
4 j<î H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
très. Ils étoient çn tout quarante - n eu f , trente-deux
hommes & dix-fept femmes, qui marçhoient gaiement
à la place où on les menoit, aïant Dativus à leur tête.
Le prêtre Saturnin étoic entouré defesenfans. Dans cette
même place l’évêque Fondanus avoir livré les écritures
divines 5 8t comme le magiftratleseut ornes dans le feu,
quoique le temps fût ferein, il vint tout d’un coup une
grande pluie , avec une grêle, qui gâta tout le païs, Da-
t ivus, Saturnin 8t les autres, aïant confeiTé J C .o n les
chargea de chaînes, Se on les çonduiiitâCarthage. Pendant
le voïage Us témoignoient leur joïe , par le chant
des hymnes Se des cantiques.
Ils furent livrez aux officiers du proconful Anulin,
qui les lui préfenterent, Se lui dirent que c’étoiçnt des
chrétiens, que les magiftrats d’Abitine renyoïoient
devant lu i , pour s’être affemblez Se avoir célébré les
myfteres contre l’édit des empereurs Se des cefars. D ’a-
bord le proconful interrogea Dativus, de quelle condition
il étoit, Se s’il avoit affilié àl’affemblée. Il répondit :
Qu’il étoit chrétien, Se qu’il s’étoit trouvé à l’aifemblée.
Le proconful lui demanda qui avoit préfidé à l’aflem-
blée ; Se auffi-tôt il commanda aux officiers de le mettre
fur le chevalet, de l’étendre Si de préparer les onr
gles de fer. Les bourreaux lui avoient déjà mis les cotez
à nud , Se tenoient leurs inftrume.ns tout prêts, quand
Theliça fe jetta au milieu d’eux. Et s’écria : Nous fommes
chrétiens, nous avons fait l’aflemblée. Le proconful
en furie lui fit donner de grands coups, le fit étendre
fur le çheyalet ¡8e déchirer avec des ongles de fer,
CependantThelica difoit : Je rends grâces à Dieu. J . C,
Fils de Dieu délivrez vos ferviteurs en votre nom. Comme
il repetoit cette priere, Je proconful lui dit : Qui
eff ayeç yous l’auteur de yetjrç ^iTemblé? ? ïl répondit ;
L i v r e h u i t i e ’m e . 4^7
C ’eff le prêtre Saturnin 8e tous les autres. Le proconful
cherchoit Saturnin, il le lui montra, non pour le trahir,
puifqu’auffi-bien il étoit prefent ; mais pour montrer
que la colleéie avoit été celebrée toute enciere, puif-
qu’il y avoit un prêtre.
Cependant Thelica dans fes douleurs prioit le Seigneur
, Se demandoit pardon pour fes ennemis ; il difoit
au proconful Se à fes bourreaux: Vous faites une in-
juflice, malheureux, vous agiffez contre Dieu ; Dieu très-
haut ne confentez point â leurs pechez. Vous pechez ,
miferables, de mettre en pièces des innocens : nous ne
fommes point homicides, nous n’avons fait tort à per-
ionne. Mon Dieu, aïez pitié d’eux. Je vous rends gra-
ces; donnez-moi la force de fouffrir pour votre nom ;
déli vrez vos ferviteurs des peines de ce monde ; je vous
rends grâces, Si ne puis affez vous rendre grâces. Pendant
qu’on redoubloit les coups des dents de fer , &
que le f ing couloir en abondance de fes cotez , le pro-
conful luidifoit:Commence-tu à fentir ce qu’il faut que
tu fouffre ? Il répondit : C ’eft pour ma gloire ; je
commence a voir le roïaume éternel , le roïaume incorruptible.
Seigneur Jefus-Chrift, nous fommes chrétiens,
vous êtes notre efperance : Dieu très-faint, Dieu très-
haut, Dieu tout-puiflant , nous vous rendons nos actions
de grâces. Pendant qu’il prioit ainfî, le proconful
lui dit : Eu devois obéir aux ordres des emperèürs Sc
des cefars. Thelica répondit : Je ne me foucie que de
la loi de Dieu , que j’ai apprife. Je la garde, je meurs
pour elle -, il n’ y en a point d’autre. Anulin ordonna
qu’on le mît en prilon.
Cependant Dativus étendu fur le chevalet repetoit
fouvent qu’il étoit chrétien, 8c qu’il avoit alhfté à la
collecte. Fortuiiatien ayocat frere de la martyre Vic~
Tçme 11. M m m