
j ë o H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
D'autres coucoient d’eux-mêmes aux autels , alTurant
hardiment qu’ils n’avoient jamais été Chrétiens ; & vérifiant
la fentence du Sauveurs qu’il eft difficile qu’un
riche fe fauve ; leur mauvais exemple en entraînoit plufieurs.
D'autres s’enfuïoient, quelques-uns étoient pris
& alloient jufques aux fers & à la prifon ; mais quelques
uns après y avoir demeuré plufieurs jou rs , renon-
çoient avant que d’approcher du tribunal ; quelques-
uns fuccomboient aux tourmens après les avoir fouf-
ferts,pendant quelques tems.
Le même arriva à Carthage. Plufieurs fans attendre
d être interrogez ni d’être p ris , coururent d’eux-mêmes
à la place publique, comme s’ils n’cuifent attendu que
l ’occafion pour fe déclarer. Il y en eut un fi grand nombre,
qui vouloient tout à la fois renoncer au chriftia-
nifm e , que les magiftrats les vouloient remettre au lendemain,
parce qu’il étoit trop tard; mais ils leprioient
que l’on nedifferât point. Plufieurs pervertiffoient les
autres: Quelques-uns apportoient leurs enfans, 8c les
prefentoient de leurs propres mains ; pour leur faire
perdre la grâce du baptême.C’étoit les riches qui étoient
les plus foibles; 8c que leurs biens retenoient, en les empêchant
de fuir. On peut juger par ces exemples combien
fut gran d ie nombre de ceux qui tombèrent dans
toute l ’églife. Les degrez déchûtes étoient differens, les
uns avoient facrifié.aux idoles, ou mangé des viandes
immolées, les autres avoient offert de l’en c en s , d’autres
avoient feulement déclaré aux magiftrats qu’ ils re-
nonçoient au chriftianifme ; 8c avoient pris d’eux des
libelles ou billets de fûreté pour n’être point recherche
z , & s’épargner la honte d’une déclaration publique.
On lesappelloit libellatiques, & ils étoient cenfez
«voir idolâtré comme les autres.
Va
L i v r e s i x i e ’ m e . i t f r
U n des premiers qui fouffritle martyreen cette perfecution
, fut le pape S. Fabien , qui mourut glorieulé-
ment le vingeiéme de Ja n v ie r , fous le coniul.it de De-
cius 8cde Gratus, c’e ft-à -d ire , l’an a jo . de J . C. après
avoir tenu le faint fiege treize ans entiers ; ôc c’eft depuis
ce tems que les années des papes commencent à
être plus certaines. ,Pour élire un évêque à la place de
^ S. Fabien , on attendit que la rigueur de la periecution
fa t appaifée ; car dans ce commencement une partie du
clergé de Rome ôc des évêques voifins, écoient prifon-
niers ou difperfez ôc cachez. Ainfi le faint fiege vaqua
près d’un an Ôc demi; 8c cependant le clergé prit foin
du gouvernement de l’églife. Peu après le martyre de
S. Fabien, Moïfe 8c Maxime prêtres, 8c Nicoftraté diacre
, furent mis en prifon, 8c avec eux Urbain, Sidonius
8c Celerinus, tous à Rome.
S. Alexandre évêque de Jerufalem, vénérable par fes
cheveux blancs, 8c par fon extrême v ie ille fle , fut pre-
fenté à Cefarée devant le tribunal du gouverneur de Pa-
leftine,, 8c çonfeffale nom de J . C. glofieufement pour
la fécondé fois; car il l’avoit déjà confeilé dans la per-
iecution'de Severe , environ quarante ans auparavant,
étant dès-lors évêque. Il fut mis en prifon , où il de-:
meura long-tems ; Sc mourut dans les fers vers la fin de
l’année fuivante 2.5 i . Il laiffa à Jerufalem une biblio-
:theque confiderable de livres ecclefiaftiques recueillis
par les foins: fon fucceffeur fut Mazabanes.
S.Babylas évêque d’ Antiôche , après avoirconfeffé,
fut auffi mis en prifon , 8c chargé de chaînes: il y mouru
t, 8c voulut être enterré avec.fes fers. Avec lui mou
furent trois jeunes enfans qu’il inftruifoit. Son fucceffeur
£ ut Fabius ou Fabien. (Origene fentir auffi l’effort
de la perfecution , comme étant ,1e plus fameux doc-
~ Torn. U X
xxvn.
M artyre de S.
Fabien , de S.
A lexandre & de
S. Bab) las.
Ei'f. v i . c. $9♦
An. zjo*
Euf, yi. r.
Ev.f. ibid.
Martyr. 14.
J-oetiîl.
Phi loft, v i r,
hift. n. 8. _
Euf. v i. lift .
e. 3<>.