
i8 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
dans le peuple v le repos par tout le monde , Si tout Cg
que peutdeiirer un nomme 8c un empereur. J e ne puis
le demander qu’à celui que je fai qui peut l’accorder, a
qui j ’offre la viéfcime qu’il a commandée, l’oraifon qui
vient d’un corps chafte, d’une ame innocente, 8c du
S. Efprit. Non quelques grains d’encens, quelque peu
de g om m e , quelques gouttes de v in , ou du fang d un
che tif animal ; 8c ce qui eft p ire , une confcience in-
feéte.
Il rapporte le commandement de D ieu , de prier pour
les princes & pour les puiffances,8c il ajoûte:Nous avons
encore une autre necefiité de prier pour les empereurs &c
pour tout l’empire ; c’eft que nous favoris que la fin du
monde, avec les miferes horribles dont elle nous menac
e , eft retardée par le cours de l’empire Romain. Nous
jurons, non par le genie de C e fa r , mais par fa fante ,
plus augufteque tous les genres :N e fa v e z -v o u s pas que
les génies font les démons ? J e ne nommerai point non
plus l’empereut dieu, parce que Je ne fai pas mentir, &c
que je le refpeéte trop pour me moquer de lui. Je le nommerai
bien Seigneur ; niais ce feraquandonne me contraindra
point de dire feigneur pour dire Dieu. Je n ai
qu’iun Seigneur, Dieu touc-puiffant 8c é te rn e l, qui eft
auffiie lien.
Voilà donc pourquoi les chrétiens font des ennemis
publics, parce qu’ils ne rendent pas aux empereurs des
honneurs vains 8c faux, parce que faifant profeflion de
la vraye re lig ion , ils celebr-ent les jours de réjoüiffance
publique , plutôt par les fentimens de leur cceur, que
par la débauche. On fait bien del honneur aux princes,
de dreffer en public des foyers 8c des tables, manger
dans les rues, faire de toute la ville un c a b a r e t , meler
le vin avec la bouc, courir en troupes, pour commet-
L i v e e c i n q j u i e ’m e : *9
tre des infolences. Ne peut-on exprimer la joïe publique
, q u e par une honte publique ? Nous fommes bien
coupables d’acquitter nos voeux pour les-empereurs ave*
chafteté , fobrièté& modeftie, de n’y pas couvrir nos
portes de branches de laurier, & n’y pas allunler des lampes
en plein jour, commeon fait pour marquer les lieux
infâmes? il montre enfuite que ceux qui paroifîoient
lës plus empreffez à rendre aux empereurs ces vains
honneurs, étoient louvent les moins fidelesdc leuis iu-
jets 8c les plus prompts à làreVolte ; puis pour montrer
la fidélité des chrétiens, il ajoute: f
Combien decruautez exercez-vous contre les chrc- M7*
tiens, foit par votre inclination,foit pour obéir aux loix?
combien de fois arrive-t-il que le peuple fans attendre
vosordres,nous.jette des pierres, ou met le féu a nos
maifons ? Dans la fureur des bacchanales ils n épargnent
pas mêmes les chrétiens morts ; ils les tirent de leurs fe-
pulcres 8c les mettent en pièces.Qu’avez-vous remarque
que nous ayons jamais'fait, pour nous vanger de tant
d’in ju ftie e , 8c de cette atïimofité à nous pourfüivre
jufqu’à la mort ? Une feule nuit avec quelques flambeaux
pouvoit n o u s fatisfaire abondamment, s il nous
étoit permis de rendre le mal pour le mal ; 8c fi nous
voulions s o u s r déclarer ouvertement vos ennemis,manquerions
nous de forces 8c de troupes ? Les Maures-, les
Marcomans, les Parthes mêmes, ou quelque nation que
ce fo it , eft-elle plus nombreufe que toutes les nations
du monde ? Nous ne fommes que d’hier ,8c nousrem-
pliffons to u t, vos villes , vos ifles, vos chateaux, vos
bourgades, vos champs, vos tributs, le palais, lefenar,
la place; nous ne vous laiffons que vos temples.
N e ferions-nous pas bien propres a la guerre , mémo
à forcés inégales ; nous qui nous fatfons'tner fi voloin
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