
V.
Exhortarlo»
cT Origene au
Martyre.
vi. & z8,
Orig. martyr»
f. io7.
i i g H i s t o i r e E c c l e s i a s t iq u e .1
Judée & à Jerufàlem , prétendant en être venue $ elle
s’étoit acquifeune telle autorité fur fes feéfateurs, qu’ils
la iuivoient par tout, & lui obéifToient en tout. Elle eut
iouvent la hardiefïe de contrefaire la confècration de
l’euchariftie, par l’invocation terrible, & d’offrir à Dieu
le fàcrifice avec la priere ordinaire , debaptiièrplufieurs
perfonnes, employant les termes de l’interrogation légitime
5 enibrte qu’elle fembloit ne s’éloigner en rien de
la regle de l’églifê. Elle trompa un prêtre nommé Rufti-
que & un diacre : jufqu’à venir à la derniere corruption
, ce qui fut découvert peu de tems après. Car un
des exorciftes, homme d’une vertu connue, excité par
pluiieurs des freres , s’éleva contre l’efprit qui agitoit
cette femme , & lui refifta il fortement, qu’il montra
que c’étoit un efprit malin , & non pas fain t, comme
on croyoit auparavant. Le démon toutefois avoit
pris fes précautions , en prédifànt au peuple qu’il vien-
droit unadveriaire qui les tenteroit.
Ce fut dans cette perfecution & apparamment de là
retraite, qu’Origene écrivit l’exhortation au martyre »
à fon ami Ambroifè, qui avoit été pris avec un prêtre de
Cefàréc en Paleftine, nommée Protoéfete , & quelques
autres. Origene nomme la Germanie le lieu où ils dévoient
fbuffrir le martyre y 8c l’on trouve en Orient
quelques villes de ce nom. Mais il n’eft pas impoffible
que l’empereur Maximin ne les eut fait amener dans la
grande Germanie , c’eft-à-dire dans l’Allemagne où il
étoit alors.
Origene dit en ce traité, que pour emplir la mefure
de la confeffion , il faut pendant tout le tems de l’examen
& de la tentation , ne donner aucune prife fur
nous au démon , qui veut nous infeéter de mauvaiiès
peniees de renonciation , ou de doute : ne dire aucune
L i V R E s i x i e” u e . tv.pl ■
parole qui s’éloigne de la confeffion } fouffrir tout de P*’
la part de nos advérlàires ; les infultes les mocqueries, les
rifëes , le mépris , la compaffion qu’ils témoignent de
l’erreur de la folie qu’ils nous attribuent. Déplus, n’être
point emportez par l’affeélion naturelle pour des en-
fans , pour une femme , & pour les autres perfonnes
cheres, par l’attachement aux biens, ou à la vie ; mais
être détachez de to u t , & entièrement à Dieu. Et ailleurs
: Il ne faut pas feulement combattre pour ne pas
nier ; mars pour n’avoir pas de honte, dés le commencement
que l’on efi traité indignement par les infidèles,
principalement après avoir été honoré & reçu en pluiieurs
villes ; ce qui s’adrefle à Ambroifè , qui avoit eu
de grandes charges. Il marque ailleurs qu’outre fa femme
& fes enfans , il avoir des freres & des foeurs. Il dit
encore : Comme les martyrs qui ont ibuffert des tour-
mens , ont montré plus de vertu que ceux qui n’en ont
point fouffert; ainfi nous autres pauvres devons vous
ceder la premiere place, à v o u s , qni par la charité avez
foulé aux pieds la gloire, vos grands biens ,• & la tendrefïè
pour vos enfans. Il les fait fouvenir des promefïès qu’ils
ont faites à ceux qui les inflruifoient pour le baptême ;
& leur montre que la liberté qu’ils âvoient alors de choi-
iir le vrai Dieu, eft devenue une neceiTité par l’engagement.
Il rapporte fort au long l’exemple d’Eleazar , & r8î‘
des fèpt freres, dont le martyre eft décrit dans le livre
des Machabées, & il le rapporte comme tiré de l’écri- 1. MacCtYl.lStie
ture.
Quelques-uns regardoient les fàcrifices comme Une ÎKr
chofè indifferente, & difoient que les noms étant d’inf-
titution , il n’importoit de dire: J ’honore le foîeil Ou
A p o llo n , ou Diane pour la lune, ou Cerès pour l’efi
prit de la terre ^ fuiyant la dottrine des fages d’entre les
p. tjf.