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un moïen de gagner. D’ailleurs, il eft plein de vanité
6c imite les dignicez feculieres; il aime mieux'le nom
de ducenaire que celui d’évêque. Le ducenaire étoit un
ISSI ° ® c*cr finance ; comme il a été dit. Il marche avec
C li' faite dans la place : il lit des lettres & y répond publiquement
en marchant. Il eil environné d’une grande
troupe de gens, qui marchent devant 6c après comme
des gardes : fon arrogance attire l’envie & Ta haine contre
la foi. Dans les aifemblées ecclefiaftiques il emploie
des artifices de theatre, pour frapper l’imagination 6c
s’attirer de la gloire, en étonnant les fimples. Il s’eft
dreffé un tribunal 6c un trône élevé, non tel que le doit
avoir un difciple de J.-C. Il a un cabinet fecret, comme
les magiftrats feculiers &lui donne le même nom. En
parlant au peuple il frappe de la main fur fa cuiiTe, 6c des
pieds fur fon tribunal. Il fe fâche contre ceux qui ne le
loixent pas: qui ne fecoiient pas leurs mouchoirs , comme
dans les théâtres , qui ne crient pas 6ç ne fe lèvent
pas, comme font ceux de fon parti, hommes 6c femmes,
qui l’écoutent de cette maniéré indécente. Il reprend &
maltraite ceux qui écoutent avec ordre 6c modeftie ,
comme étant dans la maifonde Dieu. Il s’emporte aufli
contre les eveques défunts : les déchirant en public 6c
parlant avantageufement de lui-même, comme un fo-
phifte 6c un charlatan , plutôt que comme un évêque.
Il a fupprimé les cantiques compofez en l’honneur de N,
S. J. Ç. comme étant nouveaux 6c faits par des auteurs
fnodernes : cependant il en fait chanter par des femmes
à fon honneur de lui-même, au milieu de l’églife, le grand
jourde Pâques,qui font horreur à entendre, & il permet
à fes flatteurs, foit des évêques des villes & des Villages
voifins, foit des pretres, de tenir le même langage en
parlant au peuple. Par ces évêques des villages on peut
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entendre des chorévêques. Il ne veut pas confeifer que r «/<■/.
le Fils de Dieu foit venu du ciel : mais ceux qui le loiient,
dans leurs cantiques 6c dans leurs fermons, difent qu’il
eft lui-même un ange defeendu du ciel.' Et il ne l’empêche
pas : il fouftre même qu’on le dife en fa prefence,
l’infolent qu’il eft.
Que dirons-nous de fes femmes fous-introduites,com~
me on les nomme à Antioche, 6c de celles de fes prêtres
6c de fes diacres, dont il couvre les pechez, quoiqu’il
les connoiife 6c qu’il les en ait convaincus ? mais il veut
les tenir dans fa dépendance par la crainte ; 6c les empêcher
de l’aceufer. Il les a même enrichis, afin de fe faire
aimer de ceux qui font intereflez. Nous fçavons, nos
chers freres, que l’évêque 6c tout le cle/gé doit donner
au peuple l’exemple de toutes fortes de bonnes oeuvres ;
6c nous n’ignorons pas combien il y en a qui font tombez
, pour avoir eu des femmes avec eux : combien ils
ont été foupçonnez. Ainfi quand on lui accorderoit,qu’il
ne fait rien de deshonnête , il devoit du moins craindre
le foupçon que produit une telle conduite ; de peur de
feandalifer quelqu’un , ou lui donner mauvais exemple.
Car comment pourroit-il reprendre un autre, ou
l’avertir , de ne point fréquenter une femme de peur de
broncher, comme il eft écrit -, lui ¿[ui en a déjà renvoie
une, & en retient deux avec lui, qui font bien faites
6c dans la fleur de leur âge, & qu’il mene par tout où
if va; & cela vivant délicieufement 6c mangeant-avec
excez ? Tous en gemiflent en fecret ; mais ils craignent
tellement fa puiflance 6c fa tyrannie,qu’ils n’ofent l’aceufer.
On pourroit juger fur tout cela un homme qui fe-
roitdes nôtres, 6c qui tiendroit la foi catholique : mais
nous croïons n’avoir aucun compte à demander à ce