
3 i H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
quelques autres. Je vis auffi de jeunes hommes bienfaits
qui s’approchèrent pour me fecourir; je me trouv
a i changée en athlete , avec une vigueur m â le , ils
me froterent d’huile pour le com b a t, fie je v is de l’autre
côté l’Egyptien fe rouler dans la pouffiere.
Il parut un homme merveilleufement grand, enfor-
te qu’il étoit plus haut que l’amphitheatre, vêtu d’une
tunique fans ceinture avec deux bandes de pourpre par-
devant, 8c femée de petits ronds d’or fie d’argent. I lte -
noît une baguette comme les maîtres des gladiateurs,
& un rameau verd, où étoient des pommes d’or. Ayan t
fait faire filence; il d it: Si l’Egyptien furmonte la femm
e , il latuëru avec le g la iv e ; fi elle le furmonte, elle
aura ce rameaju ; Si il fe retira. Nous nous approchâmes
, Si nous commençâmes à donner des coups de
poing ; il vouloir me prendre par les pieds , Si je lui en
donnois des coups dans le vifage. Je fus élevée en l’a i r ,
fii commençai â le battre ainfi,le foulant aux pieds; mais
comme je vis que cela duroit trop , je jo ign ism e s deux
mains, paifant les doigts les uns dans les autres, Si le
prenant par la tête , je le .fis tomber fur le v ifa g e , Si lui
marchai fur la tête , le peuple fe mit â crier, 8t mes compagnons
à chanter. J e m’approchai du m a ître , qui me
donna le rameau avec un baifer , difànt : La paix foit a-
v e e v o u s , mafille. Jecommençaià marcher aveegloire
vers la porte Sana-Vivaria de l’amphitheatre; je m’éveillai,
Si je comprisque je necombattois pascontreles
b ê te s , mais contre le démon, Si me tins allurée delà v i-
éfcoire. Ç ’eft ce que j ’ai fait jufqu’â la veille du fpeéfacle;
quelque autre écrira s’il veut ce qui s’y paifera. Ainfi
finit la relation de fainte Perpetuë.
Satur eut auffi une vifion, qu’ il écrivit en ces termes :
Nous avipns fouffert,,nous fortîmes de nos corpsjficnous
conr-
L i v r e c i n q u i è m e ; 33
¿commençâmes à être portez vers l’Orient par quatre
anges,dont les mains ne nous touchoient point ; nous allions
non pas à la renverfe regardant en haut, mais comm
e montant une douce coline. Nous vîmes d’abord une
lumière immenfe, Si je dis à Perpetuë,car elle étoit à côté
de moi : V o ic i ce. que le Seigneur nous promettoit.
Les quatre anges nous portant toujours, nous nous trouvâmes
dans un grand efpace, comme un ja rd in , où il y
avoir des rofiers Si toutes fortes de fleurs ; les arbres
étoient hauts comme des cip rè s , dont les feüillestom-
boient inceifamment. Dans ce j ardin étoient quatre anges
plus éclatans que les autres ; quand ils nous viren t,
ils nous firent honneur, 8c dirent avec admiration aux
autres anges : Les voic i, les voici. Alors les quatre anges
qui nous portoient, nous mirent â bas tout étonnez..
Nous fîmes à pied une ftade de chemin par une allée
large, 8c trouvâmes Jocondus, Saturnin 8c Artaxius qui
avoienc été brûlez v ifs dans la même perlécution ; &
Quintus quiétoit mort martyr dans la prifon.Nous leur
demandions où étoient les autres, mais les anges nous
dirent : Venez auparavant, 8c entrez pour falucr le Seigneur.
Nous nous approchâmes d’un lieu dont les murailles
étoient comme battuës de lumière; devant la porte
étoient debout quatre an g e s , qui en entrant nous revêtirent
de robes blanches. Nous entrâmes 8c vîmes une
lumièreimmenfe,8centendîmes une voixréiiniedeplu-
fieurs qui difoient fans ceflfe: Agios, Agios, A g io s ,c eft-
à-direen grec, faint. Nous vîmes au milieu comme un
homme affis; il avoitlescheveux blancs comme la neige
, 8c le vifage d’un jeune homme; nous ne vîmes point
fies pieds; à fa droite Si à la gauche étoient vingt-quatre
v ieilla rds, Siderriereeux plufieursautres. Etant entrez
nous demeurâmes debout devant letrône faifisd’admi-
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