
H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
que je fuis chrétien. Il mérita par cette confeffion d’être
joint à eux.
X L iu . Enfuite on appella le jeune Saturnin, f i l s de Saturnin
Confeifion de Sa- « A * r î i • î i t-' • "
turmn ic jeune, le pretre. Leproconlul lui demanda : ht toi Saturnin
y as-tu affilié ? II répondit : Je fuis chrétien. Leprocon-
ful dit : Je ne te demande pas cela ; mais fi tu as affilié
aux myfteres. Saturnin répondit : J ’y ai a f f i l ié , parce
que Jefus-Chr ift eft notre Sauveur. A ce mot de Sauveur
, le proconful en colere le fit étendre fur le chevalet
où avoit été fon pe re , & lui dit : Que dis-tu Saturnin
, regarde où tu es ; as-tu quelques écritures ? Il répondit:
J e fuis chrétien. Le proconful lui dit : Je demande
fi tu as été à l’affiemblée., & fi tu as des écritures. Il
répondit : Je fuis chrétien ; après J . C . nous n’avons
point de nom à reverer. Le proconful dit : Puifque tu
demeure dans ton obft inat ion, il fautauf f i te tourmenter
; dis fi tu as quelques écritures, & il dit aux officiers :
Tourmentez-le. Les liéleurs commencèrent à lui déchirer
les c o t e z , avec des dents de fer , encore teintes du
fang de fon pere. I l crioit à haute voix : J ’ai les écritures
divines; mais c’eft dans mon coeur. Je vous prie J .C .
donnez- moi la patience, j’efpere la vie. Le proconful dit :
Pourquoi faifois-tu contre l ’ordonnance î II répondit:
Parce que je fuis chrétien. Après cette réponfe le proconful
d i t : C ’eft alTez, On ceffia de le tourmenter , 5i
on le mit en prifon avec fon pere. La nuits’approçhoit,
îf.ij. le proconful & les bourreaux étoient fatiguez , ne pouvant
plus attaquer chacun des confeffeurs en particulier
, il leur dit à tous : Voïez-vous. ce qu’ont fouffert
ceux qui ont perfeveré dans leur confeffion , & ce que
fouffriront ceux qui perfevercront encore ? Que ceux
d entre vous qui voudront qu’on ait de l’indulgence
pour eux le déclarent donc, afin qu'on leur fauve la vie î
Les confeffieurs crierent tous : Nous fommes chrétiens.
Le proconful les fit mettre en prifon , les deftinant au
martyre.
Les femmes & les vierges ne furent pas privées de la
gloire du combat. Viétoire étoit diftinguée par fa naif-
jfance & par fa beauté, & plus encore par fa vertu. Dès
l’enfance elle avoir donné des marques d’un amour fin-
gulier pour la pureté ; & fes parens la voulant marier
malgré elle , elle fe jetta par une fenêtre & fe fauva à
l’églife , où elle confacra fa virginité à Dieu. Le proconful
lui demanda ce qu’elle profeiToit ; elle répondit à
haute voix : Je fuis chrétienne. L ’avocat Fortunatien.
fon frere vouloir montrer par de vains raifonnemens
qu’elle avoit perdu l’efprit; mais elle répondit : Je fuis
en mon bon fens, je n’ai jamais changé. Le proconful
lui dit : Voulez-vous aller avec Fortunatien votre frere
î Elle répondit : N o n , parce que je fuis chrétienne ;
& ceux-là font mes frères, qui gardent les comman-
demens de Dieu. Enfuitele proconful quittant fon autorité
de juge tâcha de la perfuader. Songez à vou s , di-
foit-il , vous voïez que votre frere cherche les moïens
dé vous fauver. Viéloire répondit : Je fuis en mon bon
fens , je n’ai point changé; j’ai été à l’aifemblée, & j’ai
célébré le myftere du Seigneur avec mes freres, parce
que je fuis chrétienne. Sa réponfe irrita le proconful, il
l’envoïa en prifon avec les autres, & les deftina tous
au martyre. Il nereftoit plus qu’Hilarien un des fils du
prêtre Saturnin, encore en bas âge. Le proconful lui
dit : As-tu fuivi ton pere & tes freres ? Il répondit avec
fa voix d’enfant : Je fuis chrétien ; j’ai été à l’affemblée
de mon propre mouvement avec mon pere & mes freres.
Le proconful dit : Je te couperai les cheveux, i e nez
& les oreilles, & je te laiifcrai en’cet état. Le jeune Hila