
xLvr.
S.Triiítueux de
Tarragone.
jicla fine. p. n o .
•¿uguft.ferm.i 73.
4. Parnu. d.ij p<e>r.iftoph.
n. V8-'?agi.an.x¿i-
H i s t o i r e E c c l e s i a s t i qj c j e .
m in e , de tremblemens de terre , d’infedes ; ce qui
marquoit la prife de l'empereur V a le r ien /& les guerres
qui* fui virent fous les trente tirans. La mere de faint
Marien nommée Marie étoit préfente , qui le voïant
mort, fe felicitoit elle-même , d’avoir mis au monde
un tel fils ; elle embraffoit fon corps, donnoit cent
baiíers a fon cou coupe. L ’hiftoire de ces martyrs fut
écrite à leur priere par un de leurs amis, qui avoir été
prefent à tout.
En Eipagne Frudueux évêque de Tarragone fut pris
un jour de dimanche quinzième de Janvier l’an i j ? . &
avec lui deux diacres, Augure & Euloge. Comme Fructueux
etoit dans fa chambre, fix foldats, de ceux que
1 on appelloit beneficiers & qui étoient du premier rang,
vinrent a fa maiion. Les aiant oiii frapper de leur bâton
a fa porte, il fe leva auffi-tôt & fortit en pantoufles. 11$
lui dirent ; Menez, le gouverneur vous demande avec
vos diacres. L ’évêque leur dit : Allons où vous voudrez,
je vais me chauffer. Les foldats lui dirent : Chauffez-
vous à votre aife. Si-tôt qu’ils furent venus on les mic
en prifon. Frudueux affûré de la couronne & plein de
jo ïe , prioit fans ceffe ; les freres qui s’y trou voient fc
recommandoient à lui ; le lendemain il baptifa R o g a -
tien. Ils furent fix jours en prifon ; le mercredi ils cc-
lebrerent folemnellement la ftation de la quatrième fe rie
, peft-a-dire le jeûne avec les prières. On les préfenta
pour etre oiiis le vendredi vingtième de Janvie r. Le
gouverneur Emilien dit : Amenez levêque Frudueux*
Augurius & Eulogius. Les officiers dirent : Le voici!
Emdien dit a Frudueux. Avez-vous oiii ce que les empereurs
ont ordonné ? Frudueux dit : Je ne fçai ce qu’ils
ont ordonné ; pour moi je fuis chrétien. Emilien dit :
Ils ont ordonné que l’on adóreles dieux. Frudueux d it ;
J ’adore un feul Dieu, qui a fait le ciel & la terre , la mer
& tout ce qui y eft compris. Emilien dit : Sçavez-vous
qu’il y a des dieux ? Frudueux répondit , non je n’en
fçairien. Emilien dit : Vous le fçaurez tantôt. Frudueux
regarda vers Dieu . & commença à prier en lui-même.
Emilien dit : Qui écoute-t-on , qui craint-on, qui ado-
re-ton, fi on ne fert pas les d ieu x , & fi on n’adore pas
le vifage des empereurs ? Puis il dit au diacre Augurais
: N ’imite pas les difeours de Frudueux. Augurius
dit : J ’adoretDieu tout-puiffant. Emilien lui dit : Ado-
re-tu auffi Frudueux ? Augurius dit : Je ne fers pas Frud
u eu x , mais je fers celui qu’il fert lui - même. Emilien
dit à Frudueux : Es-tu évêque ? O iii, répondit-il. Emilien
dit : Tu. ne l’es p lu s , & commanda qu’ils fuffent
brûlez vifs..
On mena Frudueux avec fes diacres à l ’amphitheatre,
v. -Aug. ferm>
a.73. ». 3. V I I I .
c iv it. c. 17 . xxi
cont* Fattft. c. »
& tout le peuple le plaignoit, car il étoit aimé même des-
infideles à caufe de fa vertu. Les Chrétiens fe ré joü if-
foient plus de fa gloire , qu’ils ne s’aflhgeoient de le perdre.
Plufieurs parun mouvement de charité lui offroient:
un breuvage pour le fortifier ; mais il dit : Il n’eff pas,
encore l’heure dé rompre le jeûne ; car il netoit que dix:
heures du matin , & c’étoit le vendredi, jour de ftation.
On voit ici l’exaditude desfaints à garderces pratiques
; & qu’ils croïoient que boire rompoit Je jeûne.
•Comme ils furent arrivez à l’àmphitheatre , un nommé
Auguftal, qui étoit fon ledeur, s’approcha en pleurant,
& lui dit : Permettez-moi de vous déchauffer. Fructueux
répondit : Laiffez, mon f ils , je me déchaufferai
v . Thomaff.-
jeûnes, if p a r t:
c . 19 & ai p a r t
c. 15..
avec joïe , je fuis affuré de la promefle du Seigneur.,
Après cju’ilfe fut déchauffé, un chrétien nommé Félix:
s approcha- & lui prit la main, le priant de fe fouvenirde'
lift. Frudueux, lui dit tout haut, en forte que tout le: