
1 3 1 H i s t o i r e E c c l é s i a s t i q u e ?
le raffura, 8c lui dit que Dieu l’avoit en vo y é , pour
lui découvrir la vérité d e la fo i. Puis étendantla main ,
il lui montra de l’autre côté une perfonne qui paroiffoit
en forme de femme, mais au deffus de la condition
humaine. Grégoire épouvanté baifïoit les y e u x , 8cne
pouvoir fupporter l’éclat de cette viüon-, car quoique
la nuit futobfcure, ces deux perfonnes étoient accompagnées
d’une grande lumière. Cependant il entendort
que la femme nommant Jean l’évangelifte, l'exhortok
à découvrir à ce jeune homme le myftere de la vraye
religion , 8c que S. Jean répondoit qu’il étoit prêt a le
fa ir e , puifque la mere du Seigneur l’avoit agréable.
Après qu’il eut expliqué cette doctrine, la vifion sé -
v an oü it, 8c Grégoire écrivit auffi-tôt ce qu’il venoit
d’apprendre, en ces termes :
il n’y a qu’un D ie u , Pere du verbe v iv a n t , delà fa-
geife fubfiilante, de la puiffance 8c du caractère étern
e l: parfait, Pere d’un Fils pai f a i t , Pere d’un Fils unique.
il n’y a qu’un Seigneur : feul d’un feul: Dieu de
Dieu : caractère 8c image de la divinité : vetbe efficac
e : fageffe qui comprend l’aifemblage de toutes choie
s , 8c puiffance qui a fait toutes les créatures : vrai Fils
d ’un vr3i Pere : Fils invifible d’un Pere invifible : Fils
incorruptible, d’un Pere incorruptible : Fils immortel
d’un Pere immortel : Fils éternel d’un Pere éternel. Et
il n’y a qu’un feul faint E fp rit, qui tient fon être de Dieu:
8c qui par le Fils a paru aux hommes : image du F ils,
parfait comme lui : vie caufe des vivans : fource fainte :
fainteté qui donne la fainteté t par qui eft manifefté
Dieu le Pere , qui eft fur tout 8c en toutes chofes : 8£
Dieu le F ils , qui eft par toutes les chofes. Trin ité parfa
ite , fans, div ifion ni changement, en fa g lo ire , en
fo a éternité 8ç en fon regne, T e lle fut l ’expoficion de
t i v R E s i x i e ’ :, ; , | 1 3 3
foi relevée à S. Grégoire Thaumaturge. Il l’écrivit fur
le champ, l’enfeigna toujours dans fon ég life , Sclalaif-
fa à fesfucceffeurs écrite de fa main. On la voyoit encore
du tems de S. Grégoire de Niffe,
Grégoire fortit alors de fa retraite pour retourner à Xtv.
Neoceiaréè. Etant furpris de la huit 8c d’unepluyevio-
lente, il entra avec ceux qui l’accômpagnoient dans un Éή§H
temple d’idoles, le plus fameux de tout le p a y s , à caufe,î -sso.b.
des oracles. Il invoqua d’abord le non^ de J . C. 8c fie plufieurs
fignes de croix , pour purifierd’air infeèlé par la
fumée des facrifices profanes. Enfuite il paffa la nuit à
à chanter les louanges de D ieu , fuivant fa coutume. Le
matin après qu’il fut p a r t i, le facrificateur des idoles
vint pour faire les cérémonies ordinaires. Les démons
lui apparurent,8c lui dirent, qu’ils ne>pouvoient plus habiter
ce temple , à caufe de celui qui y avoit paffélanuit.
Il fit fon poflible par des facrifices 8c des purifications de
toutes fortes, pour les obliger à re v en ir, mais en vain.
Alors tranfporté décoléré il chercha Grégoire , 8t le
menaça de le maltraiter 8c de le faire punir par les ma-
giftrats, pour avoir eu la hardieffe étant chrétien, d’entrer
dans le temple des dieux. Grégoire l’écouta fans
î ’émouvoir Sc lui dit : Avec l’aide de Dieu je puis chaf-
fer les dénions d’où il me p la ira , 8c les faire entrer où
il me plaira. Fais-les donc rentrer dans leur temple, die
le facrificateur; Alors Grégoire rompit un petit morceau
d'un livre qu’il tenoit, 8c y écrivit ces paroles,
Grégoire à Satan : Entre, Le facrificateur emporta ce
billet, le mit fur fon autel 8c offrit fes facrifices ordinair
e s , 5c il vit dans le temple ce qu’il avoir accoutumé
d’y voir auparavant, il retourna fur tes pas , 8c ayant atteint
G ré g o ire , avant qu’il fut arrivé à-la v ille , il le
pria de lui faire connaître quel étoit¡ce D i e u à qui les
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