fiimeux dès le' temps de l’empereur Valerien. Il étoit né
en Pannonie de parens o b fcu rs , & s’étoit élevé par les
armes. Il étoit jufte, mais très-fevere , principalement
à fesdomeftiques & aux gensdegiferre. Ses nomsétoient
Domitius- Valerius- Aurelianus. Il commença à regner
fur la fin de cette année z y ô . de J . C .
Deux ans après il marcha en Orient contre Z en o b ie ,
qui y foutenoit toujours ion empire fous le nom de fes
enfans-. Il prit Tyane ; tV comme il l’affiegeoit, il fut
frappé de quelques preftiges , qui lui firent embraffer le
culte d’Apollonius, à qui il promit une ftatuë& un temple.
Il prit Antioche , & après avoir gagné une bataille
près d’Emeflè , il aifiegea Zenobie dans Palmire fa capitale
, qu’il prit enfin , & emmena Zenobie dans lès fers.-
Paul de Samofate s’étoit foutenu jufques-là par la protection
de cette reine. Il demeuroit toujours a Antioche
fans obéir à la condamnation du concile , ni quitter la
maifon qui appartenoit à l’églife.- Les chrétiens s en
plaignirent à l’empereur Aurelien :& il ordonna que la
maiion fut adjugée à ceux à qui les évêques d’Italie & de
Rome adrefferoient leurs lettres. Tant il étoit notoire ,
même aux païens , que la marque des vrais chrétiens
étoit la communion avec l’églife Romaine. Paul de Samofate
fut donc chaiïé de l’églife par le magiftrat fecu-
lier avec la derniere infamie.
v in .
Mort oc Claude.
Aurelien empereur.
Pcrfecution.
Eufeb. chr. Wjjh
I. z. cod. de dtv.
refe. Trebell.
Cl and. p. z o é .c ,
Voptfc. Autel»
Eùf. chr.
Vopifc. Aurel.
Euf. v u . hift'C't
30.