
V
Amo.
t■ 13*-
5 4 4 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
munion libre avec les fideles : quoiqu’en quelques canons
ce concile femble le prendre comme nous, pour la
participation de l’eucbariftie. Le mot d’excommunication
fe prend pour un retranchement de la communion
pendant quelque temps, tendant à la correétion du
pécheur ; non pour l’anathème , par lequel un incorrigible
eft retranché pour toujours & mis au rang des infideles.
xvr. Il y avoit à Rome une femme puiifante nommée
™ & rdígUíni‘ A g Ia^ 6 lic d’A cace, qui avoir été proconful, de race de
«i uba7. feuateurs. Elle avoit donné trois fois les jeux publics à
fes dépens à Rome. Elle avoit foixante-treizeintendans
pour gouverner fon bien ,& un au-deffus de tous nommé
Boniface, avec lequel elle entretenoit un commerce
criminel. ¡I étoit adonné au v in & à toutes fortes de débauches,
mais il avoir trois bonnes quahtez, l’hofpita-
lite , la libéralité, la compaffion. S’il voïoit un étranger
ou un yoiageur, il le fer voit avec toute forte d’affection
:1a nuit il ailoit par les places üc parles rues,&don-
noit aux pauvres ce dont iis avoient befoin. Après plusieurs
années Aglaé touchée de componôtion, l’appella
& lui dit : Mon ftere Boniface, tu vois en quels pechez
nous, fommes engagez , fans fonger qu’il faudra nous
prefenter devant Dieu, & lui rendre compte de ce que
nous avons fait de mal en ce monde. J ’ai oiii dire au^
chrétiens, que fi quelqu’un fert les faints qui combattent
pour Jefus-Chrift, il aura part avec eux au jour du
terrible jugement de Dieu. Je viens aufii d’apprendre que
les ferviteurs de J , C . combattent contre le démon en
Orient, & livrent leurs corps aux tourmens pour ne
point nier J . C. V a donc & nous apporte des reliques des
faints martyrs, afin que nous les fervions, que nous leur
bâtiiliops des oratpjfes dign.es d’eu x, & que par leur
moi en
L i v r e n e u v i e ’m e . 545
iiîoïen nous foïons. fauvez, nous 5c plufieurs autres.
Boniface prit quantité d’or pour acheter des reliques
& pour donner aux pauvres ; avec douze chevaux,
trois litieres & divers parfums, pour honorer les martyrs.
En partant il dira fa maîtreffe par plaifanterie : Madame,
fi je trouve des reliques des martyrs, je les ai apporterai
; mais fi mes reliques viennent fous le nom de martyr
, recevez-les. Aglaé lui dit : Quitte tes folies & fon-
ge que tu vas quérir des reliques des faints martyrs.
Pour moi, pauvre pechereffe, je t’attends dans peu, &
je prie le Dieu tout-puiffant, qui a pris pour nous la
forme d’efelave & répandu fon fang pour le falut du
genre humain, d’envoïer fon ange devant to i, de conduire
tes pas par fa rnifericorde,&d’accomplir mon de-
fir, fans confiderer mes pechez. Boniface partit, & par
le chemin il difoit en lui-même; Il eft jufte que je ne
mange point de chair & que je ne boive point de vin ,
puifquetout indigne & tout pccheur que je fuis, je dois
porter les reliques des faints martyrs ; & levant les yeux
au c iel, il dit : Seigneur Dieu tout-puiffant, Perede vo tre
Fils unique, venez à mon fecours & conduifez mon
vo ïa g e , afin que votre nom foit glorifié dans tous les
fiecles. Amen.
Après quelques jours de chemin il arriva à la ville de
T a rfe, & fçaehant qu’il y avoit des martyrs qui combat-
toient, il dit à ceux qui l’açcompagnoient : Mes freres,
allez chercher une hôtellerie , Si faîtes repofer les chevaux
; je m’en vais voir ceux que je defireleplus. Etant
arrivé au lieu du com b a t, il vit les martyrs dans les
tourmens. L ’un pendu la tête en bas & du feu étendu
deffous ; un autre étendu à quatre pieux i un autre fcié
par les bourreaux ; un autre déchiré -, un autre avoit les
mains coupées ; un autre avoit un pieu fiché dans la
Tome I I . Z z z