
V. "Baron, ad
martyr. 1 1 . Sept,
3 9 6 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e . ’
contraindre le relie à pcrfecuter les chrédens. La dé-
cimation étoit une peine m ilitaire /établie contre les
corps coupables. Les foldats Thebéens ayant appris ce
fécond ordre, commencèrent à crier par tout le camp ,
qu ils fouffriroient plutôt toutes fortes d’extrémirez
que de rien faire contre la religion chrétienne. Maxi-
mien commanda qu’on les décimât une fécondé fois , &
que 1 on fit obéir les autres. On fit donc encore mourir
le dixième fuivant le fort ; ôi les. autres s’exhortoient à
perfeverer.
Ils étoient principalement encouragez par trois de
leurs officiers généraux 3 Maurice., Exupere-& Candide:
qui leur propofoient l’exemple de leurs camarades, que
le martyre avoir déjà conduit au ciel. Par leur confeil
ils envoïerent une remontrance à l’empereur, qui étoit
telle en fubilance. Nousfomrnes vosfol.dats, Seigneur,
mais ferviteurs de Dieu, nous le confeifons librement:
nous vous devons le fervice de guerre , à lui l’innocence
: nous recevons de vous la paie, il nous a donné la vie :
nous ne pouvons vous obéir en renonçant à Dieu notre
créateur ôc notre maître ôc le votre, quand vous ne le
Voudriez pas. Si on ne nous demande rien qui l’offenfe,
nous vous obéirons comme nous avons fait jufques à
prefent ; autrement nous lui obéirons plûtôt qu’à vous.
Nous offrons nos mains contre quelque ennemi que ce
foit ; mais nous ne croïons pas permis de les tremper
dans le fang des innocens. Nous avons fait ferment a
D ieu , avant que de vous le faire , vous ne devez point
vous fier au fécond, fi nous violons le premier. Vous
nous commandez de chercher des chrétiens pour les
p u n ir: vous navez que faire d’en'chercher d’autres,
nous voici, Nous confeifons Dieu le Pere', aueeur de
tour, & fon Fils J . C. Nous avons vû égorger nos cora-
L l V R E H U I T I E M E . 397
pagnons fans les plaindre : nous nous fommes réjoüis de
l’honneur qu’ils ont eu de fouffrir pour leur Dieu. Nicette
extrémité , ni le defefpoir ne nous ont point portez à la
révolte : nous avons les armes à la main, ôc nous ne rè-
iîitons pas : parce que nous aimons mieux mourir innocens
, que vivre coupables.
Maximien defefperant de pouvoir vaincre une telle
confiance, ordonna de les faire tous mourir ; & fit
marcher des troupes, pour les environner ôc les tailler
en pièces. Ils ne firent aucune réfiilance, mais ils met-
toient les armes bas, & préfentoient le col aux perfecu-
teurs. ,La terre fut couverte de leurs corps ; on voïoic
couler des ruiffeaux de fang. On croit qu’ils étoient environ
lîx mille ; car c’étoit le nombre ordinaire des légions.
Un foldat vétéran nommé Viétor , qui n’étoit point
de cette légion & ne fer voit p lu s , fe rencontra en paf-
fant fon chemin au milieu de ceux quiavoient fait mourir
les martyrs, & qui fe réjoüiffoient, en faifant bonne
chere de leurs dépoiiilles. Us l’inviterent àmanger avec
eux, & lu i contèrent avec plaifir tout ce quis’étoitpaffé.
Comme il ie retiroit détellant le .fe flin & ceux qui le
faifoient ; ils lui demandèrent s’il n’étoit point auiîi
chrétien. Il répondit qu’il l’étoit, ôc qu’il le feroit toujours
: auih-tôt ils fe jetterent fur lui & le tuerelit. On
dit que de la même légion étoient Urfus ôc V ié lo r , dont
les reliques demeurèrent àSolodo re, c’eft-à-dire Soleu-
re en Suiffe. On en compte auffi cinquante, que Pondit
avoir fouffert le martyre à Cologne, foie de v ant, foit
après les autres.
On peut rapporter plufieurs autres martyrs célébrés-,
aux voïages que Maximien fit dans les Gaules : non
feulement contre les Bagaudes, mais contre le parti
Verget. %. de 79
mi ht. c. £.
Greg. Tur. 1. de
glor. mart. c. 6zl
XIX.
Autres martyrs
en Gaule.
Eutrop. lib, y,
Dioclet,