
H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
impurs qui fe plaifenr à ces facrifices, ôc qui préparent
des peines éternelles à ceux qui les font. Vous ne me
perfuaderez jamais de les adorer. Lyfias dit: Qu’on l’attache
pour être battu de verges, autrement je ne pourrai
le mettre à la raifon. Claude dit : Quand vous nie
feriez iouffrir des peines plus cruelles, vous ne me nui-
fezpoint-, vous préparez à votre ame un fupplice éternel.
Lyfias dit : Les empereurs ont ordonné que les chrétiens
facrifienc aux dieux, qu’on pumfte ceux qui refu-
feront, ôc que l’on promette des honneurs & des recom-
penfes à ceux qui obéiront. Claudedit : Leurs recompen-
fes font temporelles ; la confeifion de J. C. fauve éternellement.
Alors le proconful commanda qu’on le pendît au
chevalet, qu’on lui appliquât le feu aux pieds, qu’on lui
coupât de petits morceaux de chair aux talons, ôc qu’on
les lui prefentât. Claudedit : Le feu ni les tourmens nç
font point de mal à ceux qui craignent Dieu , cela leut
fert pour le falut éternel. Lyfias commanda qu’on le
déchirât avec les dents de fer ; puis qu’on lui frottât
les côtes avec des morceaux de pots caftez , ôc que l’on
y appliquât des flambeaux allumez. Claude dit : Vocre
feu Ôc tous vos tourmens fauyeront mon ame. Je compte
comme un grand profit de iouffrir, pour Dieu , &
comme un grande richefte de mourir pour J. C. Telle
çft notre condition , qu’en fouffrant nous acquérons la
vie eternelle. Lyfias dit : Détachcz-lq, rpmenez-le en
prifon , & amenez-en un aptre. #
Eulalius concierge dit : Suivant vos ordres, Seigneur,
voila Afterms le fécond frere. Lyfias lui dit : Croi-moi
du moins, facrifie aux dieux. Tu as devant les yeux, les
tourmens qui font préparez à çeux qui le 'refuient.
dit ) Il ffy % qu’pn Qicu, quj habiçç au çiçl, &?
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L i v r e h u i t i e ’m e . 393
qui regarde les choies les plus baffes en fa grande puif-
fance : mes parens m’ont appris à l’adorer & à l’aimer. Je
ne connois point ceux que vous adorez ôc que vous nom-
mtez dieux. Lyfias le fit pendre au chevalet, en difanc :
Serrez-lui les côtes, & lui dites : Crois du moins,maintenant
, & facrifie aux dieux. Afterius dit : Je fuis frere
de celui qui vient de vous répondre,nous n’avons qu’un
même efpric & une même confeifion : mon corps eft en
votre pouvoir, non pas mon ame. Lyfias dit ¡Prenez les
moufles de fer, liez - lui les pieds, & .le tourmentez fortement.
Afterius dit : Infenfé, pourquoi me tourmentez
vous ? N’avez-vous pas devant les yeux larecompen-
fe que le Seigneur vous en rendrai Lyfias die : Mettez-
lui fous les pieds des charbons ardens, frappez-le de verges
ôc de nerfs fur le dos ôc fur le ventre. Afterius dit:
Faites, faites qu’il n’y ait pas un de mes membres qui
ne fouffre. Lyfias dit : Détachez-le, gardez-le avec les
autres ; amenez le troifiéme.
On amena Neon. Lyfias lui dit : Mon fils approche,
facrifie aux dieux, afin d’éviter les tourmens. Neon répondit
: Si vos dieux ont quelque pouvoir, qu’ils fe défendent
eux-memes de ceux qui les nient, fans avoir be-
foin de votre défenfe. Si vous êtes compagnon de leur
malice , je vaux bien mieux que vos dieux ôc que vousi
puifque je ne vous obéis point, aïant le vrai dieu, qui
a fait le ciel ôc la terre. Lyfias dit : Frappez-le fur le cou,
& lui dites:Ne blafphême point contre les dieux. Neon
sic : Vous trouvez que je blafphême en difant la vérité.
L y fias dit : Etendez-le par les pieds ; mettez des charbons
fur lui j ôc lui déchirez le dos à coups de nerfs,
après que cela fut fait, Neon dit : Jeferai çe qui eft utile
à mon ame ; on ne peut m’ôter cette réfolution.
L y fins dit : Eulalius concierge ôc Archelaüs fpicula-
T om I I , D d d
X V I I .
Martyre de