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tels evenemens. Il ufa de prières & de menaces, Sè
conluma les onze jours, pendant lefquels on envoi®
des lettres & des couriers à Licinius. La garnifon de
Byzance étant trop foible fe rendit : Maximin pafl'a à
Heraclee ou il perdit, encore quelques jours. Licinius-
étant accouru à grandes journées, étoit déjà a Andri-
nople | & Maximin aiant pris Perintheà compofition
ilsfe trouvèrent à deux journées l’un de l’autre. Lici-
mus fongeoit plutôt à amufer fon ennemi, qu’à ie combattre
; car a peine avoit-il pû ramaffer trente mille
nommes & Maximin en avoir foixante & dix mille
; mais les armées étoient fi proches que l’on atten-
doit de jour en jour une bataille. Alors Maximin fie
voeu a Jupiter que s’il remportoit la vnftoire il abo-
liroit entièrement le nom des chrétiens. La nuit fui-
vante comme L'cinius dormoie, un ange lui apparut,
& l’avertit de fe lever promptement, & de prier
le Dieu louverain avec toute fon armée ; lui promet-
la vidtoire s il le faifoic. A ces mots il crut qu’if
sétoit levé , & qu’étant debout avec celui qui J’aver-
tifloit, il apprenoit de lui la forme & les paroles de
la priere. S’etant éveillé il fit appeller un fecretaire ,
& lui diéta les paroles qu’il avoir oüies en cette forte *
Crand Dieu , nous te prions. Dieu faint, nous te
prions : nous te recommandons toute juftice, nous te
recommandons notre falut-, nous te recommandons-
notre empire. C'eft par toi que nous vivons r-c’eft
par toi que nous fournies victorieux & heureux
Dieu grand & faint', exauce nos prières : nous retendons
les bras. Dieu faint & grand exauce-
nous, On en fit plufieurs copies, que l’on diftribu®;
aux préfets & aux tribuns : afin que chacun l’enfeignâr
a les loldats. Tous fentirent croître leur courage,,
L i v r e n e u v i e ’me . Ci ?
croiant que le ciel leur promettoit la viôtoire. Licinius
marqua le jour de la bataille au premier de Mai
de cette année 313. où finifloit la huitième année,
depuis que Maximin avoit été déclaré cefar, le premier
de Mai 305. Licinius voulant le vaincre le jour
de fon avenement à l’empire, comme Maxence avoit
été vaincu le jour du fien. Maximin voulut anticiper,
& mit fes troupes en bataille le matin du dernier d’À-
vril, afin de celebrer le lendemain fa fête après la victoire.
La nouvelle vint au camp de Licinius, que Maximin
s’étoit avancé : 011 prend les armes, on s’avance
à fa rencontre. Il n’y avoit entre-deux qu’une plaine
iterile , nommée Champ-ferein. Déjà les deux armées
étoient en préfence, quand les foldatsde Licinius ôte-
rent leurs écus & leurs cafques, levèrent les mains aü
ciel, & firent la priere qu’ils avoient apprife , & que
leurs chefc & l’empereur prononçoient les premiers.
L’autre armée entendit avec étonnement le bruit confus
de leurs voix. Après avoir dit trois fois la priere ,
pleins d’un nouveau courage, ils reprennent leurs
cafques & leurs écus.
Les empereurs s’avancèrent, & eurent une conférence
-, mais il fut impoffible de porter Maximin à la n
paix. Il méprifoit Licinius, & croïoit que fes foldats P
l’alloient abandonner, parce que Licinius étoit ménager
& lui prodigue ; & il avoit entrepis là guerre fur
cette efperance, que prenant l’armée de Licinius fans
combat, il doubleroit fes forces pour attaquer Conftantin.
On s’approche donc, on fonne les trompettes,
on déploie les enfeignes : les gens de Licinius fondent
vigoureufement fur leurs ennemis. Ceux-ci épouvantez
né purent ni tirer leurs épées, ni jetter leurs traits.
Maximin tournoie autour des bataillons & follicitoit
liii ij
X 1 V I 11.
Vi&oire de Lie
ius. Lin de
:rfccution.