
xu.
Réponfrs des
Chrétiens*
? 2 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
d'inquiétude , vous vous abftenez des plaiilrs honnêtes
vous ne prenez part, ni aux fpedtacles, ni aux pompes,
ni aux feftins publics ; vous deteftez les combats iàcrez
ôc les viandes offertes fur les autels, tant vous craignez
les dieux que vous dites qui ne font point. Vous ne
Vous couronnez point de fleurs, ni ne vous parfumez
point le corps ; vous êtes pâles 8c tremblans, vous ne
refufeiterez point, & ne vivrez pas en attendant. Donc
s’ il vous refte un peu de bon fens ou de modeftie, cef-
fez de chercher les iècrets du ciel & la deftinée du monde
, c’eft affez de regarder à iès pieds, principalement-
pour des gens ignorans, grofliers, ruftiques ; ceux qui
ne font pas capables d’entendre les affaires de la vie
c iv ile , font bien moins capables de diicourir des cho-
fes divines. Ou fi vous voulez phifofopher, imitez So-
crate, qui difoit, que ce qui eft au-defliis de nous ne
nous regarde point ; la fouveraine iàgeflè efl: d’avoüer
fon ignorance. Pour moi j’eftime qu’il faut biffer les
chofes douteufes comme elles font, 8c ne pas juger te-
merairement, tandis que l’on voit tant de grands hommes
dans le doute, de peur d’introduire uneiuperftition
ridicule, ou de détruire toute la religion. Ainfi parla
Cecilius.
Oélavius répondit; que tous les hommes iàns diftin-
cfcion d’âge, de ièxe, de condition, font nez capables de
raifon,- & que les philôfophes, même avant que leur
réputation fut établie , étoient méprilez des grands 8c
des riches, comme des hommes vulgaires, pauvres 8c
ignorans. Moins le difeours eft étudié, plus'il efl: clair,
que c’eft la vérité feule qui perftrade. Il eft raifonnable
que l’homme iè connoifle lui-même ; mais il ne le p eut,
fans connoître le refte du monde, tant les parties en
font liées, & fans connoître Dieu qui en eft l’auteur ; if
L i v r e c i u q u i e ’m e . S j
faut connoître cette grande focieté, pour fe bien conduire
dans la focieté civile. Il vient enfuite aux preuves naturelles
d’un Dieu qui a fait le monde, & qui le gouverne
par fa providence. Nous ne p ouvon s , dit-il, ni le
v o ir , ni le comprendre; parce qu’il eft au-deffus de nos
fens & de nos connoiffances, immenfe, infini, connu de
luifeul tel qu'il eft. Il ne faut point non plus chercher
fon nom, fon nom eft Dieu. On a befoin de noms pour
diftinguer chaque particulier dans une multitude ; le
nom de Dieu fuffït pour celui qui eft feul Dieu. Il n’eft
autre chofe qu’efpritSc raifon ; les philôfophes mêmes
l’ont enfeigné ainfi pour la plûpart.
Il réfuté enfuite amplement les fables & les autres ab-
furditez de l’idolatrie. En parlant des hommes que
l’on faifoit dieux après leur m o r t, comme alors tous
les empereurs Romains, il dit : On leur donne ce nom
malgré eux ; ils fouhaitent de demeurer hommes, 8c
craignent de devenir dieux, quelques vieux qu’ils foient.
Il demande quand les idoles commencent à être des
dieux ; on le fo n d , on le fabrique, on le repare; il n’eft
pas encore dieu. On le dreffe, on l ’affermit avec du
plomb ; il ne l’eft pas encore ; on l’orne , on le con-
iàcre , on le prie ; le voilà dieu, quand il a plû à un
homme de le dedier. Il repond au refte, comme Ter-
tullien, à l’objection de la grandeur Romaine, & aux calomnies
des inceftes & des repas de chair humaine ; 8c
rapporte aux démons l’idolâtrie & la haine contre les
chrétiens. Il dit que nous n’adorons ni ne fouhaitons
les croix ; mais c’eft comme il a dit auparavant, que
l’on iè trompe fo r t , fi l’on croit que nous tenions pour
dieu un homme terreftre ou criminel. Oétavius, ou
plutôt Minucius qui le fait parler, n’entre dans l’explication
d’aucun myftere ; ainfi il n’explique ni f in .
1 ■
r. iet
fer.6.\
roit. Con-
iafl, re~
1 2 7 . & C ,
; H
: iiMp
E l
I I
il
Mi lil
\