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ont commandé vaut mieux que ce que vous dites. L ’e.
vêque Félix dit : Les ordres de Dieu valent mieux que
ceux des hommes. Magnilien dit : Penfez-y bien. Le troi-
iîéme jour le curateur commanda qu’on lui amenât l’évêque
Félix , & lui dit : Y avez-vous bien penfe ? Félix
dit : Ce que j’ai dit d’abord je le dis maintenant¡¡ & je le
dirai encore devant le proconful. Magnilien dit : Vous
irez donc devant le proconful, & lui rendrez compte.
I l lui donna pour conducteur Vincent Celíin decurión
de la ville de Tibiure. Félix partit de Tibiure le huitième
des calendes de Ju i l le t , c’eft-à-dire le vingt-quatrié-
jne de Ju in ; on le conduifoit lié. Le proconful ordonna
qu’on le mît dans la p r i fo n , lié comme il étoit.
Le lendemain avant le jour levêque Félix fut pre-
fenté au proconful, qui lui dit : Pourquoi ne rendez-
vous pas ces écritures inutiles ? Félix dit : Je les ai ; mais
je ne les donnerai pas. Le proconful ordonna qu’on le
mît lié au fond de la prifon. A u bout de feize jours
pn amena l’évêque Félix de la prifon avec fés liens devant
le proconful A n u l in , à la quatrième heure de U
nuit. On peut croire que la chaleur les obligeoit à faire
fes procédures la nuit ; car c’étoit en Afr ique , au mois
de Juillet. Anul in dit à l’évêque Félix : Que ne donnez-
vous ces écritures inutiles ? Félix répondit : J e ne les
donnerai pas. Alor s le proconful ordonna qu’on le
meneroit au prefet du pretoire le quinzième de Juillet.
Le prefet le fit mettre dans fa prifon avec des chaînes
plus pefantes i; & neuf jours après il ordonna qu’on
î ’embarqueroit pour le mener aux empereurs. L ’évêque
Félix entra dans le vaiffeau avec de groiïes chaînes ,
& demeura au fond de cale pendant quatre jours aïatit
les pieds dans l’eau, i l arriva'au port fahs avoir ni bu
ni mangé , dans la villç d’Agr igente en Sicile, où les
frétés le reçurent & ceux qui L’accom.pagnoient,avecun
<rrand honneur. De- là ils allèrent à la- Ville de Catanc ,
I où ils furent reçus de même. Enfuite ils arrivèrent à
I Meffine > puis àTauromine , où ils furent reçus de la
I même maniéré. Ils pafferent le détroit & arrivèrent à
I une ville de Luc anie , puis à Venufe en Apolie. Alors
I le prefet fit ôter les chaînes, à F é l ix , & lui dit : Félix I que ne donnez-vous les écritures ; eft-ce que vous ne I les avez pas ? il répondit : Je-les ai ; mais je ne les don-
I lierai pas. Le prefet dit : Faites mourir Félix parle g la ive,
I L’évêque Félix dit à haute voix : Je vous rends graecs
I Seigneur, d’avoir bien voulu me délivrer. Le trentième
I jour d’Août on le mena au lieu où il devoir fooffrir. La
I lune devint rouge comme du iang ce même jo u r , c’eft- I à dire qu’il y eut uneéclypfe. L ’évêque Félix éleva les
I yeux au ciel, tk dit tout hau t : J e vous rends grâces,mon*
I Dieu , j’ai vécu cinquante-fix ans en ce monde ; j’aigar-
I dé la virginité; jaiconfervé l’évangile ; j’ai prêché la foi
I & la vérité. Seigneur J . C . Dieu du ciel & de \& terre , I je baiffe la tête pour vous êtreimmolé, à vous qui vivez
I éternellement.
Dans une autre ville de l’Afr ique procomfulaire nom-
I mée A b i t in e , les chrétiens s’affemblerent en la maifon tin^
I d’un nommé Oétave Félix , le douzième de Février ,
I fous le neuvième confulat de Dioctétien &c le huitième An-
I de Ma x imien; c’eft-àMlte l’an 504 . Pendant qu’ils y ce-
I lebroient les divins my-fteres , fuivant la coutume ; les
I magiftrats de la colonie vinrent accompagnez des fol-
I dats ftationaires. Ils arrêtèrent Saturnin prêtre & fes
I quatre en fans. Sçavoir Saturnin le jeune & Félix leéteurs,
I Marie rcligieufe & Hilarien enfant. Ils arrêtèrent auffi I Dativus fenateur , F é l i x , Eme r i tus , Amp e l iu s , Ro- I gatien, Qu in tu s , Maximien , T h e l ic a , & plu fleurs au*.