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formes. Et encore: Celui quife fépare del'églifcde J. C,’
ne recevra jamais les recompenfes de J. C. c'eft un étranger
, c’eft un profane, c’eft un ennemi. Celui-là ne
peut plus avoir Dieu pour pere, qui n’a point l’églife
pour mere. Si quelqu’un a pu fe fauver hors de 1 arche
de Noé, l’on fe peut fauver auffi hors de l’églife. Et en-
fuite : Il n’y a qu’un Dieu, qu’un Chrift, qu’une Eglife,
l'uniténepeutêcredivifée, & un corps ne fubfifte plus
quand il eft demembré ; quiconque fe fcpare du tronc
ne peut plus avoir de vie. Et ailleurs: Que perionne ne
s’imagine que les bons puiifentfortir de l’églife, lèvent
n’emporte point le froment, mais feulement la paille le-
gere.Ce font ceux qui fans ordre deDicu,s’élèvent d’eux-
mêmes fur une troupe de téméraires; qui fe font prélats
contre les loix de l’ordination , qui fe donnent le nom
d’evêques fans recevoir l’épifcopat de perfonne. Et en-
fuite : Le fchifme eft un crime ii énorme, que la mort
même ne peut l’expier : celui qui n’eft point dans l’églifç
ne peut être martyr, il peut être tué, mais il ne peut
être couronné.
Comme il y avoit encore des confefieurs dans le fchif-
me, il répond à ce préjugé, en difant: Que laconfeffion
du nom de J. C. ne met pas à couvertdes attaques du
démon; autrement, dit-il, les confefleurs ne tombe-
roient ni dans l’adultere, ni dans les autres crimes, où
nous en voyons avec douleur quelques-uns; un confef-
•ieur, quel qu’il foit, n’eft ni plus vertueux ni plus chéri
de Dieu que Salomon. Il n’y aura defauvéque celui qui
perféverera jufques à la fin. Et enfuite: Les apôtres ne
perdirent pas leur foi & leur fermeté , pour avoir été
abandonnez par Judasjainfi l’infidélité de quelques con-
feffeurs ne détruit pas la fainteté de tous les autres Enfin
il ordonne de fe féparer des fchifmatiques & de les fuir,
Dans le traité de ceux qui étoient tombez . . 1 1 • 1 • • 1 il n’éparene P„u ni}t}io•n mira- ni les reproches pour les humilier , ni les autres rem Q- culcufe desapo-
des propres à les guérir. Et anfin de rendre plus fenfible ftats‘
l’énormicé de leur crime ; il rapporteplufieurs punitions
miraculeufes, dont il avoit une connoiflance particulière.
Un d’eux, qui étoit monté volontairement au Ca-
pitole, pour nier la foi, devincmuet, auffi-rôt qu’il eût
renoncé à J. C. Une femme étant allée au bain, après
avoir commis ce crime, tomba faifie du malin efpric,
fe déchira la langue de fes dents, &c mourut peu de
tems après tourmentée de douleurs de ventre & des
entrailles. Desparens eh s’enfuyant laiflerent une petite
fille à la mamelle, entre les bras de fa nourrice, qui
la porta aux magiftrats: comme cet enfant ne pouvoir
encoremanger delà chair, onlui donna dupain trempé
dans levinqui reftoitdu facrifice. La mere ayant depuis
repris fa fille, & ne fachant point ce qui s’étoit paf-
fé, l’apporta à l’églife, comme S. Cyprien offroit le iaint
Sacrifice. L’enfant pendant toutes les prières ne fit que
pleurer & fe tourmenter. Aprèsla co#ifecration, lorf-
que le diacre vint prefenter le calice aux affiftans, le
rang de la petite fille étant venu, elle détourna le vi-
iage, ferra les lèvres & refufa lecalice. Le diacreinfifta
& lui fit avaler malgré elle du facrement contenu dans
lecalice.; alors elle le mit à fangloter & à vomir & re-
jecta ce qu’elle avoit pris de l’euchariftie. Une femme
adulte, qui étoit tombée dans l’apoftafie, s’étant auffi
prefentée, comme S. Cyprien facrifioit ; & ayant reçu
la communion par furprife; perdit tout d’un coup la
refpiration ,& tomba tremblante & palpitante: Un autre
ayant ouvert fan coffre, où étoit la fainte eucha-
riftie, envitfortitun feu qui l’épouvanta ; & elle n’ofa
y toucher. Un homme qui avoit apoftafié, ayant reçu