
222 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e . ’
très, feuvez au moins vôtre ame , à quelque prix que
ce foit. Je vous fouhaite une bonne fenté avec la paix
du Seigneur.
i v l . S. Cyprien iorti enfin de fa retraite, tenoit un conci-
»» le avec un grand nombre d’évêques; qui après avoir ce-
cypr. n 44. t. |es pgtes ¿ e pâques chacun chez eux, s’étoient af-
' femblez à Carthage pour regler les affaires de l’églife.
D ’abord ayant reçû les nouvelles de l’élection de Corneille
, & du puiiïant parti qui s’étoit élevé contre lu i, ils
fufpendirent leur jugement, & avant que de le rccon-
noître pour évêque, & de communiquer avec lu i, ils
voulurent s’inftruire plus à fonds, de la régularité de
fon ordination. Pour cet effet ils envoyèrent à Rome
deux évêques , Caldonius & Fortunat,&auffi pour travailler
à réünir les membres de l’églife, & à y rétablir
la charité. Cependant S. Cyprien exhortoit tous ceux
qui alloientàRome, de s’informer quel étoit le parti de
l ’églife catholique & de s’ y attacher.
Mais quand les lettres de Novatien vinrent à Carthage
, portées par Maxime prêtre; Augendus diacre & deux
autres nommez Mâchée & Longin 5 les évêques d’Afrique
ayant connu que les fchilmatiques avoient poulie
leur audace, jufques à fe faire un autre évêque, furent
touchez de l’ irrégularité de cette ordination, & refolu-
rent auiii-tôt de refufer leur communion aux députez
de Novatien ; nelailïânt pas toutefois de réfuter les calomnies
qu’ils loûtenoient avec obftination. Alors Pompée
& Etienne évêques Afriquains revinrent de Rome ,
& inftruifirent leurs collègues de ce qui s’y étoit pâlie.
C ’étoient des perlbnnages fi graves & d’une fidélité fi
connue, qu’après leur témoignage on ne jugea pas àpro-
pos d’écouter davantage les députez de Novatien. Us
ne laifferent pas de faire grand bruit dans l’aflèmblée ,
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& de demander à haute v o ix , que les évêques & le peuple
examinaient publiquement les accufations, dont
ils fe difoient porteurs, & qu’ ils offroient de prouver.
Les évêques d’Afrique penfant toutes chofes, eurent plus
d’égard à leur honneur commun, & à la feinteté du fa-
ccrdoce, & répondirent qu’il ne convenoit pas à leur
gravité de fouffrir que la réputation de leur confrere fût
encore attaquée , après qu’il avoit été élu , ordonné c
& approuvé par tant de luffrages, & que dans une fi 1
grande affemblée, oü les pontifes de Dieu étoient alïis
& l’autel dreffé, on ne devoit ni lire, ni entendre un
libelle diffamatoire.On dit pour toute réponfe aux fehif-
matiques, qu’un é\ êque étant une fois établi & approu-'
y é , parle témoignage & le jugement des évêques & du
peuple , il n’y a plus de moyen d’en établir un autre.
Les fehifmatiques ainfi rejettez ne fe rendirent pas; mais
ils continuèrent à aller de mailbn enmailbn, & de ville
en ville, cherchant des compagnons de leur erreur. Saint
Cyprien & les évêques d’Afrique envoyèrent au pape
faint Corneille le prêtre Primitif, pour l’inftruire amplement
de tout ce qui s’étoit paiïe en cette occafion.
Dans ce même concile de Carthage fut examinée'
la caufe de Felicilïime & de cinq prêtres qui l’avoienr
fiiivi. Us furent oüis, condamnez & excommuniez, &
le concile en écrivit au pape feint Corneille une lettre ly-
nodale fouferite de la main des évêques. En ceconcile
fut aulïi examinée la caufe des apoftats qui avoit été
refervée. Les feintes écritures y furent long-tems alléguées
de part & d’autre, & on trouva enfin ce tempe-
ramment, de né pas leur ôter tout-à-fait l’elperance de
la communion, de peur que le defelpoir ne rendit leur
chûte encore pire ; & que voyant l’églife fermee pour
eux; ils ne retournaffent au fieclepour yiyreenpayens..