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racioti ; quatre ang’es nous fouleverent; nous baisâmes»
celui qui étoit a iîis , il nous paiTa les mains furie vilage.
Les autres vieillards nous dirent : Arrêtons, nous nous
ariêtâmes, 8c nous donnâmes le baifer de paix , 8c les
vieillards nous dirent : allez vous réjouir. Je dis à Perpétue
» vous avez ce que vous defirez. Elle me dit : Dieu
ibit loué , j’ai plus de joye ici que je n’en ai jamais eu
dans la chair.
En Portant nous trouvâmes devant la porte à main
droite l’évêque Optât, 8c à main gauche le prêtre 8c docteur
Afpafe, féparez,8c triftes. Ilsfe jetterent à nos p ied s ,,
nous dirent: accordez-nous, vous êtes partis 8c nous
avez laifiez en cet état. Nous leur dîmes. N ’êtes-vous
pas notre pere 8c vous un prêtre ; eft-ce à vous à vous
jetter à nos pieds. Nous nous jettâmesfureux 8c les em-
brafTâmes. Perpetuë commença â s’entretenir avec eux,
8c nous les tirâmes à part dans le jardin fous un rofier.
Gomme nous leur parlions les anges leur dirent:Laiifcz-
lesfe rafraîchir ; fi vous avez quelque fujet de d iv iiion ,
pardonnezvous l’un à l’autre. Ils les éloignèrent, 8c dirent
à Optât, corrigez votre peuple; ils vont à votre af-
femblée, comme s’ils retournoient du cirque, 8c s’ils dif-
p.utoient des faëfions^ Il nous parut qu’ils vouloient fermer
les’portes. Là nous reconnûmes plufieurs de nos frères,
8c des martyrs auffi ; nous étions tous nourris d’une
odeur ineffable qui nous raifafîoit.Là deffus je m’éveillai
plein de joye. Te lle fut lavifion deSatur.
Secondule mourut dans la prifon. Félicité étoit grofle
de huit mois, 8c voyant le jour du fpedacle fi proche »
elle étoit fort affligée, craignant que fon martyre ne
fut différé, parce qu’il n’étoit pas permis d’executer;
-lés femmes groffes avant leur terme. Elle cra-ignoit der
répandre enfuite.fon fang innocent avec quelques fee-
X'VIT.
A couche rient
¿crainte Fc!i.
cité.
Il
L i v r e c i n q u i e ’ m b I 35
Jerats. Les compagnons de fon martyre étoient fenli-
blement affligez de leur coté , de la laiffer feule dms
le chemin de leur commune efperance ; ils fe jo ign irent
donc tous enfemble à prier & gémir pour elle
trois jours avant cefpedtacle. Auffi-tot après leur prièr
e , les douleurs la prirent ; 8c comme l’accouchement
eft naturellement plus difficile dans le huitième mois,
fon travail fut rude 8c elle fe plaignoit.Un des guichetiers
lu id i t :T u te plains, que feras-tu quand tu feras
expoiée aux bêtes ? Félicité répondit : c’eft moi qui
fouffre maintenant ce que j e fouffre ; mais là il y en aura
un autre en moi , qui fouffrira pour moi , parce que je
iouffrirai pour lui. Elle accoucha d’une fille , qu’une
femme chrétienne éleva comme fon enfant.
Le tribu ntraitoic les martyrs plus rudement , parce
que fur l’avis de quelques gens de legere créance ,
ileraignoie qu’ils ne fe tiraflent de la prifon , par des
enchantemens de magie. Perpetuë lui dit enfuite : Pourquoi
ne vous donnez vous pas du foulagement , puif-_
que nous fommes les condamnez du très-noble Cefar ,
deftinez à combattre à fa-fête ? ISI’effc-il pas de votre honneur
que nous y paroiffions bien nourris ? Le tribun en
friffonna 8c en rougit, 8c commanda que l’on les crai-
tât plus humainement ; enforte que les freres 8c les
autres euffent la liberté d’entrer dans la prifon , 8c de
fe rafraîchir avec eux ; le concierge de la prifon etoit
déjà converti. Le jour de devant le combat, on leur don- TenM.
n a , fuivant la coûtume, le dernier repas, que l’on ap-
pelloit le foùper libre, 8c qui fe faifoit en public ; mais
les martyrs le convertirent en uneagape modefte , autant
qu’il étoit en eux. Ils partaient au peuple avec leur
fermeté ordinaire, les menaçant du jugement de D ieu ■;
relevant le bonheur de leurs louffrances, 8c fe moquan t
E ij