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noit au tour de la place : ne'lachant où le gouveruenr
les voudroit entendre. Il les fit venir dans le cabinet ;
& après qu’ils eurent genereufement confefté , iL les
renvoya en prifon.
Il leur fit fouffrir la faim & la fo if pendant plufieim
jo u rs , jufqu’à leur refuièr de l’eau après le travail. Le
diacre Flavien faiibit des jeûnes extraordinaires, ne prenant
pas même le peu qu’on leur donnoit aux dépens
du file , avec une épargne ibrdide. Alors le prêtre Victor
l’un des martyrs eut cette vifion. Il vit un enfant
dont le vifitge étoit d’un éclat merveilleux ,. qui étant
entré dans la prifon , les menoit de tous côtez pour les
les faire fortir , & toutefois ils ne le pouvoient. Il leur
dit : Vous avez encore un peu de peine , parce qu’on
vous retient ; mais prenez-courage , je fuis avec vous,
& i l ajoûta : Dis-leur qu’ils auront une couronne plus
glorieuiè ; Viébor lui demanda : Où eft. le paradis ? L'enfant
répondit: Il eft hors dumonde.Montrez-le moi,
dit Viébor. L ’enfant répondit : Et où fera la foi ? Victor
dit: Je ne puis retenir ce que vous m’ordonnez : dites-
moi un figne que je leur donne. L ’enfant dit: Dis-leur
le figne de Jacob. Auiîi-tdt après cette, vifion. le prêtre
Viétor mourut.
Une chrétienne nommée Quartilofâ étoit dans la
meme prifon. Il y avoit trois jours que fon mari & fon
fils avoientfouffert le martyre : elle les iuivit de près ,
mais auparavant elle eut cette vifion. J ’ai vû-, dit-elle ,
mon fils qui a- fouffert, il étoit dans la prifon affis fur un
haiïin d’eau ; & m’a dit : Dieu a vû votre peine. Enfuite
eftentré un jeune homme merveilleuièment grand , qui
portoit deux fioles une àchaque main , &: elles étoient
pleine de lait. Il a dit :. Ayez bon courage , Dieu s’eft
iouvenu de vous :il a donné à boire à tous.de ces fioles,
8c elles ne tariffoient point. Aufti-tôt on a ôté la pierre
qui fepare la fenêtre en deux y les fenêtres ont paru
claires, & on voyoit librement le ciel. Le jeune homme
a mis, les fioles qu’il portoit , l’une à d ro it, l’autre à
gauche, & il a dit : Voilà que vous êtes raffafiez , il en
refte,& il vous viendra une troifiéme fiole. On n’avoit
point donné de nourriture aux martyrs le jour préce--
dent, & o n ne leur donna encore rien le jour quifuivit
cette vifion ; mais enfin Lucien alors prêtre & depuis
évêque de Carthage , furmonta tous les obftacles, &
leur fit apporter de la nourriture en abondance par le
foûdiacre Herennien, & un catecumene nommé Janvier,
qui fembloit être marqué par les deux fioles. Cet
Herennien pouvoir être le même que S. Cyprien avoir
envoyé aux martyrs condamnez aux mines. Ce fecours
foulagea extrêmement les martyrs prifonniers , principalement
ceux qui étoient tombez malades faute d’eau
fraîche.
Montan eut aufli une vifion. Il m’ a femblé, dit-il,
que les centurions étoient venus à nous y ils nous con-
duifoient par un long chemin, & nous fommes arrivez
h une plaine immenfe , où nous avons rencontré Cyprien
& Lucius. Ce Lucius eft apparemment: celui qui
étant en éxil avoit écrit à S. Cyprien. 11 continué': Nousr
fommes venus en un lieu lumineux.; nos habits font devenus
blancs, notre chair encore plus blanche que nos"
habits, & tellement traniparente, que la vûëpenetroif
jufques au fond du coeur y en me regardant j’ai v û
quelques ordures dans mon iein. J ’ai crû m’éveiller ,
& dormant toûjours, j’a i rencontré Lucien , je lui aï
raconté ma vifion, & lui ai dit : Sçavez-vous que ces»
ordures lignifient que je ne me fuis pas accordé aufti-tôt
avec Julien ?.là-deüus je me fuis éveillé. C’eftainii que:
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