
4 4 <i H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
de la joïe , Si fit écrire l.e dernier d’Avril une lettre \
Ven.ufiicn gouverneur de Tofcarc : portant que par
tout où l’on trouveroit des chrétiens , on les o nti a;gi,:it
de facrifier aux dieux : autrement qu’ils pcriilent par les
fupplices, Si que leurs biens fin lient çonfiïquez,
xxxix. Vcnuiticn gouverneur de Tofcane , com.mcnçl donc
tfAflUc' à chercher avec foin s’il trouveroitquelque chrétien caché.
On lui découvrit l’évêque Sabin , Si il le fit arrêter
à Af fife:où il fut rnis-en prifon aveedeux diacres, Mar-
ce! & Exuperancc Si piufieurs clercs, Vcnuiticn vint à
Af f ife,&le lendemain fe fit dreikr un tribunal au milieu
de la place ; on lui prefenta l’évêque Si les deux diacres,
Ee gouverneur lm demanda fon nom, puis fa condition
, s’il étoit libre ou efeiave. Il falloir que fon extérieur
fut bien pauvre. Sabin répondu : Je fuis efclave de
J .C . délivré de la fervitude du démon. Venuftien lui de,
manda quelle charge il avoir. Sabin dit: Bien que pécheur
& indigne, je porte le nom d’évêque. Et ces deux,
dit Venuftien , quelle charge ont-ils ? Ce font mes dia,
,cres, dit Sabin. Venuftien lui dit : Quel pouvoir redon-
île la hardieffe de faire des leçons en fecrec, Si d’enfei-
gnerau peuple à quiteer les-dieux , pour Cuivre un homme
mort ? Sabin dit : Vous fçavez donc que N. S- J , C.
gft mort ? Venuftien dit : Et il a été véritablement mis à
mort Si enfeveli. Sabin dit : Vous nefçavez pas qu’il eft
reflufeité le troifiéme jour ? vous devriez pourtant iça-
voir le tout. Venuftien dit : Choifis l’un des deux , ou
de facrifier aux dieux & de v ivre, ou de mourir dans les
toutmens que tu mentes; Si reffufeite enfuite comme le
Chrift ton Seigneur. Sabin dit : C ’eft ce que je defire
d’être tué Si de mourir, afin que je reffufeite comme
pion Seigneur J . C.
Sabin continua de parler de ia grandeur de J .Ç .& d c
ja vanité des idoles ; Si ajouta : Pour vous montrer qu’il
ne ferc de rien d’adorer les démons, que l’on apporte ici
votre dieu. Venuftien commanda que l’on apportât fon
dieu qu’il avoit dans fa chambre, par tout ou il logeoit ;
c’étoit un Jupiter de corail d’un ouvrage merveilleux,
dont les vêtemens étoient d’or. On l’apporta dans les
mains, avec des flambeaux, en faifant de grands cris, Si
Venuftien dit : Voilà notre prote&eur. Sabin lui demanda
la permiflion d’en faire ce qu’il voudroit, & aïant
pris l’idole entre fes mains Si fait fa priere , il la jetta
contre le pavé Si labrifa. Venuftien fe frappa le front de
colere, Si fit auffi-tôt couper à Sabin les deux mains.
Marcel Si Exuperanee , fes deux diacres furent faifis de
crainte , Si tremblèrent três-long-temps ; mais l’évêque
Sabin aïant les mains coupées les encourageoit.
Venuftien ramaifa les morceaux de fon idole dans des
linges , Si dans une boëte d’argent, quil envoïa chez
iu i , & fit pendre au chevalet les deux diacres en prefen-
ce de l’évêque. Comme il leur commandoir de facrifier,
Marcel dit : Nous nous fommes une fois offerts en facri-
fice àDieu. Us furent long-temps frappez à coups de bâton
, Si crièrent: Nous fommes renouveliez au nom de
N.S. J . C . Venuftien d i t : Je vais vous renouveller. Et
leur fit déchirer les côtes avec les ongles de fer. Ils expirèrent
tous deux dans ce. tourment 1 le juge fit jetter leurs
corps dans la riviere , Si envoïa l’évêque Sabin en prifon.
Un pefcheur Si un prêtre recueillirent les corps des
faints martyrs Exuperanee & Marcel , & les enfeveli-
rent près le chemin , le dernier jour de Mai.
Une dame chrétienne nommee Serene de la ville de
Spolete , qui étoit veuve depuis trente & un an , appliquée
à la priere, au jeûne & à l’aumône : aïant appris ceci,
venoit de nuit fervir l’évêque Sabin, lui embraffer les