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la crainte de Dieu, dit Irene. Enfuite le gouverneur
dit : Et toi Caffia,quedis-tuî Je veux fauver mon aine,
dit Caiua. Et le gouverneur ajoutaiNe veux-tu pas participer
aux facrifices ï Point du tout,dit-elle. Alors le;
gouverneur dit : Et toi Philippa, que dis-tu ? Elle répondit
: Je dis la même chofe. Quelle eft dit-il la même
chofe que tu dis j" Philippa lui dit : J’aime mieux
mourir,que de manger de vostacrifices. Le gouverneur
dit : Et toi Eutychia que dis-tu f Je dis de même, dit-
elle. : J’aime mieux mourir , que de faire ce que vous
commandez. Le gouverneur lui dit : As-tu un mari ?
Il eft mort, répondit Eutychia. Le gouverneur dit :
Combien y a-t’ilqu’il eft mort | Eutychia dit ; Il y a
bien-tôc fept mois.Legouverneur ajouta : Et dequidonc
es-tu greffe ? Eutychia répondit : De ce mari que Dieu
m’avoit donné. Le gouverneur dit : Je t’exhorte, Eutychia,
à quitter cette folie , & à rentrer dans des .fenti-
mens raifonnables ; qu’en' dis-tu,veux-tu obéir à l’édie
des empereurs. Eutychia répondit: Je n’y veux point o-
béir,car je fuis chrétienne fervante du Dieu tout-puiffant.
Alors il dit : Puis qu’Eutychia eft enceinte,qu’on
la garde dans la prifon. Car fui vant les loix Romaines,
on n’exeeutoit point à mort les femmes enceintes.
Enfuite Dulcetius ajouta : Et toi Agape que dis-tu l
Veux-tu faire ce que nous faifons, nous qui fommes
dévouez aux empereurs & aux eefars. Agape dit : Il
n’eft point à propos de me dévouer à fatan. Ces dif-
coursne me tournent pas l’efprit, il eft invincible. Le
gouverneur dit : Et toi Chionie,que dis-tu à cela ? Chio-
nie repondit : Perfonne ne peut pervertir notre efprit,,
Le gouverneur dit; N’y a-t’il point chez vous quelques
mémoires des chrétiens impies, quelques parchemins,,
ou quelques livres ? Chionie répondit ; Nous n’en avons
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¡aucun , feigneur ; les empereurs qui régnent maintenant
nous ont tout enlevé. Le gouverneur dit ; Qui
vous a donné ces fentimens ? Chionie répondit .- C’eft
le Dieu tout-puiffant. Il ajouta ; Qui font ceux qui vous
ont fait venir cette folie ? Dieu tout-puiffant,dit Chionie
, & fon fils unique N. S. J. C. Le gouverneur dit:
C’eft une chofe manifefte, qu’il faut que nous foïons
tous fournis aux ordres des empereurs & des eefars.
Puis donc qu’après tant de temps, tant d’avertiffemens,
tant dédits ôc de menaces, vous avez eu l’audace ôc la
témérité de méprifer leurs ordres , en gardant le nom
impie de chrétiens, & puifque jufques à prefent vous
n’avez pas voulu obéir aux ftationaires ôc aux principaux
foldats, qui vous ont follicitées de renoncer par
écrit à J. C. recevez les peines que vous merirez. En-
fuite il leur lût ainfi lafentencequiétoitécrite.-Agape
&Chionie pour avoir,par un efprit de malice ôc de contradiction
, contrevenu à l’édit facré des empereurs ôc
des eefars ; & faire encore à prefent profeffion de la téméraire
ôc fauffe religion des chrétiens, que toutes les
perfonnes pieufes ont en horreur j je les condamne à
erre jettées au feu. Et il ajouta : Pour Agathon, Caffia,
Philippa & Irene, qu’on les garde en prifon tant qu’il
me plaira.
Après que ces faintes femmes eurent été confom-
mées par le feu ; l’on mena derechef Irene devant le ai! te ItcM'
gouverneur, qui lui parla ainfi : Ta folie eft manifefte
parta conduite,d’avoir voulu garder jufques à prefent
tant de parchemins, de livres, de mémoires ôc d’écrits
de tout ce qu’il y a jamais eu de chrétiens ; on te les
areprefentez, tu les a reconnus, quoique tu euffes nié
tous les jours de les avoir. Tu n’es pas contente du fup-
pliçe qu’on a fait fouffrir à tes foeurs, tu n’as point la , fli 1