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i \ 6 H i s t o i r e E c c e e s i a s t i que
des Chrétiens dignes de foi l’acéufoient d’adultere, &
offroient de le prouver. Il s’étoit appliqué à attirer à lui
les confeiïeurs qui vouloient relâcher la dilcipline, &
même à flaterlesapoftats, qui demandoient avec impor-
tunité leur réconciliation. Ainfi il forma un parti, à la
rête duquel il fe mit avec cinq prêtres ; & commença à
ériger un autel à part, & à tenir desaiTemblées fur une
montagne, d’où vint à ce fchifnie le nom des Montagnards.
Saint Cyprien avoit envoyé deux évêques, Caldonius
& Herculanus, avec des prêtres, Rogatien ScNumidi-
cus, pour examiner en fon abiènce les befoins des fre-
res, & fournir ce qui ferait neceflaire à ceux qui vouloient
exercer leurs mérités. En même tems ils dévoient
examiner l’âge, la condition & le mérité de chacun;
afin que iàint Cyprien pût les connoître tous parfaitement,
& élever aux charges ecclefiaftiques ceux
que leur humilité & leur douceur en rendrait dignes.
Feliciffime s’oppofa à cet examen, menaça ceux qui
s’y étoient preièntez les premiers, les intimidant avec
violence, ¿d é c la ra que ceux qui obéiraient à Cyprien
ne communiqueroient point avec lui dans la montagne.
Saint Cyprien l’ayant appris;, prononça contre
lui la même condamnation, & le déclara excommunié.
Il excommunia auffi Augendus , qui s’étoit
joint aux fchiimatiques, & menaça de la même peine
tous ceux qui s’y joindraient. Il en écrivit aux
deux évêques & aux deux prêtres, qu'il avoit fait iès
vicaires, & les chargea de lire fa lettre aux freres qui
étoient avec eux, de l’envoyer au clergé à Carthage,
& de marquer lés noms des fchiimatiques. Ils le firent,
& déclarèrent excommuniez Feliciffime & Augendus,
Repoftus & Sophronius exilez : Irene , Paul
coûturiere
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coûturiere, Sophrone, Soliaiïè & Budinaire. Deux de
ceux-là ; fçavoir, Repoftus&Sophrone avoient été bannis
pour la foi.
S. Cyprien écrivit auffi à fbn peuple, de fè donner
de garde de cette feduction des ichifmatiques, comme
d’une periècution plus dangereufè que celle des payens.
Il n’y a qu’un Dieu, leur dit-il, & un Chrift, & une églife,
& une chaire fondée fur Pierre, par la parole du Seigneur.
On ne peut élever un autre autel, ni faire un fà-
cerdoce nouveau, hors un ièul autel & un feulfàcerdo-
ce, quiâilêmble ailleurs, difperfè.Ilconclud endiiànt:
Quiconque paiTera au parti de Feliciffime & de fès adhe-
rans, fçache qu’il ne pourra plus revenir à leglife , ni
communiquer avec les évêques & avec le peuple de
J. C. Dans cette lettre il marque que la faélion des
fchiimatiques l ’empêchoit de ioftir de fà retraite , &
le privoit de la joie de celebrer la pâque avec ion peuple
; mais qu’il eiperoit incontinent après iè trouver à
Carthage avec les évêques fes collègues. La pâque étoit
le vingt-troifiéme de Mars , cette féconde année de la
periècution 2 j 1 . de J . C. fous le confiilat des deux De-
cius, le pere & le fils.
Le prêtre Novat avoit déjà paiTéla mer, & étoit arrivé
à Rome vers le commencement de cette année. Il y
fepara de 1 eglife un pretre nommé Novatien, ami du
pretre & confeiïèur Moïfe ; mais dès lors ce iàint côn-
feiTeur fe fépara de fa. communion, & mourut peu de
tems après dans la priibn , où il étoit depuis près d’un
an. Novat s’étant joint à Novatien changea demaxi-
n ie s ;& au lieu qu’en Afrique il avoit excité les apoftats
à extorquer l’indulgence, il fe plaignit à Rome, qu’on
les recevoit à la penitence trop facilement.
Après que leS.Siege eut vacquéfeizemois, Corneil-
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