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reolus qui commandoit l’armée d llly r ie fut aulîi reconnu
empereur ; tk Macrien étant venu aux mains avec
lu i, fut tué la neuvième année de Gallien,qui étoit con-
i«i. ^ ja qUatriérae f 0is avec Volufien : c’étoit l’an 16 1.
de J . C . Emilien préfet d’Egypte y prit auiïi le titre
d’empereur, & Pofthume dans les Gaules. On compte
jufques à trente tyrans, qui fe difoient alors empereurs
des Romains. Odenat roi de Palmyre aïant appris la
mort de Macrien , fit auffi mourir Quietus & Balifte :
ainfi Macrien qui avoit été auteur de la perfecution ,
périt avec toute fa race. .
Depuis que Gallien régna fe u l, la perfecution ceffa ;
& on ne voit pas que de fon chef il fut grand ennemi
des chrétiens, quoique d’ailleurs fort cruel. Il révoqua
même par des ordonnances expreffes celles qui a voient
i*/ th. inftî été faites contre les chrétiens. V o ic i celle qu’il envoïa
S Iîi- à Alexandrie. L ’empereur cefar Publius - Licinius-Gallu
s , p ieu x , heureux, augufte y à Denis, à Pmnas, à
Demetrius & aux autres évêques : J ’ai ordonné que
l’effet de ma grâce s’étendît par tout le monde, en forte
que l’on fe retire des lieux confacrez à la religion ; &
que vous puiifiez vous fervir de la forme de mon ref-
c r it , fans que perfonne vous trouble : & il y a déjà
long-temps que j’ai accordé ce que vous pouvez maintenant
executer librement : c’eft pourquoi Aurelius
Cyrenius intendant général obferve le refcrit que j’ai
donné. Il y avoit une autre ordonnance adreffée à d’autres
évêques, qui leur permettoitde reprendre les places
des cimetieres.
La paix étanr rendue à l ’églife, S. Félix retourna à
r" N o ie , & y fut reçu comme un homme revenu du ciel,
L ’évêque Maxime étoit mort après une longue vie ; &
& toutle peuple demandent pourpafteur Félix, qui avoit
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le titre de confeifeur & le talent de la parole, & menoit
une vie exemplaire. Mais il céda l’honneur de l’épifco-
pat à un vieillard nommé Quintus : parce qu’il avoit
été ordonné prêtre avant lu i, quoique la différence ne
fut que de fept jours : ce qui marque qu’en ces temps-
là les ordinations n’étoient pas encore attachées à certains
temps, & qu’on pouvoit les faire tous les dimanches.
L ’évêque Quintus en recompenfehonoroit Félix comme
s’il eût été fon fuperieur, & lui laiffoit le miniftere de
laparole.
Saint Félix avoit hérité de fon pere de grands biens,
en maifons & en fonds de terre. Il les avoit perdus étant
proferit pendant la perfecution : mais alors il ne tenoit
qu’à lui de les redemander en juftice. I l aima mieux fui-
vre le confeil de S. Paul & abandonner fon droit pour 1. cor. n.
fe tenir à ce qui étoit le plus édifiant. Plufieurs le fati-
guoient pour lui perfuader de le faire rendre fes biens :
entre les autres une veuve riche & pieufe nommée A r -
chelaïs,avec laquelle il etoit lié d’une amitié fainte. Elle
lui faiioit fouvent des reproches de ce qu’il négligeoit
fon bien , dans lequel il pouvoit rentrer facilement, &
dont il feroit des aumônes qui lui produiroient un grand
mérité devant Dieu. Souvent même elle lui offroit des
prefens. Félix demeuroit tranquille & rioit de fes em-
preffemens de femme , ne voulant être riche que de la
grâce de J . C . & des biens éternels. I l prit donc à loier
un jardin contenant trois jugeres , c’eft-à-dire, environ
un arpent & demi d’une terre maigre , le cultivoit de
fes mains, &ç partageoit avec les pauvres les herbes qu’il
en recueilîoit ; ne refervant rien pour le lendemain. I l
n’avoit point de valet, ne portoit qu’un habit, & fou-
vent le changeoit contre celui de quelque p auvre, ou
lui en donnoit un meilleur que celui qu’il portoit lui-
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