
Sup.liv.i. n. 4
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'Rom. OdiJÎ. 1 4- J.
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ï s c H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
c r ific e s . Pionius repondit ; NousconnoiiTons des cotti-
mandemens, mais ce font ceux qui nous ordonnent
d'adorer Dieu. V enez à la place> die Polemon , pour
vo ir la vérité de ce que j ’ai dit. Sabine & Afclepiade
dirent a haute voix : Nous obéïiïonsau vrai Dieu. Comme
on les menoit , lé peuple voyant les chaînes qu’ils
p o rto ien t, fut frappé de cette nouveauté, & accourut
en foule, en forte que la prefleétoit très grande. Quand
ils furent venus àla p lace, elle fut bien-tôt remplie d'unes
multitude immenfe qui couvroit jufques aux toits des
temples. Il y avoit auffi des troupes innombrables dé
femmes , parce qu'il étoit jour de fab b at, qui faifoit
celTer le travail des femmes Ju iv e s, il y avoit des per-
fonnes de tout â g e , qui s’empreiToient pour v o ir ; les
plus petits montoient fur des bornes, ou fur des coffres.
Comme les martyrs étoient au milieu du peuple, Polemon
d it: Il vaut mieux, Pionius, que vous, obéïffiez
comme les autres , pour éviter lesfupplkes. Alors Pionius
etendant la main , & montrant un vifage gai 3c
animé , commença à parler ainfi : Citoyens de Smyrne,
qui vous réjoiiiffez de la beauté de vos murailles 3c de
Votre v ille , 5c qui vous glorifiez du poète Homere, 3c
les Ju i f s , s il y en a par vous, ecoutez-moi parler en
peu de mots : Nous avons deja vû que Smyrne paffoic
pour la plus belle ville du monde , & on la comptoit
*' pour la première de celles qui fe difputoient l'honneur
d etre de la partie d Homere. S. Pionius continue : J ’apprends
que vous vous mocquez de ceux qui fe pre-
fentent d’eux-mêmes pour fa c rifie r,ou qui ne le re-
fufent pas quand on les y contraint, au lieu que vous
devriez ecouter Homere votre maître,qui dit:qu’il n’eft
pas permis de ferejoiiir de la-mort des hommes. Et vous,
Ju ifs , vous devriez bien obeïr à Moyfe, qui vous dit : Si
C l V R Ï S I X I e ’ m ü
tu vois la bête de ton ennemi tombée fous fa ch a rg e ,
lie paffe pas fans la relever. Et Salomon dit : Si ton ennemi
eft tombé, ne te réjouis pas de fon malheur. Pour
moi j'aime mieux mourir , & fouffrir toutes fortes de
tourmens, que de contrevenir à ce que j’ai ap p ris, ou à
c e que j ’ai enfeigné, D’où viennent donc ces éclats de
r ir e , & ces railleries cruelles des Ju i f s , non feulement
contre ceux qui ont facrifié, mais contre nous ? Ils nous
in fu lten t, 5c difent que nous avons eu un grand tems
de licence. Quand nous ferions leurs ennemis, nous
fommestoûjours des hommes. Car enfin, quel tort leur
avons-nous faitîquel fupplice leur avons-nous fait fouffrir
? qui avons-nous bleffé de paroles ? qui avons-nous
perfecuté par une haine injufte ; qui avons-nous contraint
d'adorer les idoles?penfent-ils n’être pas plus coupables
, que ceux que la crainte des hommes fait maintenant
tomberîEnfuite il reprocha aux Ju ifs les idolâtries
&Ies; ingratitudes de leurs peres,en raportant les hiftoires
de 1 écriture; & menaça lesgentils du jugement dernier.
Il parla long-tems 5c fut écouté avec une grande
attention. Enfin comme il difoit : Nous n’adorons point
Vos dieux , ni vos images d’or ; on les tira d une galerie
ou ils etoient d abord, 3c on les mena à l’air au milieu
de la place. Le peuple qui les entouroit, leur difoit avec
PolemontCroyez-nous, Pionius, votre probité & votre
iageiiefait que nous vous jugeons digne de vivre : il eft
bon de refpirer, & de voir la lumière. Et moi au ffi, dit
Pionius, je dis qu il eft bon de v iv r e , & de voir la lumière
; mais je dis de celle que nous defirons. Nous
ne quittons point par mépris cesprefens de Dieu, mais
ce que nous leur préférons, eft beaucoup meilleur ; ce
qu il difoit a caufe des Marcionites. A u re fte ,d it ü , j e
Touslouëdçl’affeétion que vous me tém o ign e z ; mais