
i $ i H i s t o i r e E c c l e s i a s t i Q j t r E i
en cachette fa part après la célébration du facrifice;
quand il ouvrit les mains n’y trouva que de la cendre,
plufieurs furent faiiîs des eiprits immondes ; plufieurs
perdirent la raifon 8c devinrent furieux.
S. Cyprien eut foin par les ordres 8c par les avis qu’il
Hi donna aux autres évêques d’Afrique, d’empêcher que
lettre a Anra-nie». lt es Irc n1 u• rm an.q ues n > y trouva/ire nt cré/ance, & n y fiffent
plusde ravage. Toutefois Antonien, quiétoitévêque
en Numidie, fut ébranlé par les lettres de Novatien,
dont il avoit d’abord rejetté la communion pour s’attacher
à S. Corneille fuivant le confeil de S. Cyprien. il
demandoit, quelle herefie Novatien avoit introduite^
comment Coneille avoit communiqué avec Trophime
&avec ceux qui avoient encenfé des idoles ? Saint Cyprien
lui répondit premièrement ; Ques les hommes
graves Scune fois fondez fur la folidité de la prie're, ne
doivent pas être ébranlez, non feulement par des petits
vents, mais par les tempêtes les plus violentes, Lnfui-
te il r.end raifon de la diverfe conduite qu’il avoit tenue
à l’égard des apoftats. Dans le fort de la perfécu-
tion on leur refufoit la réconciliation , hors le cas de
l’extremité de la vie ; afin de les animer à retourner au
combat. La perféçution étant appaifée, le concile d’Afrique
8c celui de Rome accordèrent la réconciliation
à ceux qui avoient accompli une ferieufe penitence;
fuivant les diftinétions portées par les canons qui en
furent dreffez. Il lui explique le mérité du pape Corneille
& la régularité defon éle&ion & le purge des calomnies
des fchifmatiques. Sachez, dit- il, que nos collègues
ont reconnu très-certainement, qu’if n’eft coupable ni
d’avoir pris un billet de feureté, ni d’avoir eu une communication
facrilege avec les évêques, qui ont facri-
fiç aux idole?. A l'égard de Trophime, une grande
partie
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partie du peuple qui s’étoit féparée avec lui, ne feroit
point revenue fans lui, & il les ramenoit avec une humilité
8c une fatisfa&ion entiere. Corneille en ayant
délibéré avec plufieurs de nos collègues, Trophime a
été reçu, mais feulement à la communion laïque, 8c
nonxomme les malicieux vous ont écrit, pour avoir le
rang d’evêque.
Ce que l’on vous a dit , que Corneille communique
indifféremment avec.ceux qui ont facrifié , eft encore
un faux bruit inventé par les apoftats. Si quelqu'un eft
furpris de maladie , on le fecoure dans le péril, comme
il a été réfolu ; mais après que nous leur avons ainfi
donné la paix, nous ne pouvons pas les étouffer de nos
propres mains, ni les obliger à mourir effectivement,
parce qu’ils n’ont reçu la paix que comme mourans. Il
montre enfuite les differens degrez de chûte. Il ne faut
pas égaler celui qui d’abord s’eft prefenté volontairement
au facrifice abominable , 8c celui après avoir ré-
fifté 8c combattu long-tems , y eft venu par neceffité.
Celui qui s’eft livré avec tous les fiens , & celui qui s’eft
expofé au péril pour rous, mettant à couvert fa femme,
fes enfans 8c fa famille. Celui qui a pouffé au crime
fes hôtes ou fes amis, & celui qui les, a épargnez, 8c
qui a reçu chez lui plufieurs freres qui s’enfuïoient en
exil , 8c leur a donné retraite , offrant au Seigueur
plufieurs ames vivantes 8c faines, qui prient pour la
fienne.
Quant à celui pour qui on a pris un billet, il peut
dire, j’avois lû, 8c j’avois oüi prêcher à l’évêque,
qu’il ne faut point facrifier aux idoles. De peur de le
faire, l’occafion s’étant prefentée d’avoir un billet,
je fuis venu au magiftrat, ou j’ai chargé un autre qui
y alloit , de lui dire que j’étois Chrétien , qu’il ne
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