
\6 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e :
occupations à tenter les hommes, leurs oracles trompeurs,
leurs miracles apparens, & comme ils fe font adorer
fous le nom de faux dieux; puis il ajoute • Jufques ici
ce ne font que des paroles; voici la preuve par la chofe
même. Que l’on amene ic i devant vos tribunaux quelqu’un
qui foit reconnu pour poffedédu démon. Quele
premier venu d’entre les Chrétiens commande à cet ef-
prit de parler, il avouera également qu’il eft véritablement
un démon ; 8c qu’ailleurs il fe dit fauflement un
dieu. De même que l’on amene quelqu’un de ceux que
l’on croit être agitez par quelque dieu, qui ouvrant la
bouche fur les autels reçoivent la divinité avec la fumée;
qui parlent avec effort 8c comme hlirs d’haleine. Si ceux
qui les agitent ne confeflent qu’ils font des démons ?
n’ofant pas mentir à un chrétien, répandez fur le champ
le fang de ce chrétien téméraire.
Qu'y a-t’ il de plus manifefte, fi ailleurs ils font v é r itablement
d ieux, pourquoi difent-ils fauflement qu’ils
font démons ; eft-ce par complaifance pour nous î fi en
un lieu ils font démons, pourquoi répondent-ils qu’ailleurs
ils fe font paifer pour dieux.
Cette confeffion pour laquelle ils déclarent qu’ ils ne
font pas dieux, 8c qu’il n’y a point d'autre Dieu qu’un
feul à qui nous fommes dévouez, fuffit pour nous jufti-
fier de l'accufation d’offenfer la religion : il eft certain
qu’ils ne font pas dieux , il eft certain que ce n eft pas une
religion. Le reproche retombe fur vous , qui adorez le
me a fonge, qui non-feulement meprifez, mais combattez
la vraye religion du vrai Dieu: 8c vous rendez ainfi
coupables de vraie irréligion. Car quand il feroit conf-
tant qu'ils feroient dieux, ne convenez-vous pas, fui-
vant l’opinion commune, qu’il y en a un plus eleye 8c
plus p u iflan t, comme prince du monde ; quel crime
commet
L i v r e c i n q u i e ’ me. 1 7
Commet celui qui ne veut plaire qu’au fouverain, & qui
n’appelle Dieu que le premier .’ Prenez garde que ce ne
fo it encore une autre efpece d’irreligion,d’bter laliberté
de religion Si le choix de la divinité ; puifque chaque
province, chaque peuple , chaque petite v ille d’Italie, a
les dieux. Il n’y aque nous à qui 011 ne permet point de
religion particulière, chez vous qn a droit de toutfado-
£er hors le v ra i Dieu.
Il réfuté enfuite l’erreur des payens, qui attribuoient e• m-
aux faux Dieux la grandeur de l’empire Romain -, comme
la récompenfe des honneurs qu’ils y recevoient. Il
montre que ni les dieux étrangers n’ont eu intérêt d’agrandir
les Romains leurs ennemis, ni les dieux des R o mains
, qui n’en ont reçu de grands honneurs ¿que de»
puis leur grande puiflance. D u tem sdeNum a, dit-il,les
Romains n’avoient encore niftatucs ni temples; la religion
étoit frugale,les cérémonies pauvres ; on ne voyoit
point de Capitole élevé jufqu’au ciel ; mais des autels de
gazon, des vaiffeaux de terre, une legere fumée , le dieu
ne paroiffoit nulle part. L'art des Grecs 6c des'Tofcans
a ’avoitpas encore rempli la ville de ftatuës.
Il vient au,crime de leze-maj efté humaine, bien plus souoeiiGoides
augufte chezlespayens que ladivine. Car ils feparju- fp g jffj|au*
roientplûtot après avoir juré par tous les dieux, que par e. 1 t.i9.
lefeul genie del’empèreur. Nous ne prions point,dit il,
pour lui des dieux qui ne font point, des morts, desfta-
ruës qui font en fa puiflance ; mais nous invoquons pour
la famé des empereurs le Dieu éternel, le vrai D ie u ,
Le Dieu vivant. Levant les yeux au ciel , étendant les c'i°>
mains, la tête nuë, nous prions pour tous les empereurs
, Sc nous demandons pour eux une longue v ie , un
regne tranquille, lafeureté dans leur maifon, la valeur
dans les troupes, la fidélité dans le fen a t , la probité
Tont, 11 , G