
y i 4 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
tre a couvert d’infulte, jufqu’à ce que vous donniez vo.
tre fencence. Le juge dit : J ’ordonne que Théodore (oit
fous.sûre garde juiques à trois jours,, pour voir fi elle
reviendra de fon opiniâtreté. Mais he lui faites point de
violence à caufe de fa nobleife.
Trois jours après il s’aific 8C fit appeller Théodore,
& voiant qu’elle perfillpit dans fa réfolution , il dit:
La crainte des empereurs m’oblige à prononcer contre
toi , de peur de me rendre coupable moi-même ; c’eft
toi qui .te liyre au lieu infâme. Voïons fi ton C h r i f t ,
pour qui tu t’opiniâtres à réfifter, t’en délivrera. Théodore
répondit.: Dieu qui connoît les chofes cachées, &
qui fçait tout.av.ant qu’il arrive,qui m’a gardée fans tache
jufques à pr.efent, fçaura, bien auifi me garantir de ceux
qui me voudroient faire injure. Elle fut don<j|menéc
dans ce lieu, 5c y étant entrée elle leva les yeux au ciel
& dit:Perede N. S. J . C . fecourez moi & me tirez d’ici,
vous qui avez feepuru Pierre dans la pnfon, Sel’en avez
tire fans aucun mal ; tirez-moi d’ici fans tache, afin que
tous voient que je .fuis votre fervante. Le peuple étoit
autour de la maifon,obfervant qui entreroit le premier;
mais Dieu fuicitauri chrétien nommé Didyiîie,qui s’habilla
en foldat 5c y entra. Théodore le vqïant fut troublée,
& fuioit par les coins de-la chambre. Il lui dit : Je
ne fuis pas ce que vous penfez : Je fuis votre frereg qui
n ai pris cet habit profane que pour vous délivre'r. V e nez,
changeons d-’habit, prenez celui-ci qui vous aifait
peur, Scfortez; je demeurerai avec le votre. Elle y con-
fentit, Se prit entre-autres un chapeau qu’il por toit , &
1 enfonça fur fon vifage comme de honte , fui van t qu’il
1 avoit avertie. Il lui dit auifi de bailler les yeux Se de ne
parler a perfonne. Ainfi elle fortit heureuferoent.
Une heure après un autre entra 8e trouvant un homme
au lieu d’une fille,il fut furpris 8c dit en lui-même :
Eft-ce due Jefus change auifi les filles en hommes ? C e lui
qui étoit en.tréeiHorti ; qui eft celui-ci ? où eft la fille
que l’on y a enfermée ? J ’avois bien oui dire qu’il avoit
changé l’eau en v in , Sc je croïois que ce fût une fable.
Je crains qu’il ne me change moi - même en femme.
M-ds Didymc ne fe cacha point 5c dit : Le Seigneur ne
m’a point changé , il m’a couronné auifi-bien qu’elle.
Vous ne la tenez plus ; prenez-moi. Celui qui étoit en-
tr.é.le dernier fortit; 5c le juge aïant appris ce qui setoit
paiTé, fit amener Didyme. Il lui demanda fon nom, &
qui l’a voit envoie pour faire cette àdtion. C ’eft Dieu ,
répondit Didyme. Le juge du : Confeife avant lestour-
mens où eft Théodore. Didyme répondit: Par J .C . fils
du Dieu vivant je n’en fçai rien. Ce que je fçai certainement,
c’eft qu’elle eft fervante de Dieu, 5c qu’il l’a con-
fervée fans tache. Le juge dit : Didyme,dequelle'condi-
tion es-tu 5 Didyme répondit : Je fuis chrétien, délivré
par J .C , Lejugele menaça s’il nefacrifioitauxdieux,de
le faire tourmenter doublement, comme chrétien ôc
comme aïant délivré Théodore ; mais le voïant ferme,
il ordonna qu’il eût la tête coupée, 5c que fon corps fût
jetté au feu.
Théodore courut au lieu du fupplice, pour lui difpu-
ter la couronne du martyre. C ’eft moi, difoit Didyme
qui ai été condamné. Et m o i , difoit Théodore , je ne
veux pas être coupable de votre mort ; j ’aime mieux
mourir innocente. J ai confenti que vous m’aïez fauvé
l’honneur, mais non pas la vie ; j’ai fui l’infamie 5c non
pas la mort. Si vous m’aviez privée du martyre, vous
m’auriez trompée. Enfin ils gagnèrent tous deux,5c furent
tous deux martyrs.
Ce font les principaux martyrs qui fouffrirent pendant
V u u îij