
XXVIII.
Retraite de S<
Denis d'Alexandrie.
Euf. v r . c 40.
VI I. C . IX.
H i s t o i r e E c c l e s î a s t î q u ê .
teur des Chrétiens. Il fut mis en prifon , ôc ch a rg é de
chaînes, ayantaucol un carcan de fe r , & des entraves
aux pieds jufqu’au quatrième trou , 8c qui écartoît les
jambes exceffi vement. On lui fie fouffrir plufieurs autres
tourmens, Ôcl’onle menaça fouvent du feu , mais on
ne le fit pas mourir, dans lefperance d’en attirer plufieurs
par fa chute. Il demeura fe rm e , ÔC écrivit pendant
ce tems plufieurs lettres pour confoler, ôc pour
encourager les autres.
A Alexandrie la perfecution ayancété publiée, Sabiri
prefet d’Egypte envoya a l fieure même un foldat chercher
l’évêque Denis , qui demeura cependant quatre
jours dans fa maifon, attendant l’arrivée du foldat. Mais
celui-ci lecherchoit par tout ailleurs, dans les chemins »
fur la riv ie re , a la campagne, ne pouvant trouver la
maiion, comme s’il eût été av eug lé , & ne croyant
point que l’évêque pût y être. Au bout de quatre jours
faint Denis quitta fa maifon par ordre de'Dieu, 8c avec
peine ; en forçant il fut accompagné de fes ferviteurs 8c
de plufieurs des freres, entre lefquels étoient Caïus »
Faufte,- Pierre ôc Paul. Au foleil cou chant, il tomba
avec fa fuite entre les mains des perfecuceurs, c’eft-à-
dire , d’un centurion , avec des magiftrats de la ville ,
des foldats, & des miniftres de juftice. Ils le menèrent à
T ap o fitis , petite ville d’Egypte dans laMareote.
Le p retreTu no th eé, qui ne s’étoit pas trouvé avec
les autres, ne fut point pris mais étant allé à la maiion
de le v ê q u e , il trouvaqu’elle étoit abandonnée, qu’il y
avoit gârnifon, 8c que l ’eveque étoit pris. Alors, tout
troublé, il fe mit à fuir en diligence. Un payfanle ren:
contra , & lui demanda ce'qui le preifoit, l’ayant appris,
il entra dans une maifon o ù ilfe faifoit une nôce , dont
ile co itprié , ôc raconta aux conviez ce qu’il yenoit d'ag-
L i v r e s i x i e ’m e : 16$
prendre. Ceux-ci fe levèrent de table tous enfemble,
comme de concert; coururent au lieu ou faint Denis
étoit avec fafuice, y entretenten criant: ôc les preiferent
4 de forcir. Les foldats qui gardoienc les m a r ty r s , s-en-
! fuirent auiïï-tôc ; les payfans les trouvèrent couchez fur
V de petits, lits fans garnitures. S. Denis les prit d’abord
1 pour des voleurs, ôc demeura fur fon lit comme il étoit,
nud enchemife, leur prefentant le refte de fes habits ,
ï qui étoient auprès de lui. Ils lui dirent de fe lever ôc de
fortir au plus vîte. Alors , comprenant pourquoi ils
étoient venus,il commença.à crier,ôc leur dire: R etire z-
v o u s , je vous fupplie , 8c nous laiflez, ou , fi vous voulez
me faire p la ifir, prévenez ceuxqui m’emmenent, 8c
coupez-moi lacête. Tandis qu’il crioit a infi, ils le firent
lever de force. Il fe jetta par terre à la renverfe; mais
ils le prirent par les pieds ôc par les mains, ôc le traînèrent
dehors. C a ïu s , Faufte , Pierre ôc Paul le fuivoienc,qui
le portèrent à bras hors de la ville , le firent monter à
poil fur un âne, ôc l’emmenerent. C ’eft ainfi que faint
D .n is d’Alexandrie fuc tiré malgré lui d’entre les
mains des perfecuceurs. il fe retira depuis dans un lieu
deferc , à trois journées de Paretoine, dans la Marma-
rique , ôc s’y enferma avec deux des fiens feulement,
Pierre ôc Caïus. Il racontoit lui-même dans fes lettres
toutes ces particularitez.
Dès le commencement de la perfecution , le peuple
| infidèle de Carthage cria plufieurs fois dans le cirque ôc
dans l’amphicheatre : Cyprien au lion. Ces cris l’obli-
gerent à fe je tte r; ôc d’ailleurs il en avoic reçu ordre
de Dieu. Mais il ne le fit pas, tant pour fa fureté particulière,
que pour le repos puhlicde fon églife ; de peur
qu’en fe montrant avec trop de confiance ; il n’excitât
davantage la {édition qu’il avoit commencé,Cependant
■ H x ij
XXIX.
Retraite de
S Cyprien & de
S. Gregoir,e
Thaumaturge.
Cypr.ep.adCi'cr,
10 .
Rom. & ^9. a i
Corn. 59.ep. iQ.
eg. 6était Pub.